Le vendredi 4 juillet 1975, de violents orages causent de nombreux dégâts dans le nord de la Belgique. Dans l’est, ce sont plutôt les fortes précipitations qui sont marquantes, comme à Amblève, en province de Liège, où il tombe 118,8 mm de pluie.
Quoique la saison estivale soit belle dans l’ensemble, le début de l’été 1975 est marqué par une récurrence d’épisodes continentaux humides, instables et relativement frais, accompagnés d’orages à déplacement lent donnant localement de fortes précipitations. Déjà les 23 et 24 juin, de tels orages provoquent un véritable déluge sur les Pays-Bas, avec pas moins de 146 mm en 24 heures à Gouda. Les Hollandais se souviennent surtout de l’orage qui durait des heures et des heures.
Le 4 juillet, c’est au tour de notre pays de connaître des intempéries. Les pressions sont hautes sur l’Océan au nord de l’Irlande, ainsi que sur l’Écosse et le nord de la Mer du Nord, pendant qu’une dépression est centrée sur Paris en milieu de journée. Autour de cette dépression, s’enroule une occlusion avec un faible flux de nord-est au nord de la dépression et un faible flux de sud-est au sud de celle-ci. Dans le premier cas, il s’agit d’air polaire maritime continentalisé, dans le second cas, d’air humide du Golfe de Gascogne, également continentalisé.
La différence thermique est perceptible, mais pas importante. Elle suffit cependant pour maintenir une bonne inversion couvercle au-dessus de nos régions, vers 800 mètres d’altitude environ, avec un faible flux de nord-est dans les basses couches et un faible flux de sud-est dans les couches un peu plus élevées. Les 20 à 23°C atteints l’après-midi en plaine ne parviennent pas à complètement résorber cette inversion. Mais grâce aux forçages, l’inversion cède malgré tout, ici et là.
Observations météorologiques du 4 juillet 1975. Source : Metoffice
Il n’est donc pas étonnant de rencontrer des stratocumulus dans le ciel qui coexistent avec des nuages convectifs, donc des cumulus et, parfois, des cumulonimbus. Les cirrus et altocumulus (dont des castellanus) deviennent quant à eux bien visibles lors d’éclaircies plus larges.
Il s’agit donc bel et bien d’une situation de « loaded gun ». Là où l’inversion résiste, il ne se passe rien ou presque, mais là où elle cède, toute l’énergie convective s’y concentre, avec des orages violents et surtout très pluvieux en raison de leur déplacement plutôt lent.
Nous pouvons principalement distinguer deux vagues orageuses. Une première sévit la nuit ou tôt le matin sur l’ouest du pays. Les précipitations sont localement très intenses : Beitem, près de Roulers en province de Flandre Occidentale, reçoit 77,3 mm tandis qu’Eeklo, en province de Flandre Orientale, mesure encore 31,5 mm. La seconde offensive sévit l’après-midi et le soir sur le nord et l’est, avec des totaux pluviométriques plus élevés encore : 118,8 mm à Amblève en province de Liège (Cantons de l’Est) ! Botrange et Spa reçoivent beaucoup de précipitation également, avec respectivement 65 mm et 64 mm. À Spa notamment, les orages durent particulièrement longtemps : du début de l’après-midi jusqu’en pleine nuit !
Dans le nord du pays, les précipitations sont moindres (« que » 26,2 mm à Anvers), mais la violence des orages est responsable de nombreux dégâts.