13-14/08/2024 – Coup de chaleur et orages

Le lundi 12 août 2024, un coup de chaleur atteint la Belgique en lien avec l’arrivée d’une masse d’air d’origine tropicale. Les températures s’envolent entre 34°C et 36°C en plaine avant qu’une ligne de convergence n’apporte un peu de « fraîcheur » par l’ouest. Toutefois, cette fraîcheur maritime est relative puisque les températures restent élevées à l’arrière, de l’ordre de 28°C à 30°C. Mais l’air devient plus respirable, malgré une nuit suivante étouffante dans les villes.

Le mardi 13 août, la Belgique se retrouve dans des conditions de marais barométrique. L’inversion présente depuis la veille s’érode en cours de journée tandis que l’axe de convergence qui a traversé nos régions stagne sur nos frontières de l’est. Cependant, l’instabilité devient extrême pour nos régions, avec entre 3500 J/kg et 4000 J/kg de MUCAPE sur l’est du territoire. Logiquement, c’est sur cette partie de notre pays que les températures les plus élevées sont atteintes, entre 32°C et 34°C dans les vallées, et entre 29°C et 30°C sur les sommets.

Analyse de surface du 13 août 2024 à 20h00. Source : KNMI

Ainsi, malgré une dynamique très limitée, la convection démarre de manière explosive en fin d’après-midi. Dès 17h00, quelques cellules apparaissent le long de la frontière allemande près de Raeren, en province de Liège. Rapidement, de nombreuses tours convectives se développent dans la région. De manière très anarchique, certaines se développent jusqu’à l’orage.

Par endroits, l’activité électrique est élevée et des chutes de grêle sont observées. Vu le caractère peu mobile des cellules, des précipitations diluviennes surviennent, en causant très localement des dégâts des eaux avec des voiries et des caves inondées, ainsi que le débordement de petits cours d’eau. Les mêmes caractéristiques seront observées durant toute la soirée.

Orage sévissant sur Liège et photographié depuis Fouquemont aux Pays Bas le 13 août 2024 à 20h07

Ainsi, vers 18h00, l’activité orageuse s’étend aux régions de Vielsalm et Ferrières et plus globalement à tout l’est de la province de Liège dans l’heure qui suit. L’agglomération de Liège est également concernée entre 19h30 et 20h00, avec là aussi, quelques dégâts des eaux. En outre, des grêlons de 2 à 3 centimètres de diamètre sont signalés, notamment à Xhoris et Raeren. Isolément, de fortes rafales de vent engendrent aussi des dommages à la végétation, avec des arbres déracinés et des branches brisées. À cet instant, on note également un orage particulièrement virulent juste à l’ouest de Gouvy, en province de Luxembourg, qui se régénère inlassablement sur place pendant plus d’une heure.

Ensuite, vers 20h30, ces orages se dissipent, tandis que des cellules plus isolées et faibles se forment en province de Limbourg. Seul un orage plus actif est encore observé du côté de Waremme, en province de Liège, jusque 21h00. En outre, dans l’ensemble, l’activité électrique des orages reste essentiellement intranuageuse.

Cellules orageuses naissantes observées depuis la région de Gingelom, en province de Limbourg, le 13 août 2024 vers 22h00.

À ce moment, de nouveaux foyers se développent alors sur le sud de la Belgique, entre Arlon et Gouvy, en concernant Bastogne. Ils se décalent ensuite sur le Grand-Duché de Luxembourg, en montrant encore un caractère peu mobile et pluvieux, avec régulièrement de nouvelles cellules qui se développent à la tombée du jour dans la région d’Arlon. Mais l’activité principale reste en dehors de notre territoire, avec des inondations observées chez nos voisins luxembourgeois. Cependant, vers minuit, l’ensemble se dissipe.

Mais, peu après, de nombreuses cellules se développent rapidement plus au sud, en lorraine française. Vers 2h00 du matin, ces orages atteignent également la Belgique en touchant la Gaume, mais avec une activité qui décline assez vite. Une heure plus tard, ces développements vont commencer à se faire phagocyter par un MCS qui remonte depuis le Jura. En parallèle, d’autres foyers se forment sur l’Entre-Sambre-et-Meuse.

Orage observé depuis Heure, en province de Namur, le 13 août 2024 autour de 23h00.
On peut apercevoir un éclair internuageux et des mammatus.

Ensuite, entre 3h30 et 4h00 du matin, un nouvel axe orageux explose entre Charleroi et Anvers, en passant par Bruxelles. C’est dans la partie flamande que le rail d’orages se montre le plus virulent, avec une activité électrique et pluviométrique intense. Entre autres, la foudre provoque l’incendie d’une habitation à Wilrijk et à Kontich, en province d’Anvers. En province du Brabant Flamand, la foudre s’abat également sur une maison à Zemst.

L’ensemble se déplace lentement vers le nord, ce qui provoque localement d’importants cumuls de pluie. Des caves sont inondées comme à Boom, Willebroek et Schelle. Plusieurs voiries sont coupées à la circulation, notamment l’autoroute A12 qui est sous eau à Wilrijk et Schelle en province d’Anvers.

À partir de 5h00, l’activité orageuse s’effondre, tandis que la partie sud de l’axe convectif concerne l’ouest de la province de Namur et le centre des Brabants. Dans le même temps, on notera que le sud de la province de Luxembourg est touché par des pluies modérées à fortes en lien avec le MCS qui y acquiert un caractère stationnaire. Enfin, dès le lever du jour, l’ensemble se dissipe sur place, de sorte qu’à partir de 7h00, seules quelques pluies résiduelles sont encore observées sur notre pays, mettant un terme à cette dégradation orageuse, qui aura été plus sévère en Allemagne où des dégâts ont été observés par la grêle, les inondations, et les vents violents.

Activité électrique enregistrée durant la soirée et la nuit du 13 au 14 août 2024. Source : Lightningmaps

Au niveau des précipitations, les totaux fiables les plus élevés sont de :

70,4 mm à Schelle (WunderMap, province d’Anvers)
59,4 mm à Aartselaar (WunderMap, province d’Anvers)
57,4 mm à Ferrières (WunderMap, province de Liège)
51,4 mm à Radelange (BMCB, province de Luxembourg)
46,5 mm à Sivry (IRM, province de Hainaut)
44,5 mm à Neudorf (WunderMap, province de Liège)
40,7 mm à Ruette (Agromet, province de Luxembourg)
40,5 mm à Buzenol (IRM, province de Luxembourg)
38 mm à Etalle (MeteoBelgique, province de Luxembourg)
37,8 mm à Kappel-op-den-Bos (MeteoBelgique, province du Brabant Flamand)
35,1 mm à Schockville (Agromet, province de Luxembourg)
34,6 mm à Ferrières (Agromet, province de Liège)

Toutefois, les plus fortes pluies ont été, comme souvent, très localisées avec de fortes disparités observées sur de courtes distances, comme nous le démontre les deux valeurs disponibles autour de Ferrières. De ce fait, cette offensive orageuse est assez restreinte à l’échelle de la Belgique, et de nombreuses localités en sont restées à l’écart.

Definitioner

Orage

Les orages sont des phénomènes atmosphériques, qui ne peuvent se développer que dans une atmosphère instable.Les orages sont des phénomènes atmosphériques, qui ne peuvent se développer que dans une atmosphère instable. Pour que l’on puisse parler d’orage, il faut impérativement qu’une décharge électrique ait lieu, que ce soit entre les nuages et le sol, dans le nuage même ou entre les nuages. Tout phénomène atmosphérique qui ne produit pas d’éclairs ne peut donc être qualifié d’orage ! Un orage se compose d’une ou plusieurs cellules orageuses. Chaque cellule orageuse arrivée à maturité comprend un courant ascendant et un courant descendant. Les orages peuvent s’accompagner de violentes précipitations, de vents tempétueux, de grêle voire de tornades.

Marais barométrique

C’est une zone où la variation de pression est très peu marquée, même si celle-ci est un peu plus basse que les zones environnantes. En été, les situations dites de marais barométriques sont souvent favorables au développement d’orages.

MCS

Un MCS est tout d’abord le diminutif de Mesoscale Convectif System, ou Système Convectif de Méso-échelle en français. Ce sont des amas orageux de grande dimension (supérieure à 80km) composés d’une multitude de cellules orageuses. Il existe deux types de MCS : le MCS linéaire et le MCS circulaire. Les lignes de grains font partie des MCS linéaires tandis que les MCC ou les cyclones tropicaux font partie des MCS circulaires.

Inversion

L’inversion est un phénomène atmosphérique qui se produit lorsque la température augmente avec l’altitude au lieu de diminuer.

Instabilité

L’instabilité se produit lorsque la température d’une parcelle d’air soulevée est supérieure à celle de l'air environnant qu'elle rencontre en s'élevant. L’air étant alors plus chaud à l’intérieur de cette parcelle d’air que dans son environnement, elle va s’élever à la façon d’une montgolfière, via le principe d'Archimède. On rencontrera donc souvent des conditions d'instabilité quand de l'air en surface sera nettement plus chaud que l'air situé dans les couches supérieures, surtout si on note une rapide décroissance de la température avec l'altitude dans ces couches supérieures. L’instabilité désigne donc la proportion d’une parcelle d’air à se soulever.

Grêle

Précipitations se formant à l’intérieur d’un nuage orageux (cumulonimbus) et se présente sous forme de morceaux de glace appelés grêlons dont le diamètre est généralement compris entre 5 et 50 mm, parfois plus.

Foudre

La foudre est une décharge électrique qui se produit entre deux charges de polarité différentes. La haute température provoquée par celle-ci a pour effet de créer un plasma le long du canal qui sert de passage à la décharge électrique. Ce plasma lumineux est à l'origine de l'éclair.

Convergence

La convergence est une zone ou les flux d’air de différentes directions se rejoignent. Dans nos régions, on appelle souvent "ligne de convergence" une perturbation (liée à des courants convergents) qui se situe en dehors des perturbations frontales classiques (front chaud, front froid ou front occlus). Dans une situation idéale, on peut parler d'une ascendance provoquée par des vents contraires qui se rencontrent sans qu'il n'y ait de différence de température entre les deux masses d'air (par exemple, en été, air continental assez chaud et humide de nord-est rencontrant de l'air tropical maritime également assez chaud et humide). Ou alors, il peut même s'agir d'une convergence au sein d'une même masse d'air. En réalité, une ligne de convergence s'accompagne presque toujours de différences thermiques et on peut parler dans ce cas d'un mini-front.

Convection

Mouvements organisés dans une couche d’air entraînant des transferts verticaux de chaleur, de quantité de mouvement, etc. En journée, la surface surchauffée (sols ensoleillés par exemple) entraîne souvent des mouvements ascensionnels des particules d’air ; si ces dernières sont assez humides, ces mouvements convectifs favorisent la condensation et sont à l’origine de nuages à développement vertical de type Cumulus.

Chaleur

Forme d'énergie transférée par les différences de températures. On l'appelle "chaleur sensible" pour la distinguer de la "chaleur latente". La chaleur s'exprime en Joules ou en calories.

Air

Mélange de différents gaz constituant l’atmosphère terrestre. Cette dernière est composée principalement d’azote (78%), d’oxygène (un peu moins de 21%) et d’argon (1%).