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29/06/1888 – Orage violent

    Le vendredi 29 juin 1888, un violent orage frappe la région de Jodoigne dans la province de Brabant (de nos jours, le Brabant Wallon). Voici la description faite dans le journal « Courrier de Nivelles » du dimanche 1er juillet 1888 :

    « De grands dégâts ont été causés par la foudre et les eaux. À Lathuy, un cheval a été tué ; à Beauvechain, la foudre est tombée sur une étable et a tué deux vaches. Des arbres ont été brisés (…). De formidables décharges électriques déchiraient les nues et étaient accompagnées d’une pluie battante et de grêlons excessivement gros, de véritables glaçons de la grosseur d’œufs de poule. Beaucoup de récoltes sont anéanties et notre campagne eût été complètement ravagée si cette tourmente avait eu un peu plus de durée. On a pesé un grêlon dont le poids, après l’orage, était encore de 60 grammes. Beaucoup de maisons ont eu leurs vitres brisées (…). La place St Lambert s’était transformée en un véritable lac sur lequel flottaient des caisses, des échelles, jusqu’à des marmites, enlevées par la violence des eaux qui descendaient avec une rapidité vertigineuse les rues escarpées aboutissant à cette place. Plusieurs maisons furent inondées (…) ».

    « Qu’aux serres de Monsieur Hector Defoër (au château des Cailloux) plus d’un millier de carreaux avaient été mis en pièce par les grêlons »

    En outre, quelques semaines avant ces orages, des élections ont eu lieu. Le parti catholique n’a pas réussi à accéder au pouvoir et les libéraux se sont maintenus. Selon le très libéral « Courrier de Nivelles », en plusieurs églises, quelques curés très impliqués dans les questions électorales avaient annoncé à leurs ouailles que les orages de la fin du mois de juin 1888 n’étaient que l’expression de la colère divine frappant les fermiers qui avaient fait le mauvais choix !

    (Source : Joseph Tordoir – historien)

    Illustration des inondations qui ont touché l'est de la province du Brabant le 29 juin 1888. Crédit : Frédéric GodefroidIllustration des inondations qui ont touché l’est de la province du Brabant le 29 juin 1888. Crédit : Frédéric Godefroid©Belgorage

    Le contexte météorologique, ici non plus, n’était pas celui qu’on croit. Il n’y a pas eu de temps chaud et lourd avant ces orages. L’été 1888 a été d’ailleurs l’un des plus pourris que notre pays n’ait jamais connu. Le mois de juillet était célèbre, en son temps, pour son froid estival, ses pluies incessantes, ses nuages bas et fréquents brouillards sur les reliefs ainsi que ses flocons de neige des 11 et 12 juillet.

    Le mois de juin n’a certes pas été le pire des trois mois de cet été-là, mais restait très loin de ce qu’on pourrait appeler un mois estival. Pourtant, il a battu tous les records de l’époque en matière d’orages. Il s’agissait essentiellement d’orages très pluvieux qui, pour un bon nombre d’entre eux, étaient des orages de masse d’air froid.

    C’était certainement le cas le 29 juin qui préfigurait déjà le mois de juillet qui allait suivre. Une dépression sur le sud de la Scandinavie commandait de l’air polaire maritime indirect sous un flux de sud-ouest, avec des températures maximales qui ne dépassaient guère 15°C à 18°C. Mais sous les précipitations, ces températures étaient bien plus basses. La station météorologique d’Uccle, encore toute nouvelle à l’époque, n’affichait que 12°C en début d’après-midi !

    Après quelques éclaircies le matin, accompagnées d’altocumulus, le ciel s’est couvert de stratocumulus en matinée. L’après-midi a été caractérisée par un mix de stratocumulus et de nuages convectifs, dont des cumulonimbus donnant lieu à des averses et des orages. Quelques éclaircies sont présentes aussi, mais sous un ciel partiellement voilé.

    S’il est vrai que le temps était à la pluie, rien cependant ne permettait de deviner la violence des orages qui allaient s’abattre sur certaines régions. En tout cas, aucune « lourdeur » du temps ne le laissait présager. En ce sens, même qu’on était en plein été, on pouvait presque parler d’orages d’hiver.