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04-05/06/2011 – Weekend orageux

    Le weekend des 04 & 05 juin 2011, des orages mono et multicellulaires de masse d’air ont sévi en Belgique, principalement dans la moitié sud-est du pays, en apportant par endroits de fortes rafales de vents et des pluies diluviennes.

    Samina Verhoeven
    Orage à pulsation se déplaçant vers l’horizon.
    Crédit photo : Samina Verhoeven

    Une première offensive orageuse commença samedi soir et toucha de manière assez local plusieurs localités. Un premier orage toucha la région de Durbuy et fut rendu fort part les précipitations abondantes et les rafales de vents qu’il apporta vers 18h30. Vers 19h30, le nord de la province du Luxembourg fut touchée par d’autres orages, de forte intensité pluvieuse, qui se décalèrent ensuite vers le sud de la province de Namur durant la soirée. À partir de 22h jusqu’en milieu de nuit, de nombreuses cellules transitèrent par les provinces du Limbourg, de Liège, de Namur, du Luxembourg et du Hainaut. Quant aux autres provinces, celles-ci n’essuyèrent généralement que des pluies.

    Samina Verhoeven
    Double coup de foudre descendant négatif.
    Crédit photo : Samina Verhoeven

    Dimanche, une seconde offensive orageuse se mit en place dès la mi-journée et affecta une grande moitié sud-est du pays en apportant de fortes précipitations et des rafales de vents. De la grêle fut d’ailleurs signalée dans le sud de la province du Limbourg et le nord de la province de Liège. Les provinces de Namur et du Luxembourg furent également touchées par de nombreux orages. Cependant, les régions concernées par la forte activité orageuse ne furent pas nombreuses étant donné que la durée de vie des cellules était souvent brève, ainsi, à l’instar du nord du pays, beaucoup de régions du sud furent épargnées par ces orages intenses.

    Les régions de Liège et de Charleroi ont été les plus touchées par les inondations, comme on peut le voir via le lien suivant : RTLinfo : Liège et Charleroi durement touchés.

    Analyse du contexte météorologique

    Depuis quelques jours, un système de hautes pressions garantissait un temps sec et très chaud sur notre pays. En ce samedi 4 juin, le système se décalait progressivement vers le nord de l’Europe. Dans le même temps, une dépression de méso-échelle se creusait à même la France dirigeant sur nos régions un flux de nord-est très doux mais sec dans les basses couches. Au fil de la journée, l’instabilité augmentait au fur et à mesure que le soleil échauffait les basses couches de l’atmosphère. En altitude, de l’air relativement froid circulait sur nos régions.

    En cours d’après-midi, l’instabilité devenait de plus en plus conséquente mais la masse d’air restait trop sèche. Ce n’est qu’en fin d’après-midi et en début de soirée que l’atmosphère commença à s’humidifier suffisamment pour autoriser le développement de nuages convectifs. Dès lors, les orages pouvaient se développer rapidement. Toutefois, le courant d’altitude qui commande le déplacement des cellules orageuses restait peu vigoureux. De plus, les hautes pressions situées au nord de nos régions faisaient de la résistance. De ce fait, les orages se déplaçaient lentement occasionnant de fortes précipitations sur des zones restreintes.

    Pour ce dimanche 05 juin, la méso-dépression se déplaçait sur nos régions et dirigeait cette fois-ci des courants de sud et de sud-est plus humides. Comme la veille, l’instabilité augmentait au fur et à mesure de la journée mais cette fois-ci, l’humidité atmosphérique étant plus importante que samedi, les cellules orageuses ont pu se développer plus rapidement. Là encore, les cellules se déplaçant lentement, d’importantes précipitations tombaient sur des zones restreintes.

    Pourquoi certaines zones ont-elles été totalement épargnées ?

    Pour bien comprendre pourquoi certaines zones ont été totalement épargnées, il est utile de s’attarder sur le fonctionnement même des orages. Pour qu’un orage puisse se développer, il faut tout d’abord une instabilité atmosphérique.

    Ensuite, il ne suffit pas d’avoir de l’instabilité, encore faut-il que la convection puisse démarrer et que les nuages orageux puissent se développer. Pour cela, un facteur «dynamique» est nécessaire (le passage d’une ligne de convergence, d’un front…) ou un facteur géographique tel que le relief.

    Attardons nous maintenant un instant sur le déroulement de cette après-midi de samedi. L’instabilité était présente, cela ne fait aucun doute. Au départ, quelques cumulus parvenaient à se développer mais ceux-ci arborèrent une base très haute, signe d’une humidité insuffisante dans les basses couches.

    En fin d’après-midi et en soirée, l’humidité ambiante commença à augmenter tandis que l’air se refroidissait progressivement. Cette humidité permit enfin le développement des orages. On retrouva donc des cellules orageuses isolées qui se développèrent rapidement.

    Mais pourquoi à un tel endroit et pas à 20 ou 30 km de là ?

    Pour y trouver une part des explications, penchons-nous un peu sur notre environnement.

    Dans certaines régions du centre et de l’est du pays, on retrouve naturellement plus d’humidité grâce à la présence de zones forestières, de grands lacs voir de rivières. Les cellules convectives qui parviennent à se développer peuvent donc utiliser cette humidité afin de permettre leur évolution et de devenir des cumulonimbus, les nuages orageux par excellence. Si par contre la cellule convective traverse des régions où l’humidité ambiante est trop faible, celle-ci va rapidement se dissiper.

    Les vallées sont réputées pour être des sources d’humidité et, de ce fait, les orages qui suivent ces vallées pourront y trouver une humidité supplémentaire. Précisons toutefois que le déplacement des orages se fait en fonction du flux d’altitude et non du flux de surface.

    Voilà en tout cas une des nombreuses raisons qui ont permis à certaines régions de voir passer les orages et à d’autres d’y échapper.

    Bien entendu, les nuages orageux sont des machines atmosphériques complexes et bon nombre d’autres facteurs peuvent influer sur le développement ou la dissipation des orages mais nous n’allons pas nous y attarder car outre la longueur des explications, il nous reste de nombreuses choses à découvrir sur ces incroyables phénomènes.

    Nous venons de parler de la journée de samedi mais concernant dimanche, la situation fût presque identique si ce n’est que l’humidité était déjà présente en matinée (grâce au passage des orages de la veille) ce qui permit aux orages de se développer plus rapidement.