Le 1er novembre 1570, alors que la Belgique faisait partie des Pays-Bas espagnols, une terrible tempête toucha la mer du Nord. De la France à la Norvège, les dégâts sont énormes.
« Dans la soirée de ce jour mémorable un vent de Nord-Ouest commença à tourmenter si fort la mer que peu de digues et d’écluses résistèrent aux flots mutinés. Dans les provinces de Frises, de Hollande et de Zélande, l’irruption des eaux fut si subite, que des milliers de personnes perdirent la vie dans leurs lits. Les maisons emportées par les flots se rencontraient dans les campagnes et s’entrebrisaient avec fracas. Les bateaux allaient se déchirer contre les clochers des églises. Trois mille personnes périrent en Zélande. En Frise le nombre des morts fut porté à vingt-mille. Les chiffres nous dispensent de toute description. »
Dessin représentant les inondations du 1er novembre 1570 à Anvers, de Hans Moser.
« Les eaux salées firent irruption en Flandre par le Sas de Gand, par l’Ecluse et par les digues construites non loin d’Anvers sur la rive gauche de l’Escaut. Elles inondèrent plusieurs rues de Gand et repoussèrent la Lys et la Dendre vers leurs sources, de manière que les villes de Grammont, Ninove, Deynze, etc. furent submergées, phénomène qui n’avait jamais été observé. Bruges, Dunkerque, Gravelines, Nieuport, Ostende, Watervliet et les campagnes environnantes restèrent ensevelies sous les ondes pendant trois jours. »
« Le Brabant éprouva de moindres pertes. Toutefois les eaux couvrirent une partie de la ville d’Anvers et abimèrent les marchandises qui se trouvaient dans l’entrepôt public, dans des caves et dans des magasins particuliers. L’église de Notre-Dame se remplit d’eau à une hauteur de deux aunes. Un navire long de 150 pieds fit naufrage sur le quai Anglais. »
Anvers à l’époque des Pays-Bas espagnols. Source : gettyimages
« La Flandre Zélandaise éprouva une révolution terrible. Les localités appelées Jonkvrouwergat, Passegueule, Brandkreek et Coxyschegat furent de nouveau ravagées et le Zwyn réuni au Brackman. Coxy, Nieuwerkerk et Wulpen, avec les maisons qui couvraient ces jolis villages, furent si parfaitement rasés qu’il ne resta pas un seul arbre debout. Les villes d’Ysendyke et de Biervliet restèrent presqu’invisibles pendant 8 heures, les eaux ayant atteint une hauteur de 30 pieds. »
« Un historien hollandais a calculé que cette tempête coûta la vie à environ cent mille hommes, parmi lesquels nous pouvons compter dix mille Belges. »
Auteur des extraits de journaux : Ainé Coolmans (Revue de Bruxelles février 1838).