On conserva longtemps le souvenir des pluies incessantes, du ciel sombre, de la basse température et des orages fréquents de juillet 1888. Jamais un mois de juillet n’a été aussi extraordinairement pluvieux à l’époque, avec 208 mm à Uccle. Certaines régions ont connu de la pluie tous les jours du mois. Cumulés avec le mois de juin, on obtient jusque 327 mm à Anderlues et 407 mm à Sart-lez-Spa.
Les températures ont été très fraîches presque tout le mois. À la Baraque Michel, on nota 21 jours de brouillard. Le 11 juillet, vers 2h30 de l’après-midi, on prétend que des flocons de neige accompagnaient la pluie en certains points, notamment à Chimay et Bruxelles, alors que c’était le moment où se produit habituellement le maximum de température.
Le lendemain, le 12 juillet, il a neigé sur les hauteurs du pays, dans la région de la Baraque Michel, et même à Spa, Dison et Vielsalm. Les Fagnes s’étaient recouvertes d’une couche de neige épaisse d’un doigt vers la Baraque de Fraiture. L’année précédente, des gelées assez intenses se déclarèrent en juillet dans ces mêmes régions.
Malgré tout, on a dénombré quinze jours d’orages durant ce mois de juillet. Le 30 juillet, une tornade a été observée à Mouscron.
Et pourtant, cette journée du 30 juillet ne faisait pas exception à la règle : le ciel était couvert et uniforme le matin, après de la pluie la nuit. En fin de matinée, il a recommencé à bruiner, bruines bientôt suivies de pluies parfois fortes, avec des températures plutôt fraîches, de l’ordre de 14°C le matin et de 16°C à 17°C au meilleur moment de l’après-midi.
Le soleil n’a été vu que 10 minutes environ, en début de journée. Ensuite, le ciel s’est à nouveau couvert, avec des stratocumulus puis des nimbostratus et enfin des cumulus et cumulonimbus au sein d’une masse informe de stratocumulus (« cumulo-stratus » comme on disait à l’époque). Mais la visibilité horizontale, en dehors des précipitations, était très bonne. Uccle a signalé 27,4 mm de précipitations, mais du côté de Mouscron, il en est tombé encore nettement davantage.
Une telle situation n’est pas sans rappeler la tornade de Tournai du 14 août 1999 où le temps a également été, dans l’ensemble, gris, pluvieux et frais. Comme le 14 août 1999 aussi, les modèles de réanalyse suggèrent la présence d’un puissant jet. Mais de cela, évidemment, nous n’avons aucune certitude.
En attendant, voici ce qu’écrivait Albert Lancaster, célèbre météorologue de l’Observatoire Royal de Belgique :
« Elle est passée sur la ville à 6h10 du soir, se dirigeant du S au N ; elle était animée d’un mouvement giratoire. À son approche, le baromètre a baissé brusquement. Elle a occasionné d’assez grands dégâts. De nombreuses cheminées ont été renversées, des toitures enlevées. Le collège Saint-Joseph a eu particulièrement à souffrir : plus de 150 tuiles y ont été arrachées, une cheminée y a été démolie, une vingtaine de vitres ont été arrachées, une cheminée y a été démolie, une vingtaine de vitres ont été cassées, un peuplier a été déraciné, un marronnier coupé net, six arbres fruitiers renversés. Détail curieux, et qui prouve la violence du vent, des branches de poiriers portant encore leurs poires ont été enlevées d’un jardin avoisinant et portés sur la tourelle qui surmonte le collège. Les dégâts se sont produits sur une bande de moins de 100 mètres de longueur, sur autant de largeur. Le pluviomètre a reçu 48 mm d’eau. »