Le samedi 17 juillet 1852, un système orageux particulièrement violent frappe la province de Namur et l’est du Hainaut, avant de remonter vers le Limbourg. Selon les descriptions, il pourrait s’agir d’un système multicellulaire avec des supercellules imbriquées, mais ce n’est qu’une hypothèse. Il aurait été précédé d’un arcus à Namur, où il est décrit que les nuages amoncelés avaient l’aspect des couches de lave volcaniques superposées les unes aux autres. Sur son passage, les dégâts dû à la grêle et au vent sont très importants et plusieurs personnes sont grièvement blessés. De plus, à Couvin, il n’est pas exclu qu’une tornade ait pu se former, au vu des dommages.
Un autre orage, tout aussi violent et semblant être séparé du système orageux principal, concerne les environs de Alost.
Voici des exemples issus de nombreux extraits de journaux qui relatent les faits à l’époque :
« L’orage de samedi dernier a été, paraît-il, beaucoup plus violent dans la Hesbaye que dans les environs de Liège, et quoiqu’il n’ait duré qu’un quart d’heure, il a suffi pour faire beaucoup de tort aux récoltes et aux plantations d’arbres. Vers 6 heures du soir, un vent terrible s’éleva subitement, soulevant dans les airs d’épais tourbillons de poussière, puis abattant sur le sol des masses d’eau, mêlés de grêle, qui en un instant eurent renversé les seigles, les froments, les avoines et même les féveroles. Dans quelques endroits, la grêle a été si intense que des champs de féveroles tout entiers ont été hachés. Mais c’est surtout dans les prairies arborées des rives du Geer que l’ouragan a sévi avec le plus de violence, car dans les communes de Legney, Geer et Hollogne, qui se touchent, plus de cent arbres ont été brisés ou renversés.
Une trombe s’est formée sur ce point, et tout ce qui s’est trouvé sur son passage a été détruit. Dans une seule prairie, de 5 à 6 vergers d’étendue, on compte jusqu’à seize peupliers, dont les troncs ont été coupés à quelques pieds du sol, comme s’ils avaient été emportés par des boulets de canon, et cependant, ces troncs avaient tous de 12 à 15 pouces de diamètre, à l’endroit où ils ont été brisés. Un peu plus loin, des peupliers gigantesques, mesurant, à leur base, plus de 6 à 8 pieds de tour, ont été renversés, les uns sur les autres, et la terre, soulevée par leurs racines, forme une série de véritables barricades dont la plupart ont de 10 à 12 pieds de hauteur sur plus de 22 pieds de largeur : on dirait un camp retranché, qui vient d’être pris d’assaut après une vive canonnade. On a peine à se rendre compte de la force immense qu’il a fallu pour opérer de semblables ravages. »
« Les communes de Baileux, Bourlers, Salles, Bailièvres et Robechies, dans le canton de Chimay, ont beaucoup souffert par le même ouragan qui a détruit en partie les récoltes en seigles, froment et avoine, de très gros arbres ont été déracinés et cassés, les toitures de quatre maisons ont été enlevées. Les pertes sont considérables pour cinq communes. » (L’Indépendance belge – 22/07/1852)
« On écrit d’Alost, le 18 juillet : un ouragan des plus violents a éclaté hier à trois heures, à l’est d’Alost ; quant à la ville elle-même tout s’est borné à un orage ordinaire. Depuis le matin, l’atmosphère était étouffante et remplie de fluide électrique ; l’après-midi, une couche grisâtre se formait vers le sud-est, grossissant peu à peu et se dirigeant vers le nord ; bientôt le tonnerre se mit à gronder et fut suivi d’une averse entremêlée de grêle et accompagnée d’un vent violent, rasant la ville sans y porter de dommage, mais inspirant beaucoup d’inquiétude pour les villages où l’ouragan semblait devoir donner en plein. Et de fait, les villageois qui étaient accourus en ville pour requérir des vitriers nous apprenaient une heure après, qu’un ouragan accompagné d’une violente bourrasque et vomissant une grêle dont les grains ressemblaient à de gros morceaux de glace de toute forme, mais la plupart triangulaires et tranchants, avait éclaté sur les campagnes. Cette grêle, disaient-ils, avait détruit entièrement la moisson sur pied dans une direction de 15 kilomètres, à commencer de Denderleeuw, Liedekerke, Teralphene, Ekelgem, Erenbodegem, Moorsel, Meldert et Baerdegem. »
« On transmet d’Opwyck, canton d’Assche, quelques détails sur le violent ouragan qui a éclaté samedi sur cette commune. À trois heures, l’obscurité du ciel annonçait la trombe, et en moins de cinq minutes, avant qu’on eût pu prendre aucune précaution, elle fondit sur Opwyck, engloutissant tout ce qu’elle trouvait sur son passage. Les grêlons d’autre part ravagèrent les champs au point que toute la récolte de cette commune est, dit-on, compromise. Sur 82 carreaux de vitre qui se trouvaient à la façade de la maison du notaire Cantoni, un seul est resté entier. Ce seul fait prouve quelle a été la violence du vent. Plusieurs personnes ont été grièvement blessées, des chevaux ont été renversés, des chiens tués et la terre est jonchée d’oiseaux de toutes espèces, enfin les dégâts sont incalculables, et les petits cultivateurs vont se voir plongés dans une profonde détresse. »
« Des nouvelles affligeantes nous parviennent sur l’orage de samedi dernier. Toutes les campagnes de Namur en amont de la Sambre et de la Meuse ont considérablement souffert. Nous citerons Salzinne, La Plante, où des arbres de la grosseur d’un homme ont été brisés, emportés comme par un boulet de canon. Les récoltes offrent l’aspect d’un véritable désastre. Le mal n’est pas moins grand à la Sainte-Croix, à Flawinne, à Marlagne surtout. À Malonne, l’orage a laissé des traces d’une effrayante dévastation. De gros arbres fruitiers et autres sont fracassés, des toitures détruites, enlevées ou soulevées. »
« Un orage effroyable vient de fondre sur le canton de Philippeville. On assure que depuis Gourieux jusqu’à Villers-le-Gambou, tous les villages qui se trouvent compris entre cet espace sur une bonne lieue de large ont vu leurs campagnes ravagées par le fléau destructeur. Villers-en-Fagnes est au nombre de celles qui ont été le plus violemment atteintes. Tout a été découpé par des grêlons de la grosseur d’une noix, jamais on n’a vu dans ce pays pareil orage. C’est hier 17 juillet, vers quatre heures après-midi que ce malheur est arrivé. »
« On écrit de Couvin : une trombe effrayante, en fondant sur la Vallée de l’Eau Blanche, vient de détruire une partie des récoltes de notre canton. Récoltes, jardins, arbres, toitures, tout est haché en petits morceaux. Pendant une demi-heure, l’ouragan a grondé avec un fracas tellement épouvantable, que la foudre, écrasant de grands arbres, enlevant des cheminées, passant presque inaperçue au milieu de ce chaos qu’on appelle la tempête. Plusieurs personnes sont grièvement blessées, vingt maisons sont détruites, des attelages bouleversés, renversés par la fureur du vent ; des grêlons de 15 centimètres de circonférence pleuvent avec une force à laquelle rien ne résiste, tout tourbillonne et se balance, et des masses de débris vont couvrir le sol jusqu’à plus de cent mètres des habitations. »
« Samedi, vers six heures de l’après-midi, un violent ouragan a exercé ses ravages sur diverses communes des environs de Saint-Trond et de Looz (Limbourg). Les récoltes sur pied ont été totalement détruites par la grêle. Un grand nombre d’arbres bordant la route entre Ryckel et Grand-Looz et celle de Saint-Trond à Liège ont été déracinés et renversés. » (Journal de Bruxelles – 21/07/1852)
« L’ouragan de samedi dernier a occasionné plus ou moins de dégâts dans les communes de Gilly, Dampremy, Lodelinsart, Jumet, Montigny-sur-Sambre, Couillet et Marcinelle. Beaucoup de toitures ont été endommagées, des carreaux de vitres cassés par la grêle, une grande quantité d’arbres ont été renversés et les jardins ont beaucoup souffert. » (Journal de la Belgique : pièces officielles et nouvelles des Armées – 21/07/1852)
Alors qu’à Anvers, des grêlons en petite quantité tombent sous deux orages (3 heures de l’après-midi et dans la soirée), des grêlons aussi gros que des œufs de pigeons brisent d’innombrables vitres à Aix-la-Chapelle (Allemagne), près de la frontière belge. Mais, de plus gros encore tombent dans l’Entre-Sambre-et-Meuse.
« Les journaux du pays rapportent des nouvelles terrifiantes des dégâts causés par cette dernière tempête. C’est ainsi qu’on écrit de Pesche, près de Couvin.
Peut-être avez-vous déjà été informés des dégâts causés par l’orage de samedi. Ceux, qui n’ont pas encore vu nos champs, ne peuvent imaginer la situation. Ce jour-là, vers 4 heures de l’après-midi, un vent violent a emporté des toits, renversé des arbres touffus, et s’est accompagné d’une tempête de grêle, qui s’est abattue sur Baileux, Gonrieux, Dailly, Boussu-en-Fagne, en direction de Florennes. J’ai vu des grêlons gros comme une grosse noix, d’autres comme des œufs de poule coupés en leur milieu. À Boussu, on en a vu un, qui a la grosseur d’un poing. Les gens qui étaient dans les champs ont été blessés sur le corps par des cônes de glace. Personne n’a perdu la vie ; cependant, deux femmes ont été gravement blessées. L’une s’était réfugiée sous un sac de foin, où un char, tiré par deux chevaux effrayés, passa sur son corps ; on espère pouvoir la sauver. L’autre est tombée sous une charrette de foin renversée. Cet après-midi, 48 heures après la tempête, des morceaux de glace sont encore visibles dans les fossés.La récolte de grains est entièrement perdue. J’ai vérifié les champs entre Dailly et Pessche. Impossible de s’imaginer une telle situation. Seigle, épeautre, aucune récolte en vue. Les fruits sont tombés au sol. Sans parler des toits détruits, des vitres brisées, des jardins ravagés. Le dommage aux grains en lui seul est estimé à 40 000 francs. »
« Ainsi écrit-on de Ballieux (canton de Chimay). Une calamité est tombée sur notre congrégation aujourd’hui. Comme vers midi, les gens et les animaux pouvaient à peine tenir leurs pieds, tant ils étaient oppressés par la chaleur féroce, et ils ressentaient une nausée inexprimable ; les plantes se flétrissent et se fanent. Soudain, vers quatre heures de l’après-midi, une obscurité presque totale s’élève du sud, accompagnée d’un grondement sourd et soutenu, produit par le tonnerre qui grondait au loin.
Cette obscurité fut immédiatement suivie d’un terrible orage de grêle qui, en un instant, anéantit tout ce qu’il rencontrait. Les grêlons, ou plutôt les morceaux, durs comme des pierres, avaient généralement la grosseur d’une noix ; on en a vu qui atteignaient la grosseur d’un œuf de poule, la perte est inestimable. J’y entends que la tempête a fait rage sur plusieurs communautés environnantes. » (Het Hangelsblad – 23/07/1852 – traduit du néerlandais)