Le mois de septembre 1895 a été l’un des plus secs jamais enregistrés à Uccle, avec seulement 1,5 mm de précipitations sur tout le mois. Presque partout dans le pays, d’ailleurs, les précipitations ont été largement inférieures à 10 mm. On parle de prairies desséchées et d’arbres perdant précocement leurs feuilles en raison de l’absence de pluie et du soleil ardent. Car ce mois a été aussi extrêmement chaud, avec à Uccle des températures montant régulièrement à 28-29°C, notamment le 2, le 9, le 10 mais aussi le 24, le 25 et le 26. Ailleurs dans le pays, les 32°C ont été atteints en de nombreux endroits en Campine et dans les vallées ardennaises.
Dans ce contexte aride, des orages d’une rare violence ont toutefois éclaté au littoral le matin du 7. Une première vague orageuse, se déplaçant du sud-ouest au nord-est, a été signalée à la côte à quatre heures et demie du matin (6 h 30 de nos jours). On parle d’éclairs tellement fréquents qu’on pouvait les compter et d’un roulement du tonnerre qui était continu. Les précipitations étaient localement abondantes dans la région, avec 22 mm à Nieuport, 16 mm à Ostende et 17 mm à Knokke. Ces précipitations concernaient encore quelques stations des Flandres mais n’ont pas (vraiment) dépassé la région gantoise. Pourtant des manifestations orageuses ont été observées dans une grande partie du pays. À Anvers, les orages sont arrivés vers 5 heures (7 h 00 de nos jours).
Voici un témoignage de cet évènement :
« Le temps – dit-on – d’abord très clair, s’est obscurci subitement ; le ciel est devenu d’un noir d’encre et un vent violent s’est levé, enlevant ou renversant tous les objets de poids relativement faible qu’il rencontrait. Puis, derrière un rideau de nuages noirs, s’est montrée une lueur rouge (provoquée par le soleil levant), comme s’il y avait un gigantesque incendie. Des tourbillons de fumée, de brouillard, de poussières traversaient l’air, tandis que des éclairs striaient le ciel et que le tonnerre grondait. La panique était grande sur l’Escaut, qui soulevait des vagues énormes… »
Représentation de l’orage du 7 septembre 1895 sur l’Escaut. Crédit : Frédéric Godefroid©Belgorage
À Bruxelles, où il n’est tombé que quelques dixièmes de millimètre d’eau au cours de cet orage, une jeune fille a été foudroyée dans la commune d’Audergem. Plus à l’est encore, dans la région de Louvain, la foudre a tué un homme qui s’était réfugié sous un arbre.
Une seconde vague orageuse, moins violente mais très rapide, a traversé le pays en matinée avec une vitesse de 55 à 60 km/h. Ensuite le temps s’est remis au beau, mais avec une lourdeur orageuse persistant toute la journée. La température est montée jusqu’à 28°C à Bruxelles.
Auteur du rapport du témoignage : M. A. Lancaster