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04/06/1839 – Orages violents

    Lors d’une journée fraîche et maussade, une incroyable quantité d’eau s’abattit sur Bruxelles. 108 mm d’eau, d’après les mesures de l’époque, à l’Observatoire de Bruxelles.

    Durant les jours précédents, les vents d’est ont apporté du beau temps assez chaud (autour de 25°C) à la fin du mois de mai puis temporairement plus frais (18-19°C) le 2 juin. Le 4 cependant, le vent tourna au nord-ouest et il fit plus frais (18°C environ) et surtout nettement moins beau.

    Voici un rapport des faits :

    « La pluie du 4 commença avant midi (de nos jours, avant 13 h 45) et, jusqu’au soir, elle ne présenta rien de particulier. L’orage ne commença à se déclarer avec intensité qu’après 8 heures (de nos jours : après 21 h 45) ; la pluie était chassée avec force par un vent violent dont la direction venait de nord et, plus tard, il passa à l’ouest. Pendant plus de trois heures, la pluie tomba avec une abondance dont nous n’avons guère d’exemples dans nos climats. Les coups de tonnerre étaient forts et se succédaient à intervalles très rapprochés. […]

    Dans plusieurs endroits, les récoltes ont été détruites et les campagnes, inondées. Dans le jardin de l’Observatoire, plusieurs arbres ont été déracinés ; trois peupliers ont été renversés. […]

    Les communications par le chemin de fer furent interrompues en plusieurs endroits ; un grand nombre de bestiaux à Wyl, à Kraainem, à Diegem ont péri avec leurs étables mais le désastre le plus déplorable est sans contredit celui du hameau de Borgt, près de Vilvorde (ici, d’autres sources parlent d’une trombe), qui a été presque totalement détruit avec plus de quarante de ses habitants morts sous les décombres ou ensevelis sous les eaux. L’orage en général a sévi avec le plus d’intensité dans toute l’étendue de la vallée de la Woluwe et du côté de Bertem où l’on a eu à regretter également la perte de onze personnes.

    La quantité d’eau tombée dans ces différentes localités doit avoir été considérable, puisqu’à Bruxelles, éloignée d’une dizaine de kilomètres du théâtre de ces grandes dévastations, la quantité d’eau recueillie sur la terrasse de l’Observatoire, le lendemain, vers midi, s’élevait à 112,78 mm ; quantité énorme puisqu’elle forme un sixième de l’eau qui y tombe annuellement. Il convient de dire cependant que l’eau recueillie était tombée pendant une période plus longue que 24 heures ; en ne tenant compte que de l’eau recueillie à 9 heures du matin, et qui s’élève à 108,46 mm, cette quantité est encore bien considérable pour nos climats. »

    On dit encore, à propos de cet orage, que « toute la contrée comprise entre Bruxelles, Malines et Louvain avait l’aspect d’une mer ». La zone touchée était d’ailleurs plus grande encore car la ville de Gand a également recueilli de grandes quantités d’eau dans son pluviomètre ; en l’occurrence, 77 mm. En outre, un éclair très vif y a été observé en soirée. À Alost, le vent a soufflé avec violence en fin d’après-midi puis, après une accalmie, il a soufflé avec plus de force encore en soirée.

    Auteur du rapport : M. Adolphe Quételet