La journée du mardi 22 octobre 2013 fut remarquable pour son contexte météorologique étant donné que nous avons pu observer un ciel lumineux accompagné par des températures oscillant autour des 20 à 22°C, ce qui constitue des valeurs exceptionnelles sans pour autant dépasser des records. De plus, cet air très doux fut surplombé par une masse d’air plus fraîche et une dynamique d’altitude bien établie, propice à la naissance et à l’évolution d’orages. Pour ces derniers cependant, ce n’est qu’en soirée que les foyers orageux se formèrent au niveau de la France, juste à l’avant d’un front froid. Ceux-ci évoluèrent assez vite en un amas convectif plus ou moins actifs débouchant même vers un MCS (système orageux de grande envergure) une fois arrivé en Belgique.
Activité électrique durant le passage du MCS.
Source : Blids
Le MCS qui traversa une bonne moitié sud du pays sans avoir pour autant concerné la Lorraine, fut assez disparate dans son activité. En effet, on pouvait observer quelques orages actifs isolés au sein d’une masse pluvieuse homogène.
Toutefois, là où des cellules se sont activées, l’ensemble des éléments présents en altitude, notamment le courant jet, pouvaient donner un sacré coup de pouce pour que des phénomènes intenses puissent se manifester. Parmi ceux-ci, on note de fortes rafales de vent capables d’engendrer des dégâts, ceux-ci s’étant notamment concrétisés dans la région de Libramont où des arbres furent déracinés. Il est probable que ces dommages soient le fruit de rafales convectives et/ou descendantes.
Les précipitations furent également de la partie mais de façon très ponctuelles de sorte que les zones de fortes pluies étaient généralement très restreintes au sein des orages. Quant à l’activité électrique, celle-ci n’a pas été très marquée mais on note la plus forte présence de coups de foudre le long d’une structure arquée qui s’est formée dans la partie sud du MCS. Malgré des précipitations plutôt modérées sous l’écho en arc, la présence d’une activité électrique plus soutenue alliée à un déplacement rapide induit une grande probabilité pour que des vents forts soient survenus durant son passage. La région de Libramont (où des dégâts ont été reportés) ayant été sur sa trajectoire confirme d’ailleurs la présence de vents puissants. La fréquence plus élevée des coups de foudre a pu se produire probablement grâce à un brassage de l’air entre les courants ascendants et descendants plus actifs au sein de cette structure qu’ailleurs dans le MCS.
Masse pluvieuse entourant quelques cellules actives au sein du MCS.
Source : Buienradar
Cela dit, pour revenir au niveau des cellules isolées dans la masse du MCS, certaines d’entre elles ont entretenu une activité durable même si elles n’étaient pas très étendues. Par ailleurs, on observa aussi une cellule isolée en dehors dudit MCS, au niveau de la province de Luxembourg, celle-ci s’étant développée à l’avant de l’écho en arc. Bien que peu active au niveau des coups de foudre nuage-sol, nous pensons que de puissantes rafales de vent ont pu être générées par cette cellule qui pourrait bien être une supercellule. On note également une durée de vie dépassant l’heure et quelques témoignages rapportant des vents puissants au passage de cet orage en particulier.
Au final, nous retenons une durée de vie du système assez importante puisque celui-ci s’est formé vers le département des Ardennes en France aux environs de 19h00 pour ensuite s’étioler au nord-ouest de l’Allemagne après cinq heures d’activité.