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05/10/2020 – Épisode de tornades en province d’Anvers

    L’automne 2020 se caractérise d’abord par un grand retour de la canicule à la mi-septembre, avec des températures montant même jusqu’à 34-35°C en plaine et 30°C sur les hauteurs le 15 septembre. À cette date, la sécheresse pose à nouveau problème, avec toute la moitié sud, et quelques zones au nord aussi, requalifiées comme extrêmement sèches. Mais cela change rapidement dès le 23 septembre.

    La fin du mois de septembre et le début du mois d’octobre sont frais et (très) pluvieux et c’est dans ce contexte que s’inscrivent les tornades de ce 5 octobre, qui n’ont rien d’estival.

    Ce 5 octobre est au départ une journée typiquement automnale avec des températures de saison, le plus souvent comprises entre 15 et 16°C en plaine et entre 9 et 10°C sur les hauteurs. Le temps est d’abord pluvieux avec nimbostratus, puis variable l’après midi avec de belles éclaircies entrecoupées de développements cumuliformes.

    Cependant, en fin d’après-midi, au passage d’un creux d’altitude auquel s’associe une ligne de convergence, des averses se forment sur le nord-ouest de la Belgique et l’ouest des Pays-Bas.

    De fortes précipitations sont aussi observées au passage de ces averses, ainsi que des chutes de grêle. Quelques inondations de voiries sont rapportées tandis que le pluviomètre de Kapellen enregistre 33,8 mm.

    Il faut savoir que si cette description, au départ, correspond assez bien à une journée d’automne normale, juste un peu agitée sous l’influence de courants maritimes instables, la situation atmosphérique d’ensemble n’est pas normale du tout.

    Nous avons en fait en surface des zones de basses pressions qui font quasiment du surplace sur l’est de l’Angleterre, avec chez nous des vents de sud à sud-ouest dans les basses couches, tandis qu’en altitude, on assiste à une curieuse situation de blocage, avec un important creux orienté nord-ouest – sud-est qui traverse la Mer du Nord et descend jusqu’au sud de l’Allemagne, impliquant au-dessus de notre pays des vents d’altitude soufflant de nord-ouest. Les cisaillements directionnels du vent sont donc très importants.

    À cela s’ajoute un jet-stream soufflant au-dessus du nord-ouest de la France, ce qui nous place en sortie gauche de ce jet-stream.

    Tous les ingrédients sont donc réunis pour du « lourd ». Il n’en est pas moins que bon nombre d’observateurs sont surpris : lorsque les averses arrivent sur la province d’Anvers, elles se renforcent soudain et deviennent orageuses. Ainsi, trois orages se succèdent en peu de temps et deux d’entre eux évoluent en supercellules (LT) qui entrent en phase tornadique. L’un des tourbillons touche Braaschaat tandis que l’autre frappe Kapellen, à moins de 6 kilomètres de distance l’un de l’autre et en un peu plus d’une heure de temps.

    Tornade à Kapellen vue depuis Ekeren, le 5 octobre 2020. Capture d'écran d'une vidéo de Martijn PetersTornade de Kapellen vue depuis Ekeren. Capture d’écran d’une vidéo de Martijns Peter.

    La tornade (F1) de Braaschaat semble n’avoir parcouru qu’une distance assez courte (mais 600 mètres au minimum) pour une largeur ne dépassant pas une dizaine de mètres, se déplaçant de l’ouest vers l’est. Elle ne semble pas entièrement condensée, mais son existence est prouvée, en plus de dégâts convergents, par des témoignages.

    La tornade (F0) de Kapellen, quoique plus faible,  permet moins de doute encore sur son existence. Elle a été abondamment filmée et photographiée, car plus esthétique, plus impressionnante et entièrement condensée. Elle est notamment visible depuis Ekeren, Hoevenen et Stabroek.

    Chose rare en Belgique : la visibilité est excellente et il n’y a ni précipitations, ni nuages parasites qui cachent les phénomènes.

    Les jours qui suivent ressemblent, quant à eux, à ceux qui précèdent : pluvieux et assez frais.