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31/08/1888 – Trombes marines et tornade

    Le 31 août 1888 est une journée particulièrement froide et pluvieuse pour la saison en Belgique, qui clôture d’ailleurs un été très maussade et, par moments, très froid. À plusieurs reprises, des gelées blanches ont même été observées dans la région de Bastogne, tandis que sur les sommets de l’Ardenne, les thermomètres se sont rapprochés très près du point de congélation.

    L’été (en particulier le mois d’août) a également été assez orageux, même très orageux sur le centre. Ainsi, les jours d’orages ont été particulièrement élevés, avec plus de 40 jours sur l’été. Rien qu’au mois d’août, on dénombre 7 jours d’orages dans le centre, avec, le 12, pendant la soirée, un nombre d’éclairs absolument terrifiant.

    Pour en revenir au 31 août, la température maximale n’a guère dépassé 15-16°C dans la région bruxelloise, alors que le pluviomètre a recueilli quelques 15 mm. Et, au littoral, pas moins de quatre trombes sont observées en début de soirée, l’une d’elles évoluant même en tornade à Ostende.

    Voici un témoignage de cet évènement :

    « Passant près d’Uitkerke (Blankenberge) le 31 août vers 5 h 25 du soir [= environ 19 h de nos jours], j’aperçus vers l’ouest une trombe dont la base était cachée par la chaîne de dunes. Il pleuvait à droite et à gauche. La nuée d’où la trombe prenait naissance était formée de cumulo-stratus sombres et assez agités [sans doute cumulonimbus + cumulus + stratocumulus]. Quelques minutes après, la base sembla s’amincir et se détacher de terre. Ensuite, la pluie commença à tomber devant la trombe, l’entonnoir supérieur s’effaça et on n’aperçut plus que faiblement le corps même du phénomène.
    À
    peine la trombe avait disparu qu’il s’en forma une seconde à gauche de l’endroit où avait apparu la première. Mais, au bout de quelques instants, l’entonnoir qu’elle avait formé cessa de s’allonger et remonta dans la nuée d’où il était parti. En même temps, et plus à droite, apparut une troisième trombe, qui descendit beaucoup plus bas, et qui disparut également sans atteindre le sol. J’ai entendu dire que la première trombe, qui venait du large, s’était évanouie dans les dunes, près du Coq. Les trois trombes avaient une forme légèrement ondulée et présentaient une inclinaison sensible de l’O à l’E. Vu la distance à laquelle je me trouvais, je n’ai pu apercevoir le mouvement de giration. » (Auteur du témoignage : M. G. De Brandner, avocat).

    Admirable description des trombes marines qui meurent sitôt qu’elles atteignent la terre ferme.

    Voici également un article de presse décrivant cet événement :

    « Vendredi, vers 5h ½, un phénomène fort rare s’est produit à Ostende. Une immense nuée, très noire, couvrait tout l’horizon du côté du nord. Tout à coup, un vaste entonnoir se forma dans le ciel, la queue tourbillonnante se dirigeant vers la mer. On voyait parfaitement le mouvement de rotation et d’aspiration de la trombe, qui était emportée vers la terre. La queue vint se briser sur la dune et on aperçut alors cette queue s’enroulant en spirale et s’absorbant dans l’immense entonnoir, avec un mouvement de rotation effrayant. Plusieurs miliers de personnes assistaient, de la digue, à ce phénomène céleste, vraiment émouvant. » (Le Peuple – 3/09/1888).