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La généralité des tornades

Les tornades sont les phénomènes météorologiques les plus dangereux (à surface égale) qui soient sur Terre.

Les destructions provoquées par leur passage sont souvent catastrophiques, avec, parfois, en plus des dégâts matériels, des victimes. La terrible tornade F4 qui a dévasté le Val de Sambre le 3 août 2008, dans le département du Nord, en France, près de la frontière belge, est là pour nous le rappeler !

Pour en savoir un peu plus, nous nous proposons un dossier généraliste sur ces phénomènes extraordinaires.

Dans ce dossier, les explications se veulent les plus abordables possibles et nous tentons d’éviter de trop rentrer dans les détails. Cependant, certains chapitres, comme celui de la formation des tornades, par exemple, sont plus complexes. Il nous a été assez difficile de concilier à la fois facilité de compréhension et complexité propre à ces phénomènes.

Pour ceux qui désirent aller plus loin dans les explications concernant la formation des tornades, nous allons prochainement élaborer un dossier spécifique.

Description d'une tornade

Une tornade est un tourbillon de vent qui prend naissance sous un cumulonimbus (nuage d’orage) ou bien, plus rarement, sous un cumulus congestus.

Si le tourbillon ne touche pas le sol, on le nomme « tuba ». De même, s’il se produit sur la mer, on le nomme « trombe marine ». À noter qu’à l’origine, le mot « trombe » définissait tant les trombes marines que terrestres.

La tornade se déplace en fonction de l’orage qui lui a donné naissance. Son diamètre au sol varie d’une dizaine de mètres à plus d’un kilomètre. Certaines tornades américaines peuvent atteindre les deux à quatre kilomètres de diamètre. Ce fut le cas notamment le 31 mai 2013, dans la région d’El Reno, en Oklahoma. La largeur du vortex principal dépassait les 4 km.

La durée de vie d’une tornade est généralement courte, de l’ordre de quelques minutes à quelques dizaines de minutes. Cependant, la durée de vie de certaines tornades peuvent dépasser l’heure. On cite souvent la célèbre « Tri-State Tornado » du 18 mars 1925 qui parcourut trois états américains comme la plus durable de toutes les tornades recensées, avec une durée de vie proche des 7 heures. Cependant, il est possible que celle-ci ait été, en fait, plus logiquement, une succession de tornades plutôt qu’une seule tornade, comme le préconisent certains experts américains.

Enfin, les tornades parcourent des distances allant de quelques mètres à plusieurs dizaines de kilomètres (pour les plus tenaces). Là encore, certaines tornades américaines ont pu, dans le passé, parcourir plus de 100 km. Par exemple, la tornade EF5 du 27 avril 2011, qui a traversé Hackleburg, Phil Campbell et Huntland (Alabama et Tennessee), a parcouru une distance supérieure à 200 km.

Formation d'une tornade

La formation d’une tornade nécessite une conjoncture favorable avec plusieurs ingrédients météorologiques cumulés au même endroit et au même moment, ce qui arrive assez rarement.

Les tornades se forment obligatoirement dans un contexte convectif / instable. À noter qu’elles peuvent parfois survenir sous de simples cumulus congestus (stade de développement pré-orageux où les nuages en phase de développement vertical prennent une forme de chou-fleur) ou encore sous des orages avec peu ou pas d’activité électrique rapportée (notamment hivernaux). Dans ces derniers cas, les tornades sont la majorité du temps d’une intensité faible et ne parcourent que de très courtes distances.

Les plus fortes tornades sont, donc, en théorie, le plus souvent issues d’orages supercellulaires, mais ce n’est pas forcément toujours le cas. En effet, certains orages de type « multicellulaires » peuvent également produire de vigoureuses tornades.

Tuba s'étant développé sous la base du courant ascendant d'un orage supercellulaire. Celui-ci aura débouché sur la formation d'une tornade. Prise de vue effectuée vers la région d'Ivan au sein de l'état du Texas, le 26 mai 2015 à 17h00Orage supercellulaire dont le courant ascendant est très puissant. On peut observer la formation d’une tornade qui fut de courte durée.
Prise de vue effectuée dans la région d’Ivan, dans l’état du Texas, le 26 mai 2015 à 17h00.

Avant d’aller plus loin, il faut savoir qu’il existe deux types de tornades :

  • Les tornades d’origine mésocyclonique
  • Les tornades d’origine non mésocyclonique

Si la plupart des fortes tornades observées sont bel et bien issues de mésocyclones, selon les recherches effectuées par notre collectif sur de nombreux cas de tornades belges plus ou moins récents, il semblerait que la majorité de « nos » tornades seraient bien d’origine non mésocyclonique. C’est d’autant plus vrai pour les tornades de « saison froide » (celle-ci s’étalant d’octobre à mars). Cela rejoindrait certaines études effectuées sur le sujet, notamment au Royaume-Uni ou en Allemagne. La plupart de ces tornades sont de très faible intensité (F0 sur l’échelle de Fujita). Précisons en outre que de nombreuses tornades qui touchent la Belgique se développent au passage d’orages multicellulaires en ligne (lignes de grains ou échos en arc – voir le dossier sur la généralité des orages).

Les conditions météorologiques que l’on rencontre sous nos contrées pourrait expliquer cela. En effet, dans de nombreux cas de tornades étudiées, les conditions atmosphériques étaient particulièrement dynamiques, avec la circulation d’un courant-jet vigoureux, un tel courant étant favorable à une évolution des orages multicellulaires en ligne.

Ainsi, dans ce chapitre, nous allons tout d’abord nous intéresser aux tornades d’origine non mésocyclonique avant d’étudier les tornades d’origine mésocyclonique.

Les tornades d’origine non mésocyclonique

Ces phénomènes tourbillonnaires sont issus de nuages convectifs au stade de cumulus ou de cumulonimbus, mais, contrairement à leurs consoeurs mésocycloniques, ces tornades ne se forment pas à partir d’un mésocyclone. Les mécanismes qui leur donnent naissance sont beaucoup plus localisés.

Les tornades d’origine non mésocyclonique peuvent se former à partir de situations bien spécifiques que nous n’allons pas étudier dans le détail dans ce chapitre, mais que vous pourrez retrouver dans un prochain dossier spécialisé.

Retenons simplement qu’une tornade non mésocyclonique se forme soit à partir des différents flux entrants et sortants de l’/des orage(s) ou soit d’une rencontre entre différentes lignes de convergence. Ces différentes rencontres de flux de force et/ou de direction différentes peuvent amener la mise en place de zones de rotation appelées mésovortex ou misocyclones. Ces zones de rotations ne concernent cependant que les très basses couches de l’orage.

Ce type de tornades peut se développer au passage d’orages monocellulaires et multicellulaires. Elles peuvent également se développer sous des orages supercellulaires, en dehors de l’influence d’un mésocyclone.

Ces tornades sont généralement moins puissantes que les tornades mésocycloniques. Cependant, certaines d’entre elles peuvent provoquer des dégâts significatifs aux habitations et à la végétation et parcourir une certaine distance, comme celle du 12 novembre 2017.

Comme nous l’avons vu plus haut, il s’avère que la très grande majorité des tornades sévissant dans nos régions durant la « saison froide » sont bel et bien des tornades d’origine non mésocyclonique.

Voici quelques exemples de tornades d’origine non mésocycloniques qui ont touché récemment la Belgique :

  • Tornade d’intensité F1 du 5 février 2013 à Oosterzele
  • Tornade d’intensité F1 du 25 janvier 2014 à Wingene
  • Tornade d’intensité F2 du 25 janvier 2014 à Rekkem
  • Tornade d’intensité F1 du 12 novembre 2017 à Le Roeulx

Les tornades d’origine mésocyclonique

Les plus fortes tornades se forment le plus souvent à partir d’un mésocyclone. La formation de ce dernier nécessite la présence de cisaillements des vents bien particuliers, ce qui signifie non seulement une augmentation du vent avec l’altitude mais également un changement dans la direction du vent. Le changement dans la vitesse des vents avec l’altitude se nomme « cisaillements de vitesses », tandis que le changement de direction des vents avec l’altitude se nomme « cisaillements directionnels ».

La présence de cisaillements des vents de vitesses dans l’atmosphère amène le développement de tourbillons à axes horizontaux. Les cisaillements des vents de vitesses sont très communs, même par temps « non orageux ». On peut ainsi, par exemple, avoir une accentuation du vent avec l’altitude sans pour autant avoir une dégradation du temps. Cependant, par temps instable, la présence de tels cisaillements va influencer le développement du nuage convectif et, donc, du futur orage.

Lorsqu’un orage se forme dans un contexte marqué par la présence de cisaillements des vents de vitesses, ceux-ci vont incliner la colonne ascendante de l’orage, ce qui va permettre aux précipitations issues du courant descendant de ne pas couper l’alimentation en air chaud. De ce fait, cela va permettre à la cellule orageuse de persister dans le temps. En outre, le courant ascendant de l’orage va progressivement redresser l’un des tourbillons à la verticale.

Cependant, pour que le tourbillon continue d’exister au sein même de la cellule orageuse, il est nécessaire, d’une part, que le courant ascendant soit suffisamment vigoureux et, d’autre part, qu’il y ait la présence de cisaillements de direction.

La présence de tous ces éléments va permettre une mise en rotation progressive du courant ascendant de l’orage. C‘est la naissance du mésocyclone. Cette rotation va être, dans un premier temps, plus marquée à environ mi-hauteur de la cellule orageuse.

Comme nous l’avons vu, les cisaillements de vents sont essentiels pour le développement du mésocyclone, mais cela l’est tout autant pour les tornades. Pour comprendre comment le mésocyclone peut produire une tornade, il est impératif que d’autres éléments interviennent pour accentuer la rotation au sein même de la cellule orageuse.

Dans ce dossier généraliste, nous n’allons pas approfondir et étudier en détail quelles sont toutes ces conditions. Retenons simplement que dans une zone délimitée à l’intérieur du mésocyclone, la rotation va se resserrer, s’accélérer et entraîner la formation d’une colonne d’air tourbillonnante. Dans certains cas, la colonne va continuer à s’étirer vers le bas et va finir par atteindre le sol, donnant ainsi naissance à une tornade.

En Belgique, la très grande majorité des tornades issues de mésocyclones se développent lors de la « saison chaude », à savoir d’avril à septembre. Cependant, certaines tornades d’origine mésocyclonique peuvent se développer durant la « saison froide », comme, par exemple, la série de tornades du 23 octobre 2022 sur l’ouest du pays.

Voici quelques exemples de tornades d’origine mésocyclonique qui ont touché plus ou moins récemment la Belgique :

  • Tornade d’intensité F2-F3 du 1er octobre 2006 à Petit-Roeulx-Lez-Braine
  • Tornade d’intensité F1 du 7 juin 2012 à Piringen
  • Tornade d’intensité F1 du 8 août 2014 à Manhay
  • Tornade d’intensité F1 du 10 août 2014 à Ligny
  • Tornade d’intensité F2 du 16 septembre 2015 à Melreux
  • Tornade d’intensité F3 du 29 avril 2018 à Waulsort
Tornade anticyclonique entièrement enveloppée par la poussière qu'elle soulève. Prise de vue effectuée dans la région de Simla dans l'état du Colorado, le 04 juin 2015 à 18h23Tornade anticyclonique entièrement enveloppée par la poussière qu’elle soulève.
Prise de vue effectuée dans la région de Simla, dans l’état du Colorado, le 04 juin 2015 à 18h23.

Les dégâts provoqués par les tornades

Les dégâts des tornades frappent l’imagination ! Toitures envolées, voitures démolies, arbres déchiquetés… Elles font peur et sont, à juste titre, redoutées.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer de tels dégâts :

  • Tout d’abord, la vitesse des vents à l’intérieur de la tornade. Cette dernière peut aller d’environ 50 km/h à plus de 400 km/h !
  • La différence de pression atmosphérique entre l’extérieur et l’intérieur de la tornade peut avoisiner les 100 hPa. On dit souvent que cette différence de pression fait exploser les fenêtres. C’est peut-être vrai en théorie, mais, dans la réalité, les vents à l’approche de la tornade les font exploser bien avant. Inutile donc de vouloir ouvrir les fenêtres à l’approche d’une tornade, comme on l’entend souvent conseiller.
  • Le phénomène d’aspiration. En effet, une tornade aspire véritablement des objets plus ou moins lourds à son passage et les projette à distance.
  • Les dégâts provoqués par les projectiles lancés par la tornade. Ces projectiles sont terriblement dangereux et peuvent causer d’importants dégâts. Ce sont souvent les projectiles qui blessent ou tuent le plus grand nombre de personnes.
  • Le choc provoqué par la tornade. La tornade se déplace en fonction du cumulonimbus à une vitesse pouvant aller jusqu’à 80 km/h, voire plus.
  • L’effet de Bernoulli. Lorsque le tourbillon atteint un obstacle, la différence de pression entre le côté face au vent et celui sous le vent aide à soulever les objets par effet de « portance ». Cette aspiration est différente et nettement moins forte que celle provoquée par le passage du tourbillon lui même.
Waulsort le 29 avril 2018 après le passage d'une des deux tornades produites et d'intensité F3 sur l'échelle de Fujita et T6 sur l'échelle de TorroTornade EF3 ayant détruit le corps d’une ferme.
Prise de vue effectuée à Lenne, en province de Namur, le 29 avril 2018 à 13h35.

Climatologie des tornades

Peu d’études ont été réalisées sur la fréquence des tornades en Belgique. Dans l’une d’entre elles, cependant, publiée en 1949, Baes et Joukkof citent 51 cas pour lesquels ils ont retrouvé des écrits couvrant la période 1880-1940. De 1941 à 1981, par contre, aucune étude n’a été réalisée. C’est seulement depuis 1982 que l’IRM recense les cas tornadiques. Toutefois, le peu d’informations accessibles sur l’internet a poussé, en 2008, l’un de nos membres cofondateurs de Belgorage, M. Frique Jean-Yves, a entreprendre de recenser les tornades et d’établir ainsi une base de données la plus fiable possible. Cette entreprise de longue haleine a ainsi permis, en 2013, de rédiger un bilan climatologique des tornades en Belgique.

155 cas de tornades ont ainsi été recensés durant la période s’étalant de 1779 à 2012 (inclus). Concernant la première tornade recensée par notre collectif, celle-ci datant du 22 juillet 1779, l’indépendance de la Belgique n’était pas encore établie et la zone touchée par la tornade (la région de Fontenoy, au sud-est de Tournai) faisait partie des « Pays-Bas autrichiens ».

La base de données élaborée a ainsi permis d’élaborer quelques statistiques intéressantes, émises au sein même du dossier.

On apprend ainsi que la province de Hainaut comporte très nettement le plus grand nombre de cas recensés (par rapport aux autres provinces), mais que depuis l’année 2000, les cas deviennent de plus en plus nombreux pour la province de Limbourg. Cette tendance semble s’affirmer au fil des années.

Selon nos recherches, une moyenne de 3 à 6 tornades par an en Belgique semble être une estimation assez réaliste. Cette estimation rejoindrait celle émise par M. Marc Vandiepenbeeck (travaillant anciennement à l’Institut Royal Météorologique) en 2006.

La majorité des cas sont des « faibles » tornades, d’intensité F0 ou F1. Cependant, certaines fortes tornades ont déjà concerné notre pays dans le passé. Citons, par exemple, les tornades du 2 septembre 1902 à Kortemark (F3, voire F4), du 17 juin 1904 à Virton (F3, voire F4), du 25 juin 1967 à Oostmalle (F3), du 20 septembre 1982 à Léglise (F3) ou encore du 14 août 1999 à Tournai (F2).

Dans ce pays, les chercheurs Jean Dessens et John T. Snow ont, les premiers, défriché le recensement moderne dans les années 80, avec, à la clé, une publication de synthèse et des premières statistiques. Longtemps, les études sur les tornades françaises se sont basées sur ces écrits, basés sur un recensement, certes, incomplet, car effectué sans réseau dans des conditions difficiles, mais rigoureux. D’ailleurs, la question restait plutôt confidentielle dans les milieux météo et inconnue du grand public. Dans le courant des années 2000, les milieux météo se sont progressivement emparés du sujet, via le travail de défrichage de quelques pionniers amateurs et la naissance de Keraunos, en 2006. Depuis, le recensement se poursuit et de nombreux sites amateurs régionaux sont venus ajouter leur base de données à celles de Keraunos et de François Paul, successeur de Jean Dessens.

Les chiffres de la totalité des cas recensés varient de 661 cas pour Keraunos, à l’heure de la rédaction de ces lignes, à 709 pour François Paul (l’étude de François Paul est, malheureusement, inaccessible).

Le tout premier cas recensé date de 962 (Vienne), recensé par Ouest-orages.

Les moyennes annuelles rejoignent, en gros, les estimations de Jean Dessens, avec environ 20-25 cas recensés par an, probablement 50 à 100 cas estimés en incluant les cas les plus faibles qui passent généralement inaperçus.

La répartition géographique, si elle confirme à l’échelle du pays les grandes régions les plus touchées (Nord-ouest, Méditerranée…), affine cependant la localisation géographique en faisant ressortir 3 zones de forte densité (nord du pays, Charente et littoral méditerranéen) et révèlent également que d’autres régions sont assez fréquemment touchées par des tornades (par exemple, la Bretagne).

En ce qui concerne l’intensité, 2 cas de force F5 avérés ont été recensés (Palluel, dans le département du Pas-de-Calais, le 24 juin 1967, et Montville, dans le département de la Seine-Maritime, le 19 août 1845). Un troisième cas est fortement soupçonné à Chizé, dans le département des Deux-Sèvres, le 13 février 1900 (source : Ouest-orages). Les cas de force F4 recensés sont au nombre de 12, la dernière étant celle d’Hautmont – Maubeuge, près de la frontière belge, le 3 août 2008.

De façon générale, les cas de forte intensité surviennent notamment sur « l’écharpe » nord-ouest du pays, mais peuvent survenir partout (on a en mémoire, par exemple, la tornade F4 de Saint Claude, dans le Jura, le 19 août 1890). Même si les chiffres peuvent être biaisés par le gravissime épisode de 1967, la région des Hauts-de-France (en particulier l’ancienne région administrative Nord-Pas-de-Calais) semble bien particulièrement sujette aux cas d’intensité F2 ou plus.

Pour terminer, il faut noter que bien que les sources soient multiples, les différents organismes français coopèrent malheureusement peu. Il convient donc de consulter l’ensemble des sources pour se faire une idée plus juste d’un recensement qui, quoi qu’il en soit, reste un classement plancher. Dans l’état actuel de nos connaissances, le travail le plus volumineux disponible en ligne est celui de Keraunos, mais celui qui se rapproche probablement le plus de « la réalité » est celui de Gweanaël Milcareck (pour Ouest-orages ou à titre personnel), seul, en effet, à regrouper plusieurs sources.

Dans une étude effectuée en 2002 et revisitée en 2003, M. Nikolai Dotzek, du DLR (Institut für Physik der Atmosphäre), en Allemagne, avait effectué des statistiques sur la récurrence des tornades en Europe, ce qui l’avait amené à réaliser des estimations pour de nombreux pays d’Europe dont la Belgique.

M. Dotzek estimait que notre pays était touché en moyenne par 5 à 10 tornades par an, toutes intensités confondues. Par comparaison, ses chiffres concernant les Pays-Bas faisaient état d’une moyenne estimée à environ 35 tornades par an. Pour les « grands pays », tels que la France, ce chiffre était du même acabit : 30 tornades par an pour la France ; idem pour l’Allemagne.

Ces deux dernières estimations posent toutefois question et ont même été remis en question par les recensements effectués, notamment par Jean Dessens. En effet, ce dernier estimait, dès les années 80, la densité annuelle des tornades en France à environ 150 (avec une moyenne de 2 par département). La différence est considérable avec le nombre estimé par M. Dotzek. Mais il faut bien préciser que l’étude de Jean Dessens englobe tous les cas supposés, y compris les plus faibles tornades qui passent le plus souvent inaperçus.

À l’échelle européenne, l’European Severe Storms Laboratory (ESSL) élabore différentes statistiques à partir d’une base de données reprenant non seulement les cas de tornades, mais également les trombes marines. Cette base de données est régulièrement alimentée par des « rapporteurs » provenant de différents pays d’Europe. Ainsi, les statistiques de l’ESSL tiennent généralement plus compte des cas de tornades faibles ou supposés.

Néanmoins, en termes d’observations, certains pays (par exemple, l’Allemagne) sont beaucoup mieux « lotis » que d’autres, ce qui ne permet pas de pouvoir effectuer des comparaisons réellement fiables entre pays. Mais ces données ont quand-même le mérite d’apporter une première vue d’ensemble de la réalité des tornades européennes.

Bien que celles-ci soient nettement moins nombreuses que celles recensées aux Etats-Unis, certains pays n’ont pas à « rougir » du nombre de tornades recensées, notamment l’Allemagne.

Voici un lien direct vers la base de données de l’ESSL.

Les États-Unis recensent, en moyenne, chaque année, entre 800 et 1200 tornades.

Les états de l’Oklahoma, du Kansas, du Nebraska, du Texas et de la Floride comptent autant de tornades que tous les autres états réunis.

Les quatre premiers états font partie de ce que l’on nomme la Tornado Alley. Celle-ci comprend également d’autres états, tels que le Colorado ou le Dakota du Sud. En fait, la Tornado Alley n’a pas de « limites » bien définies, car celles-ci diffèrent selon les sources consultées (certaines de ces sources la fait même déborder jusqu’au Canada et à la limite du Mexique). Les tornades observées dans la Tornado Alley se produisent généralement au printemps. Ainsi, les mois de mars, avril, mai et début juin sont les plus propices à la survenue de tornades, parfois puissantes, et souvent issues d’orages supercellulaires.

Mais d’autres régions autres que la Tornado Alley sont régulièrement touchées. Notons, par exemple, les états de l’Alabama, de la Géorgie ou encore de l’Illinois. Concernant la Floride, cet état compterait même le plus grand nombre de tornades par an au km². Cependant, les tornades floridiennes sont généralement bien moins violentes que celles observées dans les Grandes Plaines.

Certains épisodes tornadiques ont marqué les mémoires. Parmi ceux-ci, celui qui frappa le centre-est des Etats-Unis les 7 et 8 avril 1974 est considéré comme le plus significatif de l’histoire moderne. En effet, 148 tornades ont été recensées, dont 7 tornades d’intensité F5 (c’est un record) et 24 tornades d’intensité F4. L’une des tornades d’intensité F5 parcourut plus de 150 km et perdura environ 1h40. Un autre épisode mémorable a eu lieu plus récemment. Du 25 au 28 avril 2011, plus de 300 tornades ont frappé les États-Unis, dont 3 tornades d’intensité EF5 et 12 tornades d’intensité EF4.

Comme on peut le constater, non seulement les États-Unis comptent le plus grand nombre de tornades recensées chaque année. Et, en plus, une proportion non négligeable des plus puissantes tornades au monde y est observée.

Toutes les données sur les tornades proviennent du Storm Prediction Center.

Outre les États-Unis et l’Europe, de nombreuses autres régions du monde subissent le passage de tornades. Parmi les pays les plus touchés, citons, entre autres, le Canada, le Bangladesh, l’Australie, le Japon ou encore l’Afrique du Sud.

Concernant le Canada , environ 60 tornades balaieraient le pays chaque année. C’est bien entendu une estimation sur base du recensement effectué par l’organisme officiel, à savoir Environnement Canada. Au vu de la taille du pays, c’est relativement peu, surtout si on compare ce chiffre à son voisin américain.
La majorité des tornades au Canada se produisent sur le sud du pays. Pour rappel, selon certaines sources, une petite partie sud du pays fait partie de la Tornado Alley. Mais, contrairement aux États-Unis, c’est le mois de juillet qui connaît le plus grand nombre de tornades, pas les mois printaniers.

Concernant le Bangladesh, une étude réalisée par M. Shahadat Hosen, de l’Université d’ingénierie et de technologie de Dhaka, a permis d’apporter des données concernant ces phénomènes. On apprend ainsi qu’entre 1865 et 2014, plus de 250 tornades ont été recensées. Mais, au-delà du nombre de tornades, c’est bien entendu le nombre de victimes qui fait parler de lui. Le Bangladesh paie chaque année un lourd tribu humain au passage des tornades. Selon cette étude, plus de 9000 personnes auraient perdu la vie, dont 1300 rien que pour la tornade qui frappa le pays le 26 avril 1989.

Concernant l’Australie, plusieurs études sur l’occurrence des tornades ont été réalisées. La base de données accessible sur le site officiel du « Bureau of Meteorology » permet d’accéder aux données concernant les tornades recensées. Ainsi, entre 2010 et 2016 inclus, 146 cas de tornades ont été recensés. Selon certaines estimations, la moyenne annuelle pourrait tourner autour des 30 à 40 tornades.

Concernant le Japon, une étude réalisée par MM. Hiroshi Niino et Tokunosuke Fujitani, du « Meteorological Research Institute » de Tokyo, ainsi que par M. Tsukuba Ibaraki, de la « Japan Meteorological Agency » de Tokyo, fait état de 677 cas de tornades entre 1961 et 1993 inclus. Beaucoup de ces cas de tornades pourraient être des trombes marines qui seraient rentrées dans les terres. En effet, le plus grand nombre de cas a été observé sur les côtes. La moyenne annuelle pourrait tourner autour des 20 à 50 cas.

Enfin, concernant l’Afrique du Sud, nous n’avons pas beaucoup d’informations, mais certaines sources font état d’un nombre dépassant les 200 tornades recensées durant le 20ème siècle.

D'autres choses à savoir sur les tornades ainsi que quelques idées reçues

On l’a vu : les tornades peuvent prendre différents noms, comme, par exemple, les tornades mésocycloniques et non mésocycloniques (ou landspouts). Sans rentrer dans les détails, les tornades peuvent également prendre différents noms selon leur forme (par exemple, une tornade en cône). Les tornades les plus larges et et les plus compactes, qui font généralement le plus de dégâts sont nommés wedges (coins ou morceaux en français).

Cependant, il existe d’autres tourbillons qui peuvent se développer soit par temps orageux, soit par temps calme.

Dans ce dossier, nous les passons rapidement en vue.

Les gustnados

Certains phénomènes tourbillonnaires peuvent parfois être considérés comme des tornades, tels que les gustnados (parfois appelés tornades de front de rafale).

Selon certaines sources, les gustnados sont des tornades « à part entière ». Pour d’autres, par contre, ce sont des phénomènes tourbillonnaires qu’il faut distinguer des « vraies » tornades.

Les gustnados sont des tourbillons qui se développent le plus souvent au passage d’un arcus. Ils ne sont généralement pas reliés directement à la base du nuage. Étant donné que d’une part, ces tourbillons apparaissent au passage du front de rafales (et sont donc, en quelque sorte, formés par le courant descendant de l’orage, contrairement aux tornades, formées par le courant ascendant) et que d’autre part, ces tourbillons n’ont généralement pas de contact visible avec la base du nuage, il est difficile de les cataloguer comme de « véritables » tornades.

Les tourbillons de poussière (dust devils en anglais)

Les tourbillons de poussière ne se produisent pas par temps orageux, mais par de belles journées chaudes et ensoleillées.

C’est le réchauffement des rayons du soleil qui est la cause de la survenue de ces phénomènes. Le sol, n’étant pas toujours réchauffé uniformément, les différences de température vont induire des mouvements verticaux sur de faibles hauteurs. Des mouvements tourbillonnaires vont s’en suivre. Si ceux-ci sont suffisamment prononcés, de véritables tourbillons peuvent se développer.

Les tourbillons de poussière ne sont généralement pas violents. Cependant, certains peuvent déplacer, voire faire envoler du mobilier léger, tel que du mobilier de jardin, par exemple.

Certains phénomènes peuvent tromper l’observateur. Ces « leurres » sont nombreux et il n’est pas toujours évident de savoir si on a affaire à une tornade ou non.

Parmi ceux-ci, les fractus sont en bonne position pour tromper l’œil d’un observateur. Prenant différents aspects, les fractus peuvent émaner sous la base d’un nuage orageux ou d’un arcus, sous la forme, par exemple, de lambeaux aspirés par le courant ascendant. Pour pouvoir différencier un fractus « suspect » d’une tornade, il est nécessaire de savoir s’il y a une franche rotation du phénomène en entier, c’est à dire depuis la base du nuage sur lequel il est rattaché jusqu’à son contact avec le sol. Là encore, ce n’est pas toujours évident, car certains fractus peuvent donner l’impression de « tournoyer ». Mais cette impression sera balayée si on prend bien le temps d’analyser correctement le phénomène.

Il arrive très fréquemment que l’on se pose la question de savoir quelles sont les différences entre les cyclones, les ouragans et les tornades.

Les cyclones sont des vastes systèmes dépressionnaires de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre pouvant être d’origine tropicale (on parlera alors de cyclones tropicaux) ou d’origine extratropicale (on parlera alors de cyclones extratropicaux).

Les premiers se développent toujours sur les océans, le plus souvent si la température de surface est supérieure à 26°C. Ils apparaissent le plus souvent dans les régions tropicales, mais aucun cyclone ne peut se former à l’Équateur, car la force de Coriolis y est nulle. Le cyclone tropical tire son énergie dans le dégagement de la chaleur latente. Lorsqu’un cyclone tropical rentre dans les terres, il s’affaiblit rapidement, car il n’est plus alimenté en air chaud et humide.

Les seconds se développent à des latitudes comprises entre les tropiques et les cercles polaires. Ils se forment généralement sur les océans et les mers, mais peuvent également apparaître sur les terres. Ces cyclones extratropicaux sont, en fait, les dépressions « classiques » que l’on rencontre dans nos contrées. La taille de ces dépressions peut varier fortement, allant de quelques centaines de kilomètres à plus de 1000. La différente importante avec un cyclone tropical est le mode de formation. Tandis que le cyclone tropical tire son énergie de la chaleur et de l’humidité fournie par les océans, le cyclone extratropical ne se développe généralement que par ce que l’on nomme « l’instabilité barocline ».

Pour pouvoir qualifier un tel système de cyclone, les vents doivent atteindre ou dépasser les 120 km/h.

Sans rentrer dans les détails, selon leur force, les cyclones sont réparties en 5 catégories (par exemple, la catégorie 1 regroupe les cyclones dont les vents peuvent atteindre 120 km/h à 153 km/h ; pour la catégorie 5, les vents doivent atteindre ou dépasser les 250 km/h).

En réalité, le cyclone et l’ouragan renvoient exactement au phénomène météorologique. Tout dépend de sa localisation géographique.

Le terme « cyclone » sera surtout utilisé s’il se forme dans les océans Indien et Pacifique sud (îles à l’est de l’Afrique (Madagascar, La Réunion,…), Asie du Sud, Océanie (en Australie, notamment, le terme « willy-willy » est parfois utilisé, mais à tort, car il désigne généralement un tourbillon de poussière),…).

Le terme « ouragan » sera surtout utilisé s’il se forme dans l’océan Atlantique (États-Unis, îles des Caraïbes (Guadeloupe, Martinique, Haïti,…),…). En Europe, les ouragans restent très rares. Si, toutefois, ils parviennent à atteindre les côtes européennes, ce sera généralement sous la forme de simples dépressions (on parle alors « d’ex-ouragans »).

Enfin, sur l’ouest de l’océan Pacifique (Chine, Japon,…), on parlera de « typhon ».

Pour terminer, il faut noter qu’au sein même des cyclones, ouragans et typhons, des tornades peuvent se former.

Il n’est pas rare de lire dans la presse le terme « mini tornade » dès qu’un phénomène venteux a provoqué des dégâts. Non seulement le terme « mini tornade » n’a aucune valeur scientifique. En plus, il donne au grand public l’impression d’avoir affaire à un phénomène plutôt faible ou de petite taille, ce qui n’est évidemment pas toujours le cas. L’origine de la dénomination « mini tornade » demeure assez floue, mais celle-ci pourrait remonter à plusieurs décennies. Outre le fait que la presse utilise très (trop) régulièrement ce terme, certains organismes météorologiques l’utilisent parfois également (et malheureusement), ce qui jette encore plus le doute quant à la justification de son utilisation.

Outre le terme « mini tornade », certains autres termes sont parfois utilisés à tort pour désigner une tornade, comme « cyclone » ou « tempête ». Une petite précision s’impose cependant concernant l’utilisation du terme « cyclone ». En 1848, ce mot est utilisé pour la première fois par un savant anglais pour désigner, en gros, tout phénomène « qui tourne ». Cela comprend donc les phénomènes de petite dimension, comme les tornades, mais aussi les phénomènes de grande dimension, comme les cyclones en tant que tel, les ouragans et les typhons. Il faudra attendre la fin du 19ème siècle et surtout le début du 20ème pour que le mot « tornade » s’impose. Ainsi, dans les anciens manuscrits, le mot « cyclone » était régulièrement utilisé pour désigner les tornades.

Échelles de mesure

Aucun appareil de mesure ne permet aujourd’hui de mesurer la vitesse des vents à l’intérieur d’une tornade. Ainsi, les dégâts provoqués par le passage d’une tornade sont les meilleurs moyens pour mesurer l’intensité d’une tornade.

Cependant, aux Etats-Unis, on utilise de plus en plus les mesures effectuées par les radars Doppler pour mesurer la vitesse du vent à une altitude proche de la centaine de mètres, voire un peu plus. Même si ces radars sont fiables, le fait, d’une part, de ne toujours pas pouvoir mesurer en surface la vitesse des vents au sein même du tourbillon et, d’autre part, le fait de ne pas avoir suffisamment de radars Doppler mobiles n’autorisent pas les scientifiques à utiliser cet outil de mesure, du moins de manière courante.

Aujourd’hui, on utilise principalement trois échelles pour mesurer l’intensité des tornades à partir des dégâts observés. Ces échelles ne mesurent pas directement l’intensité de la tornade mais bien les dommages observés.

Ces échelles sont les suivantes :

  • L’échelle de Fujita
  • L’échelle de Fujita améliorée
  • L’échelle de Torro

Pour pouvoir classer une tornade, on utilise généralement l’échelle de Fujita-Pearson. Basée sur l’intensité des dégâts observés, cette échelle a été élaborée en 1971 par M. Tetsuya Théodore Fujita, en collaboration avec Allen Pearson, directeur du Storm Prédiction Center (USA).

Néanmoins, cette échelle a fini par montrer ses limites dans ses applications, car elle ne tenait pas compte du type d’habitations concerné. On peut imaginer, en effet, qu’une maison traditionnelle à la campagne n’offre pas la même résistance à une tornade qu’un immeuble de trois étages situé en ville.

C’est pour cela qu’une autre échelle a été élaborée aux États-Unis : il s’agit de la nouvelle échelle de Fujita (ou échelle de Fujita améliorée). Celle-ci prend en compte notamment le type d’habitations que l’on retrouve habituellement sur le continent américain.

Toutefois, et nous reviendrons dans le point suivant sur cette nouvelle échelle, le fait que les habitats soient très différents d’un continent à un autre, voire même d’un pays ou d’une région à une autre pose d’autres problèmes. Ainsi, l’échelle de Fujita « originale » continue d’être utilisée dans de nombreux pays.

Voici les différents niveaux de l’échelle de Fujita :

  • F0 : 60 à 120 km/h
  • F1 : 121 à 180 km/h
  • F2 : 181 à 250 km/h
  • F3 : 251 à 330 km/h
  • F4 : 331 à 420 km/h
  • F5 : plus de 420 km/h

Afin de tenter de pallier au manque de précision de l’échelle de Fujita « originale », une nouvelle échelle de Fujita, dite échelle de Fujita améliorée, a été conçue aux États-Unis durant les années 2000. Celle-ci prend en compte la plupart des constructions bâties sur le continent américain.

Les avantages de cette échelle sont nombreux. Elle permet notamment un classement plus précis suite aux nombreux indices récoltés durant les enquêtes de terrain.

Mais cette échelle avait, à l’origine, été créée en ne tenant compte que de l’habitat américain. Or, en Europe, de nombreuses habitations ne correspondent pas à leurs consœurs d’outre-Atlantique. De même, la végétation peut être assez différente et les feuillus ou les conifères ne sont pas les mêmes, que l’on soit, par exemple, dans le sud-est de la France, en Belgique ou dans les Grandes Plaines américaines. Ainsi, l’utilisation de la nouvelle échelle de Fujita dans nos contrées peut poser certains problèmes, parfois importants. Ces raisons amènent notre collectif à ne toujours pas utiliser cette échelle, du moins tant que celle-ci ne tient pas en compte nos propres caractéristiques, tant concernant les habitations que la végétation. Bien entendu, si, à l’avenir, la nouvelle échelle de Fujita tient compte de ces caractéristiques, nous l’adopterons sans aucune hésitation.

Comme l’échelle de Fujita originelle, la nouvelle échelle de Fujita comprend six niveaux, allant du stade EF0 au stade EF5. Outre la précision des dégâts, les vents estimés sont également assez différents entre l’échelle originelle et la nouvelle échelle. Ces différences sont plus importantes dès que l’on « monte » de niveau. Ainsi, la différence entre le stade F5 de l’échelle originelle et le stade EF5 de la nouvelle échelle est très importante. Sur la première, il faut atteindre la vitesse des 420 km/h pour passer à ce niveau, tandis que dans la nouvelle échelle, il faut atteindre les 322 km/h.

Voici un résumé des valeurs des vents selon les différents niveaux au sein de la nouvelle échelle de Fujita :

  • EF0 : 105 à 137 km/h
  • EF1 : 138 à 178 km/h
  • EF2 : 179 à 218 km/h
  • EF3 : 219 à 266 km/h
  • EF4 : 267 à 322 km/h
  • EF5 : plus de 322 km/h

L’échelle de TORRO a été élaborée au tout début des années 70 par M. Terence Meaden, de la Tornado and Storm Research Organisation (TORRO). Celle-ci fut présentée au grand public en 1975. Cette échelle, graduée en 11 niveaux, est, en quelque sorte, plus une échelle d’estimation de la mesure de la vitesse des vents qu’une échelle de dégâts, bien qu’elle tienne compte également de ces derniers. Ainsi, cette échelle peut servir à classer d’autres phénomènes que les tornades, par exemple, les rafales de vent linéaires ou les rafales descendantes.

L’échelle de TORRO est principalement utilisée en Europe et plus particulièrement au Royaume-Uni et en Allemagne. Le fait qu’elle ait été élaborée au Royaume-Uni, en tenant en partie compte de l’habitat propre à une franche partie de l’Europe de l’Ouest, dont la Belgique, permet plus aisément d’effectuer des classifications. C’est principalement pour cette raison que notre collectif utilise cette échelle (concomitamment à l’échelle de Fujita originelle) afin de classer les cas tornadiques, mais également les cas de rafales descendantes qui touchent la Belgique.

Ci-dessous, l’échelle de TORRO est décrite avec un apport d’informations au niveau des dégâts en fonction de la catégorie de la tornade :

  • Tornade T 0 : de 63 à 87 km/h, tornade légère

    Les objets légers sont déplacés ou soulevés, les tentes et chapiteaux, sérieusement malmenés, les brindilles et petites branches des arbres, cassées, les ardoises des maisons, abîmées.

  • Tornade T 1 : de 88 à 116 km/h, tornade faible

    Les chaises et mobiliers de jardin deviennent des projectiles, les cabanons de jardin sont endommagés, les toitures des maisons, abîmées, les cheminées, endommagées, les branches d’arbres, cassées.

  • Tornade T 2 : de 117 à 148 km/h, tornade modérée

    Les caravanes sont déplacées, les cabanons de jardin, détruits, les toitures des maisons, fortement endommagées, les arbres les plus fragiles, cassés ou déracinés.

  • Tornade T 3 : de 149 à 183 km/h, tornade moyenne

    Les bâtiments non solides (tels que les garages extérieurs) sont fortement endommagés, certains arbres sont détruits ou déracinés et les toitures des maisons sont détruites pour la plupart.

  • Tornade T 4 : de 184 à 220 km/h, tornade moyenne à forte

    Les voitures sont déplacées, les caravanes, projetées, les toitures des maisons, complètement détruites, les arbres, déracinés ou cassés.

  • Tornade T 5 : de 221 à 258 km/h, tornade forte

    Les poids lourds sont déplacés, les immeubles sont fortement endommagés, les habitations les plus fragiles peuvent s’écrouler.

  • Tornade T 6 : de 259 à 299 km/h, tornade très forte

    Certains murs d’habitations peuvent s’écrouler, les toitures les plus solides sont détruites.

  • Tornade T 7 : de 300 à 341 km/h, tornade intense

    Les immeubles à structure d’acier peuvent être fortement endommagés, les murs d’habitations sont renversés, l’écorce des troncs d’arbres est arrachée. Ces mêmes troncs d’arbres peuvent devenir des projectiles dangereux.

  • Tornade T 8 : de 342 à 386 km/h, tornade violente

    Les véhicules sont projetés sur de grandes distances. L’intérieur des habitations est soufflé et les débris sont dispersés. Les habitations sont irrémédiablement détruites, les immeubles à structure d’acier, fortement endommagés.

  • Tornade T 9 : de 387 à 433 km/h, tornade très violente

    Plus aucune maison n’est debout. L’écorce des arbres est totalement arrachée et les véhicules, projetés sur de grandes distances.

  • Tornade T 10 : 434 km/h ou plus, tornade extrême

    Les maisons sont soulevées de leurs fondations et projetées à distance. Les véhicules sont totalement détruits.

Bien entendu, comme toutes les échelles de  mesure, l’échelle de TORRO présente des inconvénients. Le plus important est qu’elle ne tient pas réellement compte de l’aspiration que produit une tornade. Ainsi, pour les mêmes vitesses de vent estimées, une tornade fera beaucoup plus de dégâts qu’un vent linéaire ou qu’une rafale descendante. C’est pourquoi notre collectif utilise concomitamment l’échelle de TORRO et l’échelle de Fujita originelle lorsqu’elle enquête sur des cas de tornades en Belgique.

Références

Ce dossier n’aurait pu être réalisé sans l’apport de nombreuses informations venant essentiellement à partir du web.

Nous savons que la plupart des connaissances orageuses viennent des États-Unis et que les informations recueillies ici et là proviennent essentiellement de publications américaines. Seuls quelques sites francophones proposent des informations pertinentes.

Voici donc, ci-dessous, les ressources qui nous ont permis de proposer ce dossier, qui se veut une première approche dans la compréhension des tornades. La très grande majorité des connaissances proviennent du National Weather Service et de l’ESSL.

Comme dans le dossier sur la généralité des orages, nous avons également consulté le site internet de Damien Belliard, qui, malheureusement, ne semble plus accessible.

American Meteorological Society

American Weather

ESSL Tornado Mira

MétéoBell

NOAA Base de données

NSSL-NOAA

NWS-NOAA

Storm Prediction Center

Stormstalker Joplin tornado

Stormtrack

Xtrem Chase Québec

Frank Roux – « Les Orages. Météorologie des grains, de la grêle et des éclairs »

Felix Aaron Bassous – « 66 jours dans la Tornado Alley »