Le 5 novembre 1530, à l’époque de Charles Quint, une violente tempête causa énormément de dégâts en Belgique, surtout à cause d’une submersion marine exceptionnelle. Ainsi, pas loin du quart de la Flandre se retrouva submergé.
« Un vent de Nord-Ouest souffla avec tant de violence depuis huit heures du matin jusqu’à cinq heures du soir que les eaux de la mer rompirent la plupart des digues de Hollande, de Flandre et de Brabant et se répandirent au loin dans les plaines, en détruisant les châteaux, les villages et les villes. Les places fortes elles-mêmes ne purent résister à la tourmente, puisque Flessingue, l’Ecluse et Ostende furent en parties détruites en ce jour néfaste. Pour nous borner au récit des maux que cette tempête causa à nos provinces, nous dirons brièvement que la digue devant Anvers fut rompue en trois endroits et que vingt-un villages furent abimés sur ce point avec la plupart des habitants, tout le bétail, les meubles, les grains, etc. D’Anvers à Bergen-op-Zoom, toutes les paroisses qui longent l’Escaut devinrent la proie de la mer. »
« Les personnes qui eurent le temps de chercher un asile sur les arbres, les maisons et les tours ne firent que reculer l’heure de leur mort, car il fut impossible, pendant plusieurs jours, de les secourir. Des milliers de malheureux périrent ainsi de faim, de fatigue et de froid. »
« À peu de distance d’Anvers, une foule de campagnards s’étaient sauvés sur une tour d’église, après avoir lutté pendant deux fois vingt-quatre heures contre la faim, le froid et la crainte, ils virent enfin arriver un bateau à leur secours ; tous le saluèrent par des cris de joie et de reconnaissance ; mais la tour, minée par les flots, s’écroula tout-à-coup lorsque le navire n’était plus qu’à peu de distance ; aucun de ces malheureux ne fut sauvé. »
« La ville d’Anvers elle-même eut beaucoup à souffrir. L’eau inondant les rues se répandit dans les caves en abimant les épiceries et les autres marchandises et provisions des négociants et bourgeois. L’inondation s’étendit jusqu’à Termonde, Gand et Audenarde. Le plat pays de la Chatellenie de Gand fut entièrement ravagé. L’Escaut déborda en plusieurs endroits. Un auteur assure que le quart de la Flandre fut inondé et qu’on aurait eu à déplorer de plus grands malheurs encore si la hauteur de l’eau avait pu croître de trois pieds. »
« Quand les flots se retirèrent (ce qui dans plusieurs localités n’eut lieu qu’au bout de quelques mois), on trouva partout les cadavres entrelacés, des personnes qui avaient rencontré la mort d’une manière aussi terrible. »
Auteur des extraits de journaux : Ainé Coolmans (Revue de Bruxelles février 1838).