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15-16/08/1850 – Orages et très fortes pluies

    Ce sont des orages qui, de nos jours, n’auraient pas été photogéniques du tout. Le ciel est couvert toute la journée, tant le 15 août que le 16 août 1850. Le 15 août, il fait encore assez doux avec 21°C après des orages matinaux, suivis d’un ciel gris quasi uniforme, avec « nuages supérieurs stationnaires ». Dans cette grisaille, un nouvel orage éclate l’après-midi, puis un autre le soir, très violent celui-là avec des pluies diluviennes.

    Le 16 août 1850, la pluie reprend de façon très forte dès minuit et tombe toute la nuit, puis encore pendant une grande partie de la journée sous un ciel, cette fois-ci, tout à fait uniforme. En après-midi, on entend à nouveau le tonnerre gronder (cumulonimbus enclavé) et ce n’est que le soir que la pluie diminue et devient intermittente. Il fait frais désormais, avec un maximum de 17°C atteint en matinée, ensuite la température oscille entre 16°C et 17°C tout au long de l’après-midi et du soir. En 24 heures (entre le 15 août à 21h00 et le 16 août à 21h00), on ne recueille pas moins de 111 mm à Bruxelles.

    Illustration de l'ambiance  qui devait régner dans un domaine bruxellois le 15 et 16 août 1850. Crédit : Frédéric Godefroid.Illustration de l’ambiance qui devait régner dans un domaine bruxellois les 15 et 16 août 1850. Crédit : Frédéric Godefroid©Belgorage
    Illustration du passage d'un orage diluvien dans un domaine bruxellois le 16 août 1850. Crédit : Frédéric Godefroid.Illustration du passage d’un orage diluvien dans un domaine bruxellois le 16 août 1850. Crédit : Frédéric Godefroid©Belgorage

    Le rapport d’Adolphe Quételet :

    « Cette pluie est, après celle du 4 juin 1839, la plus abondante que j’aie eu l’occasion d’observer ; j’en rappellerai les principales circonstances.

    « À Bruxelles, il avait plu dans la soirée du 14, mais le 15 seulement, la pluie commença à tomber en grande abondance. Trois orages éclatèrent successivement dans la journée : le premier, à 8 heures du matin, dura une demi-heure environ ; le second, plus violent, commença à 4 heures 30 [de l’après-midi] et finit vers 6 heures du soir ; mais le plus épouvantable de tous, le troisième, eut lieu à 7 heures et  46 minutes [du soir] et fut accompagné d’une pluie diluvienne qui tomba jusque vers 9 heures [du soir]. À minuit, la pluie reprit de nouveau, et continua alors de tomber par torrents pendant toute la nuit et la journée du lendemain 16, jusque vers 9 heures du soir.

    « Depuis l’année 1833, où l’on a commencé, à l’Observatoire Royal de Bruxelles, à enregistrer chaque jour, à midi, la hauteur de la pluie tombée, trois fois seulement celle-ci a été de plus de 50 millimètres en 24 heures : en 1833, du 7 au 8 juillet, on a eu 53,1 mm ; en 1839, du 4 au 5 juin, 112,8 mm, et du 15 au 16 de ce mois, 78,2 mm. Le 16, de minuit à 9 heures du soir, on en recueillit encore 33,1 mm, et comme la pluie n’a commencé à tomber avec abondance que la veille en soirée, on obtient, en ajoutant l’eau mesurée à midi et à 9 heures du soir, un total de 111,3 mm en 24 heures environ, une quantité extraordinaire puisqu’une seule fois en 18 années, elle a été dépassée, mais de 1,5 mm seulement : c’est le 5 juin 1839. […]

    « La hauteur de l’eau recueillie à Gand le 16, à midi, a été de 62,1 mm. […] La pluie était accompagnée de violents coups de tonnerre ; elle a commencé le 15, à 6 heures et demie du soir, et elle a continué dans la nuit jusqu’au lendemain matin vers les 8 heures ; le reste de la journée du 16 s’est passée sans pluie. Pendant cette dernière journée et celle du 15, les instruments météorologiques, à Gand, n’ont rien présenté de particulier ; le baromètre est resté de deux à trois millimètres au-dessous de sa moyenne, et le vent a soufflé constamment du nord. »