En début de matinée du mercredi 23 août 1853, de violents orages touchent l’ouest de la Belgique, en provenance de la France. Des chutes de grêlons d’une taille impressionnante tombent localement, et de très fortes rafales de vent engendrent des dégâts. De plus, une tornade sévit entre Deinze et Gand. Peu après, il semblerait qu’une autre tornade passe au nord d’Anvers, entre Beveren et Merxem, faisant 4 morts et une vingtaine de blessés, et avec une intensité qui aurait pu atteindre le niveau F3. Voici quelques extraits qui résument cet épisode remarquable à plus d’un titre :
« Un ouragan épouvantable s’est déchaîné ce matin à Bruges et dans les environs. À Aeltre, il est tombé des grêlons d’une grosseur extraordinaire. Nous en avons vu un dans nos bureaux, apporté par un voyageur de la station à celle de Bruges, de là ont l’a transporté dans notre bureau, et il se présentait alors sous la forme d’un disque ayant cinq centimètres de diamètre et d’une épaisseur de deux centimètres. Le centre de ce glaçon était creux et présentait de très belles aiguilles cristallines. Nous n’avons encore aucun détail sur la suite de cette grêle, qui doit avoir occasionné beaucoup de dégâts. »
« On écrit de Gand, le 23. Ce matin, vers sept heures, une trombe, qui s’est annoncée par une obscurité complète et a été accompagnée de tonnerre et d’une pluie torrentielle, a passé sur notre ville et y a produit de grands ravages. C’est le quartier de Saint-Pierre qui a particulièrement souffert. Au Kaleylie, le couronnement en fer de la cheminée de la fabrique de M. de Raeve a été enlevée par l’ouragan. À la place même de Saint-Pierre, un arbre a été coupé en deux, et les vitres du dôme de l’église ont été détruites. À la coupure, des arbres ont été renversés, à la Biloque, il en a été de même ; à ce dernier endroit, dans l’hôpital, un sceau d’eau vide, placé dans la cour, a été lancé sur les toits.
Du reste dans toute cette partie de la ville (rue du Pain-Perdu, rue de Courtrai, rue des Femmes, place Saint-Pierre, etc.) le sol est jonché à de nombreux endroits de débris de tuiles et de verres enlevés aux toitures. Le magasin de casernement a été aussi endommagé. Le long du boulevard qui mène au Parc d’Histoire Naturelle, on voit dans les jardins qui bordent l’eau, plusieurs arbres, les uns renversés complètements dans l’eau, les autres tordus ou brisés en deux. Dans le jardin même, la toiture en zinc de la grande salle a été enlevée entièrement.
Une partie des palissades et des grilles a également souffert. On travaille activement à réparer les dommages. À l’estaminet, le Parc d’Histoire Naturelle, une certaine quantité de tuiles ont été enlevées de la toiture.
Les effets désastreux de la trombe ont été ressentis, nous assure-ton, jusqu’à Vinderhaute. » (Journal de la Belgique : pièces officielles et nouvelles des Armées – 24/08/1853)
« Le dommage le plus considérable est décidément celui causé au bâtiment principal de la Société Zoologique. Nous avons dit que la toiture en zinc de la grande salle avait été enlevée par la trombe. Une partie de cette toiture a été lancée contre le grillage du mur de clôture, qui sépare le Jardin du chemin de fer, et l’a brisé. Des feuilles de zinc ont été emportées au-delà même du chemin de fer.
Sur la route du chemin de fer, entre Gand et Deynze, les poteaux du télégraphe électrique ont été renversés sur une étendue d’une demi-lieue environ.
À la Citadelle, une sentinelle placée sur le glacis, a été jetée avec sa guérite dans le chemin creux, et blessée assez grièvement, pour nécessiter son transport à l’hôpital.
De l’autre côté de la ville, l’ouragan a aussi sévi avec violence. À Evergem, Sleydinghe, Wondelghem, Meulestede, jusqu’à Moerbeke. Des grêlons d’une grosseur extraordinaire sont tombés et ont exercé, nous assure-t-on, des ravages considérables.
À Beveren, plusieurs centaines d’arbres de différentes dimensions ont été déracinés ou rompus, et de nombreuses toitures de maisons emportées par le vent. Un tisserand, le nommé Dominique Smet, a reçu des blessures mortelles par suite de la chute d’un arbre sur le toit de son étable, qui s’est écroulé sur lui. Les dommages sont incalculables. »
« On écrit de Courtrai. Vers 6 ½ heures, un orage épouventable, accompagné de grêle, est venu fondre sur la ville et les environs. Il est tombé des grêlons de la grosseur d’un œuf de poule, et dans toutes les communes environnantes, les dommages sont incalculables. »
« Les ravages de la trombe qui a passé vers Anvers ont été terribles dans les polders. Quatre granges ont été abattues dans le polder d’Austruweel, un bœuf a été enlevé et lancé dans un fossé. On dit aussi qu’une grange et une maison ont été renversées dans le Brabandsche polder, on ajoute même qu’une personne aurait été tuée.
Le long du canal de Terneusen, une vingtaine de personnes ont été renversées par la bourrasque. On dit que quelques-uns ont été grièvement blessés, il y en aurait même de tués. »
« On écrit de Lokeren. Une trombe des plus violente a ravagé ce matin vers 7 heures nos environs, on voit, abattus sur les chemins, des arbres d’une grosseur extraordinaire, déracinés par le vent. C’est dans la commune d’Exaerde que l’ouragan a exercé de terribles ravages. » (Journal de la Belgique : pièces officielles et nouvelles des Armées – 25/08/1853)
« De la Flandre Occidentale, il nous arrive également de nouveaux détails sur les ravages exercés par l’ouragan. On nous écrit de Thielt : aujourd’hui, 23 août, vers six heures et demie du matin, un violent orage, accompagné d’un vent impétueux et de grêlons d’une grosseur extraordinaire, est veni fondre sur notre ville et sur les communes de Meulebeke et de Denterghem. À Meulebeke, la foudre est tombée sur le moulin à huile du sieur Van Ackere. Plusieurs arbres, le long de la route, ont été déracinés et renversés. »
« Le 23 août à six heures du matin, un ouragan a traversé le canton de Roulers et notamment les communes de Beveren, Gits, Ingelmunster, Rumbeke, Roulers, ect. »
« On nous communique de nouveaux détails sur la direction de la trombe de mardi, à travers quelques communes situées entre Deynze et Gand, et sur les dégâts considérables qui y marquent son passage.
Aux environs de Deynze, un grand nombre de poteaux du télégraphe électrique ont été renversés, et des arbres déracinés. De là, la trombe s’est dirigée vers cette partie de la commune de Deurle qui s’étend entre l’église et la chaussée de Deynze à Gand, déracinant sur son passage les arbres les plus élevés ; puis, laissant l’église de Laethem et la Lys à sa gauche, et la chaussée de Deynze à sa droite, l’ouragan a traversé en ligne droite la plaine qui s’étend entre les clochers de Laethem et d’Afsné. Sur une largeur qui ne paraissait pas dépasser 500 mètres, toutes les meules de blé que le vent a rencontrées, ont été renversées, au nombre de près de vingt.
À Afsné, les gerbes enlevées de deux meules ont été lancées à plus de cent verges de distance, jusque dans la Lys ; tandis que, dans la même plaine, d’autres meules, situées à quelques pas de celles qui avaient le plus souffert, et également exposées au vent, sont restées intactes.
Le long du chemin de terre qui conduit de la campagne de M.Lacombe, bourgmestre de Saint-Denis, vers Afsné, soixante peupliers du Canada ont été renversés ; en quelques endroits, il s’en trouve des rangées de cinq, six, sept, qui sont tombés en même temps en soulevant avec leurs racines la moitié du chemin. Plus vers le nord, le long de la Lys, à quelques pas en amont de l’église d’Afsné, la trombe semble avoir frappé moins près du sol ; trois grands peupliers, de près de cinq mètres de diamètre, ont été brisés et en quelque sortes tordus, par le milieu de leur tronc ; la couronne de l’un est tombée sur une maison, tandis que les deux autres, fendus en éclats comme des arbres que la foudre aurait frappés, sont tombés en travers de la Lys.
Décrivant ensuite une courbe, tout en se rapprochant de Gand, la trombe a renversé dans les prairies qui bordent la Lys, sur le territoire de Tronchiennes, cinq ou six peupliers et ormes, parmi lesquels deux que la foudre avait frappés quelques semaines auparavant. Les plus forts de ces arbres ont soulevés dans leur chute des remparts de terre de douze à quinze pieds d’élévations.
À partir de ce point, la trombe s’est dirigée, à peu près en droite ligne, vers le quartier de Saint-Pierre, en faisant une large trouée dans les rangées d’arbres, au nord de la plaine des courses.
Partout où l’ouragan a causé le plus de dégâts, il n’est tombé que peu de grêlons ; il en est tombé davantage, dans une direction plus septentrionale, à Tronchiennes, Mariakerke, Vinderhaute et Landeghem. Au faubourg de la porte de Bruges, les serres des frères Byls, ont été complètement brisées par les grêlons ou plutôt les glaçons qui y sont tombés.
À Zwynaerde, plusieurs arbres ont été déracinés. Là, comme du reste partout où l’ouragan est passé, les toitures des bâtiments et les carreaux des vitres ont aussi fortement souffert. » (Le Messager de Gand – 26/08/1853)
« Hier matin, vers sept heures et demie, par un vent d’ouest, un fort ouragan a éclaté sur notre ville. Les nuages étaient si épais et descendaient si bas qu’ils cachaient le sommet de la tour de Notre-Dame, et pendant quelques minutes l’air était tellement obscurci, que beaucoup de personnes se virent obligées de suspendre leur travail ou d’allumer des lumières. Une partie du pavillon qui flotte sur la tour fut emportée par la violence du vent. Nous apprenons que plusieurs esparres qui ont servi aux décorations des rues ont été cassées. Plusieurs navires en rade ont chassé sur leurs ancres sans éprouver des avaries. (J. d’Anvers) » (La Nation 25/08/1853)
« Les rapports qui nous parviennent de divers points autour de notre ville, tels que la Flandre et la Hollande, au sujet de l’orage de mardi matin, mentionnent une dévastation étendue. Dans le polder d’Austruweel, des granges sèches et une bergerie ont été détruites, et dans la commune de Merxem, seuls 80 à 90 arbres environ ont été arrachés. En Flandre, la tempête a déraciné des milliers d’arbres. » (Het Handelsblad 25/08/1853)
« Ce matin, entre 7 heures et 7 heures et demie, avec un fort vent de sud-ouest, le ciel de notre ville s’est assombri en quelques instants, à tel point que l’obscurité finale a fait craindre un violent ouragan. Mais presque aussitôt que les nuages se sont levés, ils se sont dissipés et le temps est redevenu calme.
Cependant, le vent avait déjà commencé à dévaster : les vases de porcelaine, qui avaient été placés près de la statue de la Dame au coin de la Shoe Market, ont été jetés et brisés ; le drapeau de fête flottait sur la tour de notre église principale ; dans la Stoofstraet, un arc de triomphe de Sint Julianus Gasthuis a été renversé ; et des vitres ont été brisées dans plusieurs autres rues. Plusieurs navires, qui faisaient route devant la ville, ont dérivé de leurs ancres, mais heureusement n’ont subi aucune avarie. On nous assure que dans le polder autour de Merxem, des arbres, des granges et des maisons ont été abattus.» (Het Handelsblad 23/08/1853)