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31/05/2011 – Offensive orageuse du 30 mai 2011

    Pourquoi ne s’est-il rien passé au niveau des orages ?

    Comme vous le savez, notre collectif Belgorage émet des prévisions quotidiennes du risque orageux en Belgique. Nous sommes très attentifs à ce que nos prévisions soient les plus précises possibles. Toutefois, comme toutes les prévisions météorologiques, celles des orages restent difficiles à réaliser. En cas de décalages importants entre les prévisions proposées et la réalité, nous proposerons sur le site un commentaire expliquant la différence entre ce qui était prévu et la réalité. Notre but est d’apporter des éclaircissements sur les raisons de l’échec afin d’améliorer nos prévisions à l’avenir.

    Situation du 30 mai 2011

    Depuis plusieurs jours, les modèles météo indiquaient une situation propice à la survenue d’orages pouvant être forts. Le jour même, la stabilité des modèles confirmait la tendance orageuse. De ce fait, les prévisionnistes étaient assez attentifs au risque d’apparition de phénomènes orageux intenses d’où des prévisions assez alarmistes paraissant sur plusieurs sites dont Belgorage.

    Toutefois, en cours de matinée, alors que la situation devait tout doucement commencer à évoluer, un calme plat régnait.

    En cours d’après-midi, une explication de ce calme troublant était apportée par M.Robert Vilmos, membre responsable de la section « climatologie – recherches » du collectif Belgorage.

    Les modèles avaient émis des températures du point de rosée supérieures à 15 degrés dans nos contrées ce qui indiquait une masse d’air certes chaude mais également humide. Les valeurs prévues de thêta-e à 850 hpa allaient également dans ce sens. Hors, les relevés des stations météorologiques belges et françaises en début d’après-midi indiquaient toutes une humidité beaucoup plus faible. Dès lors, il devenait évident que la situation météorologique prévue était en décalage avec la réalité.

    De ce fait, les observateurs de terrain rapportaient une base des nuages très élevée, synonyme de faible humidité dans les basses couches. Le risque d’orages diminuait dès lors.

    Toutefois, dans ce genre de configurations où l’énergie potentielle existante est élevée mais où il manque un « déclencheur » pour percer la couche d’inversion qui est fort marquée, il est plus probable qu’une telle situation ne donne rien (comme cela a été le cas ce 30 mai 2011). Mais parfois, la situation peut devenir au contraire explosive. En effet, il suffit qu’une cellule convective un peu plus vigoureuse que ses voisines parvienne à se développer et à percer la couche d’inversion, cette cellule pourra dès lors bénéficier d’une énergie potentielle très importante et de ce fait évoluer en un orage très puissant. C’est pour cette raison que la carte de niveau orange pour risque d’orages forts était maintenue dans les prévisions de Belgorage.

    Enfin un petit mot pour illustrer le déroulement météorologique du 30 mai 2011 sur un plan visuel.

    Dans la région de Bruxelles, en matinée, le ciel a été peu nuageux à serein, avec des bancs d’altocumulus jusque vers 9 heures, s’éloignant par la suite pour laisser la place à un ciel serein ou presque, avec quelques cirrus isolés. Le développent des cumulus commence vers midi, avec une base vers 1800 mètres d’altitude. Ces cumulus atteindront très temporairement le stade mediocris en raison de leur volume, mais garderont une forme applati, ce qui révèle que leur développement butte contre une inversion prononcée.

    Les cirrus restent relativement peu nombreux, mais dès 17 heures, des altocumulus épais envahissent le ciel et le couvrent bientôt complètement, tandis que persistent de petits cumulus résiduels. Dans un premier temps, les altocumulus présentent des formes lenticulaires, signe que nous avons affaire à de l’air tropical direct avec effet de foehn au-dessus des Pyrénées. Ensuite les altocumulus s’obscurcissent avec un ciel qui a l’air de devenir menaçant.

    En fait, d’assez importants dômes (castellanus) se sont formés près de la ligne de convergence pré-frontale en raison d’un renforcement de l’instabilité dans les moyennes couches. Mais il manque l’humidité et les « triggers » à partir des couches inférieures pour former des orages et ce, en dépit d’une énergie potentielle très élevée. Les relevés synoptiques au sol, en journée, révélaient fort bien cette intense sécheresse de l’air.

    Voici quelques températures (avec point de rosée entre parenthèses) observées à Zaventem :

    • 14h L.T. : 27,7°C (7,9°C)
    • 16h L.T. : 28,3°C (6,9°C)
    • 18h L.T. : 26,9°C (9,0°C)
    • 20h L.T. : 19,1°C (9,6°C)
    • 22h L.T. : 16,7°C (11,8°C)

    Il est à noter que l’air plus frais et humide, arrivant sur nos regions à la suite d’une rotation du vent vers le nord-ouest, ne concernait que les basses couches, séparée des hautes couches par une inversion couvercle trop marquée (CIN élevée) pour être percée.

    Enfin, voici quelques illustrations :

    Lundi 30 mai 2011, 13:36 – Les cumulus restent aplatis.

    Robert Vilmos
    Crédit photo : Robert Vilmos

    Lundi 30 mai 2011, 15:54 – Les altocumulus envahissent le ciel et présentent parfois un caractère lenticulaire.

    Robert Vilmos
    Crédit photo : Robert Vilmos

    Lundi 30 mai 2011, 18:15 – Le ciel est faussement menaçant. En fait, la couche inférieure, avec les cumulus humilis, reste bien séparée de la couche supérieure avec les altocumulus. Les parties plus sombres se situent en fait en-dessous des bougeonnements de type castellanus.

    Robert Vilmos
    Crédit photo : Robert Vilmos

    À l’avenir, nous serons encore plus attentifs à un éventuel décalage entre les valeurs proposées par les modèles et la réalité.