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20/08/1853 – Tornade

    Le samedi 20 août 1853, en Belgique, une tornade frappe la région de Roisin en province de Hainaut avant de poursuivre sa route sur Gussignies, une région située dans le département du Nord en France. Le tourbillon qui sévit vers 14h30 cause de gros dégâts. Grâce aux archives du journal « Le Courrier de l’Escaut », nous avons un descriptif complet de l’événement.

    Le tourbillon semble être né en Belgique pour frapper rapidement Roisin. Il emporte trois meules de colza, puis déracine, tord ou brise 150 arbres dans la propriété du Pré à Joncs. Le toit d’une maison est également emporté. Dans une ferme solidement bâtie, une partie du toit en ardoises est emportée par-dessus la grange et se brise contre le mur d’un autre bâtiment. Dans une chapelle attenante à l’église, une fenêtre est désolidarisée (avec le châssis en pierre et des barreaux en métal) avant de tomber à terre.

    Ensuite, le hameau du Pré Bélem est atteint et 200 arbres sont brisés ou déracinés.

    Par après, la tornade franchit la frontière française et touche Gussignies où quatre maisons sont fortement endommagées. Même l’église subit des dégâts. Au delà du village, plus aucun dommage n’est mentionné. Le tourbillon a parcouru environ 5 kilomètres.

    Par ailleurs, les habitants ont éprouvé une grande frayeur. Au passage du phénomène, ils ont ressenti des difficultés respiratoires et observé un nuage sombre accompagné d’une pluie d’orage très abondante. Il effraie tant les habitants que certains se couchent à terre et se voient « comme environnées des ombres de la mort ».

    En outre, la description des dégâts pourrait nous montrer que l’intensité de la tornade est au stade F2-F3.

    Au niveau météorologique, notre pays se trouve pendant 3 jours (du 19 au 21 août 1853) sous une circulation d’ouest à sud-ouest avec de l’air maritime relativement doux mais humide, accompagné de pas mal de nuages. En surface, les vents sont le plus souvent faibles avec une nette prédominance de sud-sud-ouest.

    Parmi ces 3 jours, les températures les plus élevées, à Bruxelles, sont justement relevées le 20 août, avec un minimum de 18°C le matin et un maximum de 25°C l’après-midi. Le ciel est d’abord couvert d’altostratus qui se disloquent en altocumulus dans le courant de la matinée. L’après-midi se fait plus menaçant vers l’horizon, avec des cumulonimbus en partie masqués par des stratocumulus. Le tonnerre se met à gronder. Mais Bruxelles n’est qu’en marge du système orageux, avec une averse très modérée (2,4 mm) et une température qui ne baisse que peu après cette averse.

    Cependant, cette description de la météo de Bruxelles nous donne des informations sur la situation atmosphérique générale, qui comme tant de fois en Belgique, n’est pas spécifiquement annonciatrice de tornades. Grâce aux observations de vent en altitude, basées à l’époque sur la direction des nuages, nous savons que ce vent soufflait de sud-ouest en altitude à plusieurs niveaux (présence d’altocumulus et de stratocumulus) et de sud-sud-ouest en surface. A priori, il n’y a donc pas de cisaillements directionnels importants. Mais nous ne savons pas ce qui se passe au-dessus, ni ce qui s’est passé en amont, lors de la formation des orages.

    Toutefois, une interaction entre différents orages n’est pas à exclure et pourrait avoir donné lieu, à l’échelle locale, à la création de conditions favorisant l’avènement de phénomènes sévères.