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23/01/1893 – Tornade sur la neige

    Tornade au-dessus de la neige ! Voici le témoignage de l’époque :

    « Vers 2h. de l’après-midi, nous écrit M. Blondeau, directeur de l’école moyenne de l’État à Stavelot, par un temps calme de dégel, une quantité prodigieuse de neige est soudain soulevée, poussée avec violence contre une maison, le long du chemin qui va de Cheneux à Rivage, hameau entre Stavelot et Malmédy.

    « Cette neige abat un mur de la maison et pénètre dans une chambre, où trois enfants qui y jouaient sont presque écrasés. Une armoire, lancée avec fracas, va se briser contre un mur, tandis que le poêle éclate. Tout cela en une minute.

    « Le père, qui à ce moment-là relevait un peu de neige dans le jardin, derrière l’habitation, accourt et parvient à sauver sa femme emprisonnée dans la cuisine ; un voisin, qui avait vu le tourbillon, arrive également et, par l’ouverture faite par la neige, parvient à dégager les enfants qui allaient mourir de froid ou d’asphyxie.

    « Cette trombe, qui marchait du nord-est vers le sud-ouest, avait enlevé de la surface du sol une couche de neige de 100 mètres de long sur 20 mètres de large et 15 centimètres de hauteur ».

    Quand on connaît le poids de la neige fondante, on s’imagine la puissance du phénomène.

    La situation atmosphérique : le dégel est intervenu quelques jours plus tôt après une période de froid extrême dans la région, jusqu’à –25°C à Stavelot. Le dégel a été porté par des vents septentrionaux, fortement réchauffés par la Mer du Nord mais restant froids en altitude, avec une grande instabilité. Immédiatement au contact de la neige fondante, les toutes basses couches de l’atmosphère se sont légèrement refroidies et stabilisées, notamment dans les vallées, d’où le temps calme de dégel, sans doute accompagné de brume. Juste au-dessus, bien entendu, l’instabilité persistait.

    Même de nos jours, l’effet de surprise de cette tornade aurait été total et imprévisible. Il pourrait bien s’agir d’une supercellule LT qui aurait dévié du flux général en prenant une trajectoire nord-est – sud-ouest. L’orientation de la vallée, entre Rivage et Cheneux, n’est sans doute pas étrangère non plus au parcours inhabituel de la tornade. En tout cas, le phénomène a été qualifié « d’extrêmement rare » par Albert Lancaster, le directeur de l’Observatoire Royal de Bruxelles de l’époque.