Après un printemps estival et très sec, la sécheresse concerne toujours et encore la Belgique. Ainsi, nous venons de connaitre le printemps le plus ensoleillé depuis le début des relevés météorologiques. De même, le mois de mai qui s’achève est le deuxième plus sec de l’histoire, juste derrière celui de 1834. En réalité, les dernières précipitations consistantes sont tombées début mars…
Carte illustrant l’indice de sécheresse en Belgique au 1er juin 2020. La totalité du pays est soumis à une
forte sécheresse. Même si en réalité des disparités régionales existent. Source : IRM
À part quelques orages locaux, ce printemps est également très peu orageux. Cependant, le début de l’été météorologique voit un net changement dans le temps. Ainsi, le mois de juin commence dans une ambiance automnale. Bien que cela marque le retour de quelques précipitations, notre pays reste en marge des dégradations qui concernent l’Allemagne et la France. Seul le 5 juin voit enfin une activité kéraunique sur la Belgique, mais bien loin de celle à laquelle on pourrait s’attendre à cette époque de l’année. De plus, cette dernière se produit dans des conditions que l’on rencontre habituellement en hiver.
En effet, une dépression se creuse sur la mer du Nord depuis quelques jours. Celle-ci nous envoie des courants maritimes polaires de secteur nord-ouest, faisant chuter les températures, qui ont du mal à dépasser la barre des 15°C ce 5 juin. Sur son flanc sud, une dépression secondaire se creuse sur les Pays-Bas. En outre, la température à 500 hPa est exceptionnellement basse, comprise en entre -22°C et -26°C sur le nord de la Belgique et les Pays-Bas. En bref, ce début d’été nous plonge directement en automne, avec un temps venteux et frais.
Mais cela a pour effet d’apporter une forte dynamique d’altitude au dessus de nos régions, plutôt inhabituelle en cette période de l’année. Ainsi, nous nous trouvons à proximité d’une branche du jet stream qui approche les 200 km/h. Elle circule sur le bord sud d’une puissante anomalie de tropopause sur la mer du Nord et les Pays-Bas, formant une véritable marche au niveau de la Belgique. Un tel enfoncement d’air stratosphérique se rencontre plutôt avec l’activité dépressionnaire hivernale, d’où des conditions très particulières pour un début juin. Une telle dynamique a pour conséquence de favoriser les ascendances, de manière toutefois mesurée.
Associés à la dépression néerlandaise, notre pays est traversé par des systèmes frontaux et des lignes d’averses. Bien que l’instabilité soit très faible (MLCAPE de 200 à 300 J/kg seulement), elle est suffisante pour déclencher quelques orages grâce à la forte dynamique, avec le risque de voir survenir de très fortes rafales de vents localement sous les grains les plus vigoureux.
Analyse de surface du 5 juin 2020 à 14h00. Source : KNMI
Dès la matinée, des averses circulent d’ouest en est au passage d’une occlusion. On les retrouve sur le centre du pays autour de midi, alors que très localement, un coup de tonnerre est entendu près des Pays-Bas.
En cours d’après-midi, plusieurs lignes d’averses déboulent sur le pays mais leur activité reste ténue, avec tout au plus quelques bonnes pluies et de bons coups de vent. Très localement, un coup de tonnerre les ponctue, notamment dans les Hautes-Fagnes.
En fin d’après-midi, à la faveur d’une ligne de convergence, des averses plus consistantes se présentent à la côte et elles prennent rapidement un caractère orageux. Ces orages s’organisent en une ligne de grains qui avance en direction du centre du pays. Bien que leur activité demeure faible, des noyaux orageux perdurent de Zeebruges à Malines et de Lille au sud de Bruxelles.
Alors que l’orage de Malines s’effondre, plus au sud, l’axe orageux demeure en traversant d’abord la province de Hainaut, puis les provinces des Brabants et de Namur. Cette ligne multicellulaire est précédée d’un bel arcus qui bénéficie du coucher de soleil et prend des teintes particulièrement esthétiques en soirée.
Alors que la partie centrale de la ligne s’effondre sur l’est du Brabant Wallon, celles du nord et du sud perdurent encore un peu avant de subir le même sort une fois la nuit tombée. La partie nord présente la plus forte activité, surtout de Louvain à Genk. Par la suite, quelques averses continuent de circuler sur le pays durant la nuit et la matinée suivante.
Coups de foudre détectés durant la journée du 5 juin 2020. Source : Lightningmaps
Grâce à nos membres observateurs, nous pouvons revisiter le passage de la ligne orageuse sur le centre de la Belgique à travers leurs photographies :
Coup de foudre sous l’orage multicellulaire à Popuelles en province de Hainaut, le 5 juin 2020 à 20h15
Double arc-en-ciel visible sous l’axe orageux à Beclers
en province de Hainaut, le 5 juin 2020 à 20h15.
Arcus devançant l’axe orageux à Ottignies en province de Brabant Wallon, le 5 juin 2020 à 21h00.
Arcus visible depuis Mons en province de Hainaut, le 5 juin 2020 à 21h10.
Vue sur l’orage multicellulaire depuis Sart-Risbart en province de Brabant Wallon, le 5 juin 2020 à 21h30.
Passage de l’orage multicellulaire à Flawinne en province de Namur, le 5 juin 2020 à 21h45.
Toutefois, ces orages ne représentent que le premier semblant d’offensive de la saison. Qui aurait cru qu’ils surviendraient dans des contions hivernales après le printemps exceptionnel que nous avons vécu. Toutefois, ils n’ont engendré aucun dégât à part un arbre effondré sur deux véhicules à Lummen, dans la province de Limbourg. En outre, les précipitations (entre 5 mm et 20 mm) sont plus que bienvenue sur nos sols assoiffés.
Enfin, on note qu’aux Pays-Bas, quatre trombes marines ont été observées près de Lelystad, dont trois simultanément.