La première partie du printemps 2021 est assez fraîche en Belgique, cela en raison de la persistance d’un flux de nord à nord-est. Malgré quelques faibles orages de masse d’air froid les semaines précédentes, aucun événement orageux ne s’est démarqué. Seul fait sortant du lot, une trombe marine a été observée à Ostende en province de Flandre Occidentale, le 30 avril 2021.
Toutefois, alors que des chutes de neige étaient encore observées le 7 mai en Haute-Ardenne, le flux pivote au sud-ouest le samedi 8 mai et place la Belgique dans un secteur chaud, après le passage d’un front. Ainsi, le dimanche 9 mai, les températures franchissent la barre des 25°C pour la première fois depuis… le mois de mars.
Ce flux de sud-ouest vigoureux amène une masse d’air subtropical chaud et humide. Dès lors, on enregistre des températures entre 23°C et 27°C sur la plupart des régions du pays, dans une ambiance lourde. Ce flux est piloté par un vaste talweg sur le proche Atlantique, ce dernier organisant des noyaux de forçages sur une masse d’air de plus en plus instable. Le premier transite sur l’ouest du pays en matinée et le second, en entrée droite d’une branche de Jet, en soirée. Ce second acte est facilité par la présence d’une discontinuité de basse couche le long de laquelle les orages s’organisent.
Analyse de surface du 9 mai 2021 à 20h00. Source : KNMI
L’épisode démarre en cours de nuit du 8 au 9 mai sur l’ouest de la France. Vers 8h30 du matin, nous retrouvons des orages en Manche ainsi qu’au sud de Paris. À ce moment, quelques cellules se développent également le long de notre littoral sur la région de Knokke, avant de rapidement filer vers la Zélande aux Pays-Bas. En outre, on note aussi une cellule isolée sur Anvers.
Ensuite, l’amas orageux de Paris arrive à nos frontières tout en se réactivant. Trois zones orageuses se démarquent alors :
La première concerne Tournai et Péruwelz en province de Hainaut vers 10h45, et avance ensuite en direction de Gand et d’Anvers pour atteindre les Pays-Bas autour de midi.
La seconde se développe au même moment en France, sur la région de Dunkerque, avant de se déplacer en mer du Nord, en direction du nord-nord-est. Elle effleure l’extrême ouest de la Belgique qui enregistre quelques impacts de foudre vers La Panne en province de Flandre Occidentale.
La dernière aborde le centre de la province de Hainaut vers midi, avant de toucher Mons, l’ouest de Bruxelles et Anvers. Elle termine sa course autour de 14h00 sur la frontière hollandaise, où elle se désagrège.
Coup de foudre descendant négatif et éclair internuageux à Ollignies, en province de Hainaut, le 9 mai 2021 vers 12h30.
Toutefois, ces orages restent contenus, avec une activité électrique modérée observée localement. Au niveau des précipitations, le déplacement rapide des cellules n’engendre aucun cumul remarquable. En outre, ces orages matinaux ont un mode de fonctionnement particulier. En effet, ils se développent pour la plupart à l’étage moyen à partir d’altocumulus castellanus (elevated convection). Ainsi, les ascendances leur donnant naissance ne partent pas du sol mais du bas de la moyenne troposphère.
Par après, le temps se calme pour quelques heures. En deuxième partie d’après-midi, on observe la rentrée dans les terres de la brise de mer en province de Flandre Occidentale, créant une ligne de convergence parfaitement visible grâce à une ligne de cumulus, donnant quelques averses voire un coup de tonnerre isolé.
En France, le second acte de l’épisode se met en place. Vers 17h00, la convection démarre rapidement en Normandie ainsi qu’au nord de Paris. À la différence des orages du matin, ceux-ci sont bien générés par des ascendances partant du sol et profitent d’une instabilité significative (MUCAPE supérieure à 1000 J/kg). Leur mode de fonctionnement est donc plus classique.
S’alignant sur le long de la discontinuité qui se prolonge en Belgique par l’axe de convergence côtier, les cellules gagnent la région lilloise avant de toucher l’ouest de la province de Hainaut vers 19h00, puis la province de Flandre Occidentale.
Sans être particulièrement intenses, les orages montrent un caractère modéré à fort essentiellement vers la province de Flandre Occidentale, dans un couloir entre Menin, Roeselare et Brugge. Côté français, on note des chutes de grêle significatives du côté de Roubaix.
Arcus devançant un orage multicellulaire dans la région de Rozeboom, en province de Flandre Occidentale, le 9 mai 2021 à 19h45.
L’activité électrique est élevée, bien que très majoritairement intranuageuse. Mais par endroits, les cellules développent également des structures visuellement intéressantes. De fortes rafales de vent (70-80 km/h) ainsi que des chutes de (petite) grêle sont également observées. En outre, on enregistre un maximum de 15,4 mm de précipitations à Brugge et 14 mm à Beitem.
Dans une moindre mesure, ces orages multicellulaires touchent aussi la province de Flandre Orientale, sans sévérité particulière, si ce n’est d’intenses précipitations passagères.
Coups de foudre détectés durant la journée du 9 mai 2021. Source : Lightningmaps
Pour finir, tous ces orages finissent par atteindre les Pays-Bas aux alentours de 20h30. Enfin, d’autres cellules qui circulent sur les côtes françaises concernent encore l’extrême ouest de la province de Flandre Occidentale vers 21h30, dans la région de La Panne, avant de s’éloigner en mer du Nord. Cela mettant un terme à cette offensive orageuse des plus ordinaires, qui est toutefois la première de l’année 2021.