Le dimanche 10 décembre 2000, des orages très venteux causent des dégâts dans une bonne partie de la Belgique. Les rafales de vent atteignent 112 km/h à Saint-Hubert (province de Luxembourg), 119 km/h à Gosselies (province de Hainaut) et 122 km/h à Bierset (province de Liège). En France, deux tornades sévissent dans la région du Nord-Pas-de-Calais, et une troisième en Champagne-Ardenne. Quant au vent, il atteint 111 km/h à Abbeville et à Charleville-Mézières et 126 km/h à Saint-Quentin.
La matinée du 10 décembre est en général fort nuageuse, avec des périodes de pluie faible ou de bruine. Les températures ne bougent que peu depuis la nuit, tournant autour de 8°C à Gosselies en province de Hainaut et Bierset en province de Liège. La pression, en baisse durant la nuit, atteint un premier minimum à 1003 hPa à 6h00 à Koksijde en province de Flandre Occidentale, 1008 hPa à Gosselies à 8h00 et 1009 hPa à Bierset à 9h00. Ce petit minimum s’accompagne d’une rotation des vents du sud au sud-sud-ouest, ceux-ci forcissant quelque peu : les rafales atteignent 61 km/h à Gosselies et à Bierset. Elles tournent généralement entre 50 km/h et 60 km/h dans les autres stations du pays.
Durant le reste de la matinée, le vent se replace et se maintient au sud-sud-ouest tout en diminuant en force (rafales maximales de 40 km/h à 50 km/h) tandis qu’on observe une hausse généralisée du mercure. Celui-ci pointe à 11,4°C à Gosselies en début d’après-midi et 10,6°C à Bierset à peine plus tard. Toutefois, une évolution intéressante est celle du baromètre : après avoir atteint 1009 – 1010 hPa en Wallonie, il entame une nouvelle baisse, certes peu prononcée, mais qui indique l’arrivée d’une nouvelle limite. En altitude, un rapide courant de jet stream se présente par l’ouest du pays, le plaçant en sortie gauche dudit jet. De puissantes ascendances s’exercent ainsi sur une masse d’air rendue instable par l’irruption d’un talweg d’altitude transportant de l’air très froid.
Cette seconde limite atteint l’extrême ouest de la Belgique dans l’après-midi mais le signal de son passage à Koksijde est relativement hasardeux. Si la pression atteint un second minimum avant une remontée modérée, la saute de vent n’atteint que 79 km/h, tandis que la direction oscille autour du sud-ouest. La température n’évolue que peu, oscillant entre 10 et 11°C, tandis que des averses sont notées. Côté français par contre, la situation est toute autre : la rotation du vent s’accompagne de puissantes rafales : 95 km/h à Dunkerque et à Cambrai dans le département du Nord, 100 km/h à Boulogne (département du Pas-de-Calais), 111 km/h à Abbeville (département de la Somme) avec de l’orage ou encore 126 km/h à Saint-Quentin (département de l’Aisne), ici aussi avec de l’orage. Peut-être plus remarquable encore est l’occurrence de deux tornades dans l’extrême nord de la France. La première frappe Seclin dans le département du Nord, au sud de Lille, en provoquant des dégâts mesurés (EF1 sur l’échelle améliorée de Fujita). La seconde, plus puissante, touche Houdain dans le département du Pas-de-Calais, à l’ouest de Lens, et les dégâts sur le bâti sont ici plus conséquents. De nombreuses toitures ont été arrachées et certains murs porteurs sont à moitié renversés (EF3 sur l’échelle améliorée de Fujita). On notera que ces phénomènes ne sont séparés que par une grosse vingtaine de kilomètres.
Plus tôt, en fin de matinée, le cap de La Hève (près du Havre dans le département de la Seine-Maritime) avait enregistré au passage de la limite une violente rafale de 161 km/h et un vent moyen à 95 km/h, le tout accompagné d’une forte chute de grésil et une chute de température de plus de 4°C.
En cours d’après-midi, la ligne de grains balaye la Belgique ainsi qu’une bonne partie du nord de la France. Si le vent mesuré à l’aéroport de Lille-Lesquin n’est pas violent, à Chièvres, en province de Hainaut, il monte à 101 km/h. À Gosselies, la limite passe entre 14h00 et 15h00, entraînant la rotation du vent du sud-sud-ouest à l’ouest-sud-ouest, et surtout une brutale montée en puissance : de 60 km/h à l’avant, il monte à 119 km/h au plus fort de la tempête. À Bierset, c’est entre 16h00 et 17h00 que ce phénomène est observé, avec des pointes jusqu’à 122 km/h. De fortes averses sont signalées sur ce laps de temps. Ce vent tempétueux ne dure que peu de temps puisqu’au relevé horaire suivant, les rafales sont retombées tandis qu’on observe une hausse du baromètre. D’autres puissantes rafales sont mesurées en Wallonie : 97 km/h à Florennes en province de Namur, 112 km/h à Saint-Hubert en province de Luxembourg, 126 km/h à Spa-La Sauvenière et 94 km/h à Elsenborn, ces dernières régions étant situées en province de Liège. En Flandre et à Bruxelles, les rafales sont en général plus ou moins importantes.
Il est intéressant de noter que de nombreuses stations météorologiques du pays signalent de l’orage au passage de la zone la plus active : Semmerzake, Deurne, Zaventem, Florennes, Beauvechain, Saint-Hubert, Meix-devant-Virton, Genk…
Côté français, cette zone intense s’observe également avec une rafale de 111 km/h à Charleville-Mézières, mais surtout avec une nouvelle tornade à Mourmelon-le-Grand entre Reims et Châlons-en-Champagne (EF1 sur l’échelle améliorée de Fujita).
En Allemagne, on note plus tard en soirée 112 km/h à Francfort. À Luxembourg, de l’orage est également signalé.
Le passage de ce coup de vent orageux est très médiatisé en raison des dégâts qu’il engendre. De nombreuses toitures sont endommagées aux quatre coins du pays, tandis que des arbres sont abattus par dizaines. Partout, il est fait mention de l’arrivée brutale du phénomène.
En province de Luxembourg, outre les dégâts, le paroxysme de l’épisode coïncide avec le coucher de soleil, offrant la représentation impressionnante d’un « ciel noir se déchirant parfois sur un soleil couchant couleur rose » (L’Avenir, 11 décembre 2000). À Izel, la destruction de trois bâtiments agricoles semble être attribuée à un violent phénomène venteux local non identifié. À Etalle, on évoque un orage durant un quart d’heure. L’orage est également évoqué dans les régions de Bertrix, Bouillon et Bastogne.
Dans la province de Brabant wallon, de la grêle a été signalée au passage des rafales. Là aussi, de l’orage est évoqué.
Dans l’ouest de la province de Hainaut, ce sont davantage les pluies qui ont posé problème, engendrant quelques inondations. Dans l’arrondissement de Charleroi, le vent est suffisamment puissant pour arracher le câblage des lignes à haute tension, tandis que des antennes GSM sont désolidarisées de plusieurs châteaux d’eau.
Les conséquences sont dramatiques en province de Namur où une personne perd la vie à Saint-Gérard. De l’activité orageuse est évoquée en Entre-Sambre-et-Meuse et de la grêle est signalée à l’est de Philippeville.
Il est à noter que ces intempéries ont fait l’objet d’un arrêté royal (Arrêté du 18 octobre 2001) les définissant comme calamité publique dans trente-sept communes.