Après, 12 jours de précipitations intenses, du 27 mai au 7 juin 2016, qui sont décrits dans un autre article, le mois de juin 2016 poursuit sur son mode pluvieux après une brève accalmie.
Les 20 et 21 juin sont encore très maussades avec, à Uccle, 1 minute de soleil pour les 2 jours !
En ce 22 juin, c’est le secteur chaud d’une perturbation qui influence la météo de la Belgique avec une nette hausse des températures mais un temps restant longtemps gris et surtout très humide.
Des basses pressions thermiques se forment rapidement dans cet air chaud, créant des discontinuités favorables aux orages, mais le manque d’insolation associé à l’humidité ralentit la hausse diurne de la température et, malgré les 25-27°C qui finissent par être atteints l’après-midi, l’inversion ne parvient pas se résorber, empêchant ainsi toute convection au-delà du cumulus humilis (et occasionnellement mediocris).
Ces cumulus se forment en dessous des stratocumulus formés au niveau de l’inversion et présents en nombre variable. Dans certains cas, les cumulus viennent même littéralement s’encastrer dans ces stratocumulus.
Il faudrait un fameux coup de pouce pour venir à bout d’une telle inversion et ce coup de pouce, nous l’avons en un seul endroit avec toute la puissance convective qui se concentre en ce seul endroit.
C’est presque un cas d’école. Cela se passe en France, à quelque distance de la mer, là où convergent deux brises de mer et le vent général de sud-sud-est.
Carte illustrant la rencontre des vents et ligne de convergences ainsi créées
Illustration : Samina Verhoeven – Tracés : Robert Vilmos
Il s’ensuit que quelques cellules orageuses très puissantes se développent là et rien que là grâce à la convergence et aux cisaillements liés à la rencontre de ces trois vents qui fonctionne presque comme un « triple point » à l’américaine au coeur de la Tornado Alley aux États-Unis.
Source : IRM
On assiste à une évolution supercellulaire qui n’est pas sans rappeler le 10 septembre 2011. La supercellule progresse vers le nord-est en suivant le front de brise de mer, pénètre en Belgique (Flandre Occidentale) puis finit par dévier vers la droite en passant par Brugge avant de poursuivre sa route vers les Pays-Bas.
C’est en France que les précipitations sont les plus intenses avec 23 mm à Saint-Omer (département du Pas-de-Calais) en 1 heure. À Bergues (département du Nord), toujours en France mais déjà très près de la frontière belge, le pluviomètre reçoit même 50 mm rien que par cet orage. À la base aérienne de Coxyde (province de Flandre Occidentale) par contre, on ne mesure que 9 mm d’eau. Ailleurs dans le pays (même déjà à Roulers et Izegem), aucune précipitation orageuse n’est enregistrée.
Enfin, last but not least, le côté visuel de cette supercellule est très impressionnant.
Orage supercellulaire aux structures particulièrement abouties vers la région de Bruges en province de Flandre Occidentale, le 22 juin 2016.
Crédit photo : Laurens Andreas Vermeyen
Notons enfin que cette supercellule est visible de très loin. À Chièvres (province de Hainaut), elle se détache magnifiquement sur un fond de ciel bleu tandis qu’à Audenaerde, on voit l’enclume avec, devant, des altocumulus floccus et castellanus qui donnent déjà une ambiance quelque peu inquiétante.
Pour obtenir davantage d’informations au niveau de cette journée, un article est disponible via le lien suivant : 22/06/2016 – Orages supercellulaires et MCS