En Belgique, le mois d’août 1827 fut un mois d’été bien de chez nous, avec de la fraîcheur, de la grisaille et parfois de la pluie et des orages. Mais le début du mois a présenté une période chaude. Parmi les quelques observations dont nous disposons en Europe à l’époque, nous pouvons constater des températures très élevées le 2 août avec 32°C à Paris et 30°C à Jena (Allemagne – à l’époque Grand-Duché de Saxe-Weimar-Eisenach). Le 3 août, on n’observe plus que 28°C à Paris, mais 32°C, à présent, à Jena. Le 4 août 1827, il fait partout 24°C à 25°C.
Les données de vent que nous avons des Pays-Bas nous indiquent une circulation tropicale continentale les 1 et 2 août, tropicale maritime le 3 août et maritime (assez méridionale) le 4 août.
On peut en déduire que nous avons affaire à une dégradation orageuse typiquement estivale, avec d’abord un couloir d’air très chaud avec températures supérieures à 30°C, suivi d’un air légèrement moins chaud mais plus humide (spanish plume) et enfin un air nettement plus maritime après un front froid, sans doute précédé d’une convergence pré-frontale.
Le récit ci-après nous indique que les orages ont été particulièrement violents en Campine et aux Pays-Bas du côté de Maastricht. Les faits ont été rapportés à l’époque par M. Crahay, observateur à Maastricht :
« Le 3 août, à la suite de quelques jours de chaleur excessive, un orage s’annonce à 7 heures du soir. Les nuages orageux sont très élevés et s’avancent du sud-ouest au nord-est. On n’entend pas de forts éclats de tonnerre, mais un roulement continu ; les éclairs se succèdent presque sans interruption. Les personnes qui ont observé le ciel au commencement de l’orage ont remarqué dans les nuages, d’une teinte extrêmement sombre, un mouvement particulier, par lequel ils semblaient se replier rapidement et à plusieurs reprises sur eux-même et s’entremêler. Bientôt, des masses de glace viennent frapper la terre, nous en avons ramassé dont le diamètre avait jusqu’à 6 centimètres ; on assure qu’il en a été vu de bien plus considérables […]
Représentations de l’arrivée de l’orage dans la région de Tongres, en province de Limbourg, le 3 août 1827. Crédit : Frédéric Godefroid©Belgorage
« Trois orages successifs commencèrent à verser de la grêle avant qu’il tombât de la pluie. À chaque reprise, les grêlons étaient moins gros, quoique encore d’une dimension extraordinaire ; mais ils étaient plus abondants, surtout la seconde fois. À chaque chute aussi, les masses qui tombaient les premières étaient les plus grosses ; les suivantes diminuaient graduellement d’épaisseur.
« On se figure aisément les dégâts causés par ces glaçons, qui descendaient par une chute oblique et dirigée à peu près du sud-ouest au nord-est, sur toute la zone exposée à leurs ravages, et les villes de Maastricht, de Tongres, de Saint-Trond, etc . y étaient comprises.
« Dans notre province [Maastricht], des milliers de vitres furent cassées ; des tuiles et des ardoises furent brisées sur les toits ; beaucoup d’arbres furent blessés, au point que sur quelques-uns, on ne reconnaissait plus les végétaux qu’ils avaient portés. »