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23/08/1855 – Violents orages nocturnes

    Après une journée chaude, le jeudi 23 août 1855, de violents orages éclatent en début de nuit sur l’ouest de la Belgique. Les orages se montrent particulièrement venteux et à l’origine de chute de grêlons de taille impressionnante, engendrant de nombreux dommages durant leur progression vers l’est du pays. En outre, il n’est pas exclu que l’une ou l’autre tornade ait pu se développer. Voici quelques extraits de journaux disponibles ci-dessous :

    « On nous écrit de Sinay, 26 juillet, qu’après l’ouragan du 23 de ce mois, on a trouvé dans un bois de cette commune, appartenant à M.B. Haemelinck, plus de 2500 oiseaux de toutes espèces, 200 perdrix et environ 40 lièvres tués par la grêle. »

    On lit dans un journal de Hasselt : « Dans la nuit de jeudi à vendredi, un orage épouventable a passé sur notre ville ; chassé par le vent, l’orage s’est dirigé vers la Campine, où il a éclaté avec une force effroyable en laissant partout sur son passage des traces de destruction. Des grêlons d’une grosseur extraordinaire sont tombés et ont causé de grands dégâts. Les campagnards arrivés ce matin en ville assurent que de mémoire d’homme on n’a été témoin d’un ouragan aussi épouventable. Les communes de Bourg-Léopold, de Heppen, de Beverloo, de Oostham, de Heusden, etc. ont beaucoup souffert. »

    « L’orage qui, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, a étendu ses effets sur une grande partie de la Belgique et jusqu’en Allemagne au-delà du Rhin, n’a pas épargné les comtés du sud et du sud-est de l’Angleterre. La grêle et les torrents de pluie ont fait le plus grand tort aux récoltes. » (Le Bien Public 28/08/1855)

    « Dans les prairies de la porte d’Anvers, où dès le jeudi est rassemblé le bétail destiné au marché du lendemain, des animaux ont été enlevés par la violence du vent et jetés dans le ruisseau qui borde ces prairies. Des témoins oculaires et auriculaires assurent n’avoir jamais rien entendu de plus effrayant que les beuglements et les mugissements de cette masse d’animaux frappés d’épouvante.

    À Saint-Amand, quatre grands arbres sont tombés sur l’estaminet ‘La Maison Blanche’, et ont fortement endommagé la toiture.


    À Tronchiennes, plusieurs petites habitations ont été renversées. À Wondelgem, toutes les vitres des maisons de campagne ont été brisées et de grands dommages occasionnés aux jardins.

    À Somerghem, Lovendegem, Oostacker, Desteldonck, Evergem, Sleidinge, etc. quantités de toits ont été endommagés ou enlevés, des cheminées ont été renversées, des arbres déracinés.

    À Desteldonck, une meule de foin a été comme balayée par le vent et dispersée au loin. Dans la même commune le toit de l’église a beaucoup souffert, presque toutes les ardoises ont été enlevées par le vent.

    À Evergem, un moulin à vent a été renversé, et le nombre des arbres déracinés ne s’élève pas à moins de cent.


    À Destelbergen, l’ouragan a produit de grands dégâts au château et aux serres de M. le chevalier H.


    À Eecke, Aspre, Syngem, Semmersaeke, Vurste, Baeygem, Gavre et Dickelvenne, tous les carreaux de vitres des maisons ayant leur façade au sud ont été brisées. Sur la route de Termonde, deux maisons ont été incendiées par la foudre. Dans plusieurs de ces communes, on a trouvé beaucoup de gibier tué ou blessé par les grêlons et les glaçons, dont quelques-uns avaient la grosseur du poing
    . »

    « Alost et ses environs ont aussi beaucoup souffert. Il est tombé des grêlons la nuit dernière d’une dimension démesurée. Ce n’est pas exagérer en disant qu’ils étaient de la grosseur d’un œuf de poule. En ville, il n’y a pas une maison qui n’ait eu des vitres brisées ; il y en a même qui ont plus de mille carreaux cassés. L’Église et les bâtiments publics ont naturellement le plus souffert. À la campagne, les chemins sont jonchés de feuillage, de branches d’arbres, déracinés ou rompus ; les récoltes sont comme foulées au pied ; les dégâts sont incalculables.

    L’ouragan a sévi sur un grand nombre de commune, notamment sur celles d’Erpe, Meire, Burst, Erondegem, Lede. Là, des milliers de tuiles ont été brisées par d’énormes grêlons. On dit que le dommage est immense. La tempête a éclaté vers onze heures du soir, et jusqu’à deux heures et demie du matin, le ciel était constamment en feu. L’ouragan a suivi la direction du sud-ouest vers le nord-est. La pluie et la grêle sont tombées à torrents à trois reprises différentes. »

    « À Thielt, les dégâts ont été pareillement incalculables. Deux orages épouvantables qui se sont succédés sans interruption ont éclaté la nuit de jeudi sur la ville et quelques communes avoisinantes, telles que Pitthem, Ardoye, Coolscamp, Ruysselede, ect.

    L’ouragan a été accompagné d’une grêle formidable qui est tombée en masse et avec un fracas extraordinaire. On a ramassé des grêlons de la grandeur d’un œuf ordinaire. Une quantité considérable de vitres ont été cassées. Toutes les fenêtres faisant face à l’orage ont été littéralement brisées. Heureusement que la récolte était rentrée à peu près toute entière, car sans cela on aurait eu à déplorer de bien plus terribles malheurs. »

    « À Ypres et aux environs, sur une étendue de plusieurs lieues en longueur et en largeur, les vitres des serres et des maisons exposées à l’ouest-nord-ouest, ont été brisées. Les récoltes sur pied ont été littéralement hachés. Dans le canton de Vive-Saint-Eloi, à Oostroosebeke, Wacken, Vive-Saint-Bavon, Waereghem et Vive-Saint-Eloi même, grand nombre de toits ont été enlevés par le vent, et tous les carreaux de vitres du côté du nord-ouest cassés par la grêle et les morceaux de glace. À Courtrai, Menin, Dadizeele, Ledeghem, Moorseele, Messines, Hauthem, Zandvoorde, Comines et dans tout le canton de Mouscron, on a à déplorer les mêmes dégâts. »

    Les journaux de Bruxelles parlent aussi de l’orage, on y lit : « Hier soir, de onze heures à minuit, et à la suite d’un temps chaud et très calme, il s’est élevé tout à coup un vent de sud-ouest des plus impétueux, accompagné d’éclairs presque incessants ; l’air paraissait par moment tout en feu et l’on entendait aucun coup de tonnerre ; il tomba quelques gouttes d’eau à Bruxelles et dans nos environs. Un terrible orage a éclaté, dit-on, dans les environs de Wemel. Des grêlons de la grosseur d’un œuf de pigeon sont tombés dans cette localité. On assure qu’un hameau non loin d’Opwyck aurait été incendié par la foudre. Le thermomètre marquait en ce moment 15 degrés centigrades, et il s’était élevé pendant la journée à 25 et demi. À minuit et demi, le phénomène météorologique avait entièrement cessé. » (Le Messager de Gand 25/08/1855)

    « Il était facile de prévoir qu’un orage de cette force occasionnerait beaucoup de ravages dans les campagnes ; c’est ce qui est arrivé. Au nord et à l’ouest de Bruxelles, le vent, la grêle, la foudre ont partout marqué de son passage. À Buggenhout et dans les environs, des centaines d’arbres ont été renversés, rompus, déracinés, leurs plus fortes branches emportées à des distances fabuleuses. Des grêlons du poids de trois onces et de formes diverses, ont été ramassés près d’Assche. »

    « Quant à Anvers et ses alentours, voici les détails que donne le Précurseur : Après une journée magnifique, mais d’une chaleur suffocante, une trombe a passé hier au soir sur notre ville et sur nos environs, et y a éclaté avec une véritable fureur. De mémoire d’homme, on n’a vu l’air aussi embrasé, jamais on n’a vu ainsi le ciel en feu, sillonné d’éclairs sans aucun intervalle, pendant près d’une heure et demie. C’était un spectacle d’une grandeur effrayante ; de 11 heures à minuit, une pluie torrentielle, mêlée de grêle, est tombée, accompagnée de violentes rafales de vent, de coups de tonnerre effroyables. Dans plusieurs quartiers, les caves et les maisons mêmes ont été inondées ; il était impossible d’évacuer par les égouts, les masses d’eau qui s’abimaient sur le sol, précipitées qu’elles étaient dans leur chute par la violence extrême du vent. L’ouragan s’est calmé vers minuit, mais a repris de 1 heure à 3 heures ½, avec une fureur presqu’égale.

    À Hove, tout le toit et les ailes d’un grand moulin ont été enlevés par le vent et jetés à une forte distance. Le toit d’un moulin à Wommelghem, a été également enlevé par le vent, et à Ranst, un troisième moulin a été complètement renversé. Dans les environs de la ville, un grand nombre d’arbres ont été déracinés, et il a fallu, à certains endroits, et notamment à Edeghem, déblayer la route des arbres qui la couvraient, pour livrer passage. » (L’étoile belge 25/08/1855)