Le vendredi 25 août 2023, le centre de la Belgique connaît sa première dégradation orageuse notable de l’année. Après l’épisode de la veille qui n’a concerné qu’une partie sud du pays, c’est tout un couloir allant du Hainaut au Limbourg qui est concerné par des orages à répétition et localement intenses. L’un des orages s’est démarqué par un comportement très venteux, générateur de dégâts sur l’est du Brabant Wallon.
Situation atmosphérique
Ces foyers orageux s’organisent sur une limite frontale à caractère de front froid qui ondule depuis la nuit sur le centre du pays, en lien avec un système dépressionnaire présent en mer du Nord, tandis que l’anticyclone se replie sur les Alpes. Le front délimite deux masses d’air, l’une subtropicale à l’est, et l’autre maritime à l’ouest. En altitude, le Jet stream, se positionnant de la Bretagne à la mer du Nord, pilote un noyau de divergence significatif sur l’est de la Belgique et l’Allemagne, favorisant les ascendances. De plus, on note que le contenu en humidité de la troposphère, particulièrement élevé, permet la survenue d’intenses précipitations.
Analyse de surface du 25 août 2023 à 8h00 heure locale. Source: DWD
Déroulement de l’offensive
Ainsi, dès 5h30 du matin, la convection démarre sur l’axe de convergence formé par le front, s’initiant dans la région de Cambrai – Albert, en France. Ensuite, les foyers orageux se multiplient rapidement le long du front, et se déplacent en direction du nord-est, en se réalimentant constamment par la frontière franco-belge.
Vers 7h00, nous retrouvons un dédoublement de l’axe convectif. D’une part, entre Tirlemont en province du Brabant Flamand et Nivelles en province du Brabant Wallon et d’autre part de Bruxelles à Silly en province de Hainaut. Les orages de la première ligne se déplacent vers le nord-est et ceux du second, moins actif, en direction du nord. Enfin, pour être complet, quelques faibles cellules transitent sur l’Ardenne.
Les cellules progressant vers le nord arrivent sur Bruxelles, Malines puis l’est de la province d’Anvers où elles se dissipent. Bien que leur intensité soit banale, la première d’entre elles se montre plus active. Elle passe entre Ninove et Bruxelles pour toucher Malines vers 7h30 et Turnhout à 8h15, avant de s’affaiblir. Cet orage produit des chutes de grêlons, compris entre 1 et 3 cm de diamètre, comme à Lier, Malines, Viersel, Pulderbos et Sint-Katelijn-Waver.
En parallèle, sur l’autre axe convectif, une cellule en particulier attire l’attention, car un écho en crochet perdure depuis Valenciennes (probable supercellule), alors qu’elle arrive à Saint-Ghislain en province du Hainaut.
Peu après, à 7h30, alors qu’un orage multicellulaire assez actif concerne Jodoigne en province du Brabant Wallon, l’orage présentant un écho en crochet durable touche Écaussines en province de Hainaut. À l’arrière, une autre cellule, bien que moins active, présente les mêmes caractéristiques sur Saint-Ghislain. Elle parcourt la même trajectoire en étant sur Mons vers 7h40.
Orage multicellulaire observé depuis Landen, en province du Brabant Flamand, le 25 août 2023.
Ensuite, l’orage principal arrive sur Nivelles en province du Brabant Wallon. À partir de ce moment, il semblerait qu’une restructuration s’opère, avec une évolution en un orage multicellulaire. Toutefois, son activité électrique ne fait qu’augmenter et devient intense. De même, des précipitations diluviennes sont déversées, engendrant des inondations à Seneffe et Nivelles.
Par après, l’orage actif progresse pour frapper Genappe, Ottignies et Chaumont-Gistoux. Des inondations sont observées dans son sillage, de même que des chutes de grêlons atteignant de 1 à 3 cm, comme à Bierges, Corbais, Villers-la-Ville et Walhain. En outre, de fortes rafales de vent provoquent localement des dégâts à la végétation, notamment à Ottignies. D’après les éléments disponibles (témoignages et observations de terrain), les dommages sont consécutifs à la survenue de rafales descendantes, de niveau T2 sur l’échelle de Torro (rafales de vent estimées entre 117 et 147 km/h).
Arbres brisés à la suite de rafales descendantes à Ottignies, en province du Brabant Wallon, le 25 août 2023. Crédit : François Riguelle.
De plus, des couloirs d’accélération sont identifiés, dans lesquels les dégâts les plus importants sont perpétrés, avec des arbres brisés et quelques légers dommages sur des bâtiments (tuiles faitières envolées, corniches arrachées). Bien que très localisés ces débris montrent une divergence et couplé avec l’absence de traces d’aspiration, la formation d’un phénomène tourbillonnaire peut être exclue.
Carte issue du radar des précipitations à 7h50. Source : Meteociel
Autour de 8h00, l’orage multicellulaire termine sa restructuration et forme un écho en arc qui atteint Incourt, Jodoigne et Ramillies. À ce moment, de puissantes rafales de vent engendrent des dégâts importants à la végétation, avec de nombreuses branches arrachées et des arbres brisés. Plusieurs véhicules ainsi que des habitations sont endommagés, bien qu’au niveau du bâti, les dommages soient légers, avec seulement quelques tuiles ou corniches envolées. Dans le même temps, des inondations sont également observées. Ainsi, de nombreuses routes sont fermées à la circulation.
Arrivée de l’écho en arc à Grand-Rosière-Hottomont, en province du Brabant Wallon, le 25 août 2023 à 8h00.
Pendant ce temps, le second orage présentant un écho en crochet et étant passé sur Mons vers 7h40 progresse sur La Louvière, Seneffe, Nivelles et Villers-la-Ville, avant d’évoluer lui aussi en un système multicellulaire. À l’arrière, une troisième cellule montre les mêmes caractéristiques près de Saint-Ghislain. Il est à noter que des structures nuageuses intéressantes sont visibles sous ces orages. En effet, plusieurs arcus sont observés, surtout à l’avant de la cellule principale. De même, les courants ascendants, parfois bien massifs et présentant des abaissements proches du sol, indiquent toute la vigueur des cellules.
Ensuite, entre 8h30 et 9h00, l’écho en arc traverse la province de Limbourg, mais en étant moins violent que sur l’est du Brabant Wallon. Seules des inondations sont observées à son passage, ainsi que des incendies causés par des coups de foudre à Diest, Zanklaar, Genk et Houthalem. À 9h00, il atteint la frontière néerlandaise à Maasmechelen pour concerner Maastricht. À ce moment, nous retrouvons un axe convectif depuis cette dernière ville jusqu’à Cambrai, en passant par Saint-Trond, Gembloux, La Louvière et Quévy.
Carte issue du radar des précipitations à 9h00. Source : Meteociel
Par après, la multitude de cellules continue à défiler le long de cet axe, répétant des passages pluvieux sur les mêmes localités. Quelques noyaux plus intenses sont observés, notamment dans le Hainaut où, vers 9h15, La Louvière est concernée par une cellule qui présente, elle aussi, un écho en crochet avant de franchir la frontière belge. Celle-ci progresse ensuite sur Nivelles et Genappe, aggravant les inondations, avant de perdre en vigueur sur l’est du Brabant Wallon autour de 10h00, moment où elle évolue aussi en écho en arc, mais en restant toutefois moins intense que l’orage survenu deux heures plus tôt. Le vent est toutefois notable puisqu’un membre de notre équipe mesure des rafales entre 60 et 70 km/h près de Grand-Rosière-Hottomont, dans le sud-est du Brabant Wallon. En outre, il est à noter qu’aucune station météorologique n’a enregistré de rafales significatives durant la journée, confirmant l’action très locale des vents les plus intenses.
Génèse d’un arcus se développant rapidement dans la région de Lavoir en province de Namur vers 12h55.
Globalement, l’activité orageuse va par la suite en diminuant, mais on notera, qu’à 11h00, une cellule plus active, se structurant aussi en écho en arc, arrive à Beaumont, en province de Hainaut. Elle perd aussi en activité une fois Charleroi atteint, en gardant toutefois sa structure arquée qui poursuit sa route à travers la Hesbaye, en étant précédée à nouveau d’un arcus bien dessiné. En outre, un peu de grêle est observée sur la région d’Éghezée. Peu après, ce foyer orageux connaît un sursaut de vigueur temporaire sur Waremme vers 12h15. À cet instant, les derniers orages franchissent la frontière franco-belge et progressent dans l’heure suivante en direction de la province de Limbourg, puis des Pays-Bas. Pour finir, on note qu’un coup de foudre cause des dégâts vers 13h15 à un bâtiment et engendre une coupure de courant généralisée à Tongres.
Activité électrique détectée durant la journée du 25 août 2023. Source : LightningMaps
En conséquence du déplacement des orages sur un même axe, les localités situées sous le rail orageux subissent d’intenses précipitations durant plusieurs heures. On enregistre ainsi en 8 heures de temps :
- 82,4 mm à Berg (BMCB, en province de Limbourg)
- 69 mm à Piétrain (privé, en province du Brabant Wallon)
- 67 mm à Bomal (privé, en province du Brabant Wallon)
- 65 mm à Maret (privé, en province du Brabant Wallon)
- 63,6 mm à Thorembais-les-Béguines (privé, en province du Brabant Wallon)
- 63,4 mm à Vreren (BMCB, en province de Limbourg)
- 60 mm à Nivelles (IRM, province du Brabant Wallon)
- 56,4 mm à Nivelles (MB, en province du Brabant Wallon)
- 54,2 mm à Vechmaal (BMCB, en province de Limbourg) et Hélécine (IRM, province du Brabant Wallon)
- 52,1 mm à Diepenbeek (IRM, en province de Limbourg)
- 51, 4 mm à Waremme (MB, en province de Liège)
- 49,8 mm à Gingelom (BMCB, en province de Limbourg)
- 49,6 mm à Tubize (MB, en province du Brabant Wallon)
- 45 mm à Saint-Trond (BMCB, en province de Limbourg) et Jodoigne-Souveraine (MB, en province du Brabant Wallon)
- 40 mm à Grez-Doiceau (BMCB, en province du Brabant Wallon)
- 39,6 mm à Ernage (IRM, en province de Namur)
- 35 mm à Ransberg (MB, en province du Brabant Flamand)
NB : Attention toutefois que ces pluies sont tombées sur deux périodes de mesures, quelques erreurs sont donc possibles. Par exemple, sur 24h (en comptant les pluies de la veille au soir), Hélécine atteint 71 mm et Waremme 74,5 mm.
Parfois, un véritable déluge tombe sous les noyaux durs. Par exemple, en seulement 10 minutes, il a été mesuré 20 mm de précipitations à Wavre et 23,2 mm à Berg. Dès lors, d’importantes inondations par ruissellement sont localement observées comme à La Louvière, Seneffe, Arquennes, Nivelles, Genappe, Chaumont-Gistoux, Perwez, Incourt, Hélécine, Tongres ou encore Waremme. De nombreuses voiries et des caves sont aussi sous eaux dans d’autres localités à la suite des coulées de boue et des refoulements d’égouts.
Coulée de boue à Opprebais, en province du Brabant Wallon, le 25 août 2023.
De plus, à Seneffe, la Samme entre en crue. À Nivelles, d’importantes inondations sont aussi observées dans le bassin de la Thines, le contournement sud de la ville étant sous près d’un mètre d’eau. La Dyle connaît également une crue éclair dans les communes qu’elle traverse, inondant des voiries, des caves et certaines habitations à Genappe, Court-Saint-Etienne, Ottignies et Wavre. En province de Liège, les régions de Waremme et Oreye sont particulièrement touchées. L’est du Brabant Flamand, notamment à Léau, Linter et Landen, est aussi concerné. La province de Limbourg est également touchée, surtout dans la région de Tongres, mais aussi à Genk, Diepenbeek et Maasmechelen.
Analyse détaillée de l’orage générateur des dégâts dans la province du Brabant Wallon
L’orage se développe peu après 6h00 au nord de Cambrai dans le département du Nord en France.
Au départ plutôt multicellulaire, une composante supercellulaire semble se mettre en place peu avant la frontière franco-belge à partir de 6h45. Une fois cette dernière franchie autour de 7h00, un écho en crochet persiste sur le flanc sud-est de la cellule.
Après 7h00, l’orage se renforce et montre encore davantage d’indices vers une évolution supercellulaire, avec un V-notch se dessinant sur son flanc nord, et un dipôle présent sur les imageries doppler, trahissant la présence d’un mésocyclone. De plus, la cellule connaît une déviation vers la droite du flux général.
En entrant sur le Brabant Wallon, l’orage perdure en touchant Nivelles vers 7h35 – 7h40. Cependant, peu après, à partir de 7h45, il semble évoluer rapidement vers un système multicellulaire, et prend les traits d’un écho en arc se dessinant réellement à 7h55 – 8h00, au moment de frapper Ottignies. Toutefois, une rotation semble persister un certain temps sur son flanc sud, avec un possible nuage mur observé par une équipe de Belgorage, mais ce dernier se retrouve de plus en plus en retrait de l’arcus.
À cet instant, les premiers dégâts venteux sont signalés, avec quelques branches et arbres abattus par endroits dans Ottignies. D’ailleurs, un RIN (Rear Inflow Notch) est visible sur cette même région sur les images radars. D’après les témoignages, des rafales descendantes sont observées.
Peu après, des dégâts sont perpétrés le long de la E411 entre l’aire de repos de Nil-Saint-Vincent et la sortie Corroy-le-Grand. Dans la continuité, à 8h05, Chaumont est atteint également ainsi que l’ouest de Sart-Risbart. Cependant, jusque là, les dommages restent légers avec quelques branches ou arbres brisés de manière disparate.
Toutefois, à 8h10, alors que l’orage arrive sur Jodoigne, le RIJ (Rear Inflow Jet) semble transpercer complètement l’orage. Les Rear Inflow Jets sont de puissants courants qui entrent de temps à autre dans une structure orageuse par l’arrière, et peuvent y déclencher de puissants phénomènes venteux. C’est d’ailleurs à ce moment que des dégâts plus importants surviennent (voir la partie « analyse des dégâts venteux » de l’article pour en savoir davantage). En outre, la cellule termine sa transition vers un système multicellulaire car l’intrusion de ce RIJ semble définitivement déstructurer le mésocyclone. D’ailleurs, par après, le dipôle disparaît des images Doppler.
Pourtant, la fréquence de l’activité électrique, bien que très majoritairement intranuageuse, devient ininterrompue et le pic d’intensité de cet orage est atteint. Ensuite, ce système poursuit sa route en faiblissant progressivement et gagne le Limbourg belge puis hollandais. Plus aucun phénomène venteux n’est signalé, la composante principale étant sa pluviométrie élevée. Les images ci-dessous, issues de Kachelmannwetter, nous montrent l’évolution de la cellule au cours de sa traversée du Brabant Wallon.
Carte issue du radar des précipitations le 25 août 2023 à 7h35. L’orage aux caractéristiques supercellulaires
arrive sur le Brabant Wallon pour toucher Nivelles.
Carte issue du radar des précipitations, le 25 août 2023 à 7h45. L’orage perd ses caractéristiques supercellulaires pour
évoluer en multicellulaire. Un RIN apparaît au niveau d’Ottignies, où les premiers dégâts venteux sont observés.
Carte issue du radar des précipitations le 25 août 2023 à 8h10. Un écho en arc s’est formé pour toucher Jodoigne. Au sud de la ville, un RIJ transperce la structure et les dommages sont importants au sol.
Carte issue du radar des précipitations le 25 août 2023 à 8h20. L’écho en arc arrive sur Saint-Trond tandis que la partie active
finit de balayer l’est du Brabant Wallon en commençant à faiblir.
Analyse des dégâts venteux dans la région de Jodoigne
Une enquête de terrain a permis de déterminer que des rafales descendantes sont à l’origine des dégâts observés. Un couloir de dommages, d’approximativement 3 kilomètres de largeur, a pu être identifié au sud de la ville, qui a elle-même été épargnée. Cependant, ce couloir s’évase progressivement au fur et à mesure de la progression du phénomène. Ainsi, au début, la largeur de la zone impactée est d’environ 1,5 kilomètres, pour 3,75 kilomètres à la fin.
En outre, les dégâts ne sont pas homogènes au sein du couloir. En effet, nous avons observé une série de zones bien plus restreintes et localisées, dans lesquelles les dommages sont plus conséquents. Il s’agit clairement de couloirs d’accélération du vent (Burst swath en anglais).
Les localités concernées sont Opprebais, Glimes (Incourt), Wastines (Perwez), Jauchelette, Jodoigne-Souveraine (Jodoigne), Bomal, Mont-Saint-André, Huppaye et Hédenge (Ramillies). Par après, les dégâts sont faibles et disparates sur la commune d’Orp-Jauche, prouvant que le phénomène s’est épuisé une fois la ligne du Ravel atteinte.
Carte illustrant le couloir de dégâts au sud de Jodoigne. Fond de carte : OpenstreetMaps
Légende : Lignes rouges = délimitation du phénomène.
Lignes bleues = couloirs d’accélération du vent (burst swaths) identifiés.
Points bleus = dommages importants observés.
Au niveau des dégâts, c’est la végétation qui paie le plus lourd tribut, avec de nombreuses branches brisées et des arbres abattus. En conséquence, de nombreuses routes sont coupées à la circulation. À Jodoigne-Souveraine, de sévères dommages sont portés à plusieurs parcelles forestières dans le bois Saint-Pierre. Dans l’une d’entre elles, plus de la moitié des arbres sont abattus. Parmi les essences touchées, on distingue surtout des peupliers, mais aussi des saules, des hêtres et des chênes.
Dégâts observés dans le bois Saint-Pierre à Jodoigne-Souveraine, le 25 août 2023.
Fait marquant, cette même parcelle a déjà été ravagée lors de la tornade du 28 juin 2011.
De nombreux arbres sont endommagés ou abattus dans le bois Saint-Pierre à Jodoigne-Souveraine, le 25 août 2023.
De même, plusieurs véhicules ainsi que des habitations sont endommagés par la chute d’arbres, notamment à Bomal. Dans cette même localité, un blessé est à déplorer à la suite de la chute d’un arbre sur une habitation, qui a causé l’effondrement de la toiture à l’étage. Des coupures de courant sont aussi observées suite à la rupture de câbles électriques et des générateurs sont installés le temps des réparations. De plus, des structures légères sont renversées, comme des abris de jardin, des hangars ou encore des panneaux et remorques publicitaires, comme à Wastines et Glimes.
Arbre brisé et champ de maïs versé à Wastines, en province du Brabant Wallon, le 25 août 2023.
Véhicule endommagé par la chute d’un arbre à Bomal, en province du Brabant Wallon, le 25 août 2023.
Au niveau du bâti, les dommages sont généralement légers, avec seulement quelques tuiles ou corniches envolées, par exemple sur l’église de Jauchelette. Cependant, le village de Bomal semble davantage atteint. En effet, plusieurs toitures subissent d’importants dégâts, avec des tôles envolées, des tuiles déplacées ou même des portions entières soufflées. En outre, certains débris sont retrouvés à près de 200 mètres (tôles, poutres, tuiles, branches d’arbres). Aucun élément ne fait toutefois penser à la survenue d’une tornade, bien au contraire.
Toitures envolées sur des bâtiments agricoles à Bomal, le 25 août 2023.
Toitures endommagées à Bomal, le 25 août 2023.
Dès lors, au vu des dommages constatés sur les habitations, l’intensité maximale du phénomène est estimée au niveau T3 (rafales de vent de 149 à 183 km/h). Toutefois, le niveau T4 semble avoir été approché sur base des dommages engendrés sur certains arbres.
Enfin, il faut également préciser que les dommages sont bien divergents, surtout lorsque l’on compare les deux extrémités du couloir. En effet, sur la bordure nord, les dégâts sont orientés nord-nord-est (même nord-nord-ouest pour certains) tandis que sur la bordure sud, ils sont plutôt orientés est-sud-est. Le même constat est réalisé dans les couloirs secondaires causés par les burst swaths, avec là aussi des dégâts divergents visibles dans les casses d’arbres et la végétation herbacée. En outre, pour donner un exemple du caractère localisé des plus fortes rafales, nous avons une ligne de vieux peupliers située entre Bomal et Mont-Saint-André. La moitié de cette ligne est abattue, tandis que l’autre moitié est presque intacte.
Ligne de vieux peupliers détruite entre Bomal et Mont-Saint-André, le 25 août 2023.
Dans le même temps, des inondations sont également observées. Ces dernières sont d’ailleurs plus importantes au sein du couloir de dégâts, montrant que le phénomène venteux allait de pair avec des pluies intenses. Une station privée à Bomal a d’ailleurs enregistré 67 mm de précipitations, dont la grande majorité sous ce seul orage. Pour conclure, il est à noter que cette même région a régulièrement été touchée par des phénomènes venteux récemment. Tornades en 2011 et 2014, rafales descendantes en 2010, 2016, 2019 et maintenant 2023. Est-ce le fait du hasard ou un haut lieu pour les phénomènes violents ? Nous n’avons pas assez de recul pour apporter une réponse pertinente.