Le jeudi 25 juin 1863, de violents orages frappent le centre de la Belgique. De nombreux dégâts sont engendrés par de fortes rafales de vent, voire possiblement par l’une ou l’autre tornade. Mais nous ne possédons pas assez d’éléments pour pouvoir différencier les différents phénomènes venteux avec exactitude. Par ailleurs, le même jour, une tornade est aussi signalée en France, à Saint-Epain, près de Tours. À Florennes, l’orage a attisé un incendie qui se propagea rapidement, détruisant 38 bâtiments.
La veille, de l’orage est signalé sur l’ouest du pays cette fois, notamment au large d’Ostende toute la soirée, avant qu’une pluie diluvienne ne tombe à 4 heures du matin. En outre, des phénomènes orageux sont aussi observés à Oostdunkerque, Lichtervelde et Boom.
Voici à présent divers extraits de presse qui décrivent le passage de cette dégradation orageuse :
« On écrit de Longueville, le 26 : un effroyable ouragan a éclaté hier sur plusieurs communes situées au sud du canton de Jodoigne et au nord du canton de Wavre ; en moins de vingt minutes les récoltes étaient en partie détruites par la grêle.
Les renseignements que nous avons reçus jusqu’ici ne permettent pas d’apprécier toute l’étendue du désastre ; mais nous savons que l’ouragan a particulièrement sévi à Chaumont-Gistoux, Longueville, Hèze-Grez, Chapelle-Saint-Laurent, Sart-Mélin et Roux-Miroir.
À Longueville, l’église a considérablement souffert de la tourmente ; les carreaux de vitre des maisons particulières ont été mis en pièces ; les toitures effondrées et de gros arbres déracinés ; après l’orage, on a ramassé une quantité considérable d’hirondelles, de jeunes perdreaux et même des pigeons ramiers tués par les grêlons, qui étaient d’une grosseur effrayante. »
« Des détails affligeants arrivent encore sur les dégâts occasionnés par l’orage, le 23, dans l’arrondissement de Nivelles et dans toute la contrée de Longueville. Les pertes sont énormes. Des habitants prétendent que pendant le passage d’une trombe dévastatrice, ils ont éprouvé un tremblement de terre. À Mélin, Hougaerde, à Cumtich aux environs de Tirlemont, des centaines d’arbres ont été déracinés et brisés de toutes façons. »
« On écrit au Journal d’Indre-et-Loire ; jeudi soir, vers six heures, un sombre et épais nuage qui portait dans ses flancs l’orage, la grêle et la tempête, est venu fondre sur la commune de Saint-Epain. Cette trombe menaçante apparut soudain aux yeux de nos villageois consternés, sous la forme d’une épaisse colonne de feu et de fumée s’élevant en tourbillons de la terre jusqu’aux nuages. Elle commença sa marche dévastatrice dans un petit village appelé Galiçon. Elle renversa plusieurs maisons. » (Journal de Bruxelles 28/06/1863)
« On lit dans l’organe de Namur du 26 : hier, à une heure de l’après midi après une chaleur accablante, un ouragan violent s’est déchainé sur notre ville et nos environs.
C’était un effrayant spectacle à voir. Une trombe furieuse promenait sa colonne gigantesque, emportant ce qu’elle rencontrait sur son passage.
On nous signale de toutes parts des ravages considérables.
À Namur, les toitures ont été enlevées et des vitres brisées. Sur la route de Salzinnes et de La Plante, une grande quantité d’arbres sont arrachés. On a retrouvé, dans les rues des Moulins et de Notre Dame, des tas de foin emportés par le vent et provenant de la citadelle et de Malonne. Dans la direction de Flawinnes et de Temploux, la plupart des foins ont été entraînés dans la Sambre. Il en est de même sur la route d’Eghezée et de Perwez. »
« On écrit de Mettet, le 26 juin : hier, vers midi, un violent orage, précédé d’une tempête extraordinaire et accompagné de la foudre, est venu fondre sur Mettet et les communes environnantes. Les foins et les trèfles déjà coupés étaient enlevés partout par le vent, transporté en l’air comme des nuages et jetés pêle-même à des distances de plusieurs centaines de mètres ; dans bon nombre de prairies et de campagnes, les propriétaires ne peuvent plus reconnaitre quelles sont les denrées qui leur appartiennent. Au milieu de l’orage, la foudre est tombée sur notre église. » (L’Indépendance Belge 29/06/1863)
« On écrit de Beaumont, 25 juin. Un ouragan des plus violents vient de s’abattre sur notre ville. Plusieurs toitures ont été endommagées. Les boutiques des marchands forains établies sur la place ont été renversées. Une partie des marchandises ont été enlevées dans le tourbillon et projetées au-dessus des maisons ; le reste a été entraîné par les eaux ou entièrement abîmé par une pluie diluvienne. Je renonce à vous décrire le spectacle que présentait la place au moment de ce désastre. » (L’Echo du Parlement 28/06/1863)
« Le 25, pendant que l’orage et l’ouragan sévissaient avec fureur, tous les préparatifs qu’on était en train de faire à Gembloux ont beaucoup souffert. Les toiles des tentes de la tribune royale et de l’emplacement du concours ont été violemment arrachés et déchirées. Un maître menuisier a été enlevé et précipité à quelque distance, mais, fort heureusement, il n’a reçu aucune blessure. » (L’Echo du Parlement 28/06/1863)