Le 3 août 1900, alors qu’une tempête frappe la Belgique, au moins trois tornades sont observées en Wallonie. L’une entre Chièvres et Isières (province de Hainaut), l’autre entre Marilles et Linsmeau (province du Brabant Wallon) et la dernière entre Burdinne et Waremme (province de Liège).
Ainsi, le mois de juillet 1900 a été exceptionnellement chaud pour l’époque. Le mois d’août par contre a été plus froid que la normale, surtout en début et en fin de mois. Les 12, 13, 25 et 26, des gelées blanches ont été observées en haute Belgique.
Le tonnerre a été assez fréquent durant le mois mais les orages étendus ont été rares. L’ouest a été peu orageux (1 à 5 jours d’orages) contrairement à l’est (8 à 10 jours). Ces orages ont surtout été très pluvieux et ont donné des totaux supérieurs à 100 mm voire localement plus de 150 mm sur le mois.
Pour en revenir au 3 août, voici divers extraits décrivant les évènements :
A. Lancaster : « Forte tempête en ce jour sur le pays, liée à un trouble atmosphérique qui traverse la mer du Nord. À Uccle, le vent souffle à 30 m/s durant la nuit du 2 au 3 (108 km/h). En différents points, des trombes exercent de grands ravages, notamment au nord de Tournai, entre Molembaix et Celles, à Ath et aux envions, et près de Tirlemont.
Pendant la violente tempête qui s’est déchaînée vendredi 3 août, une trombe, se dirigeant du SO au NE, est passée par Ath en y occasionnant quelques dégâts. Le météore était animé d’un mouvement giratoire assez rapide pour déraciner, tordre et briser de nombreux arbres, pour enlever plusieurs toitures, notamment sur les communes de Chièvres, Maffles, Ath, Lauquesaint et Isière. Rien n’était plus aisé que de reconstituer, à l’aide des débris d’arbres qui jonchaient le sol par endroit, le chemin suivi par la trombe, qui semble, à en juger par l’étendue des dégâts occasionnés, n’avoir pas dépassé 200 mètres de diamètres. A maintes places même, la largeur de la zone atteinte ne mesure pas plus de 10 mètres. Près du bassin de natation d’Ath, vingt gros peupliers ont été tordus, déracinés ou brisés à quelques mètres du sol. C’est là également que la couche d’air en mouvement semble avoir atteint la largeur minima et a dû avoir son maximum d’intensité.
Chaussée de Mons, non loin de la vieille carrière du Baron, dans un verger longeant le canal de Blaton, la trombe est aussi passée avec furie, dépouillant de leurs plus fortes branches les ormes et les peupliers, déchiquetant une dizaine de vieux pommiers et poiriers. Le phénomène aérien s’était produit la nuit. »
Passage de l’orage qui entre en phase tornadique sur l’ouest du Hainaut, le 3 août 1900, observé depuis
la gare de Tournai. Illustration : Frédéric Godefroid©Belgorage.
« Vendredi après-midi, entre 5 et 6 heures, les environs d’Ath ont été ravagés par un cyclone qui n’a duré que deux ou trois minutes, mais a semé la désolation sur son parcours. Sur un couloir de trois cents mètres de largeur tout au plus, mais de plusieurs kilomètres de profondeur, les récoltes en gerbes ont été balayées par un coup de vent, jetées pêle-mêle les unes sur les autres, au point que les propriétaires ne savent pas s’y reconnaitre. Les épis, frappés et trainés sur le sol, ont, pour la plupart, perdu tous leurs grains. On a vu tournoyer des ‘moyettes’ à plus de cinquante mètres de hauteur. Des ensembles d’arbre ont été brisés. La route de Ghislenghien à Ath est restée toute la soirée de vendredi et une partie de la matinée du lendemain impraticable pour les chariots, barrée par les arbres déracinés et les branches arrachées. La maison du lieutenant-général Liénart s’est effondrée sous la chute d’un grand peuplier d’Italie.
A la ferme Duprez, une toiture a été enlevée. Ailleurs, des granges se sont effondrées. » (Le Patriote 6/08/1900)
« Terrible ouragan. Vers 6 heures du soir, une sorte de cyclone s’est abattu sur notre ville d’Ath et les faubourgs, notamment sur le faubourg de Bruxelles, au Chemin Vert, où l’on construit en ce moment le nouveau bassin de natation ; une dizaine d’arbres ont été détruits à cet endroit.
Aux champs de Maffles, champs de l’Hermitage, champs de Lauquesaint, champs du Bois du Renard, toutes les récoltes en froment, avoines, etc., ont été enlevées par le tourbillon et se sont mêlées.
Chaussée de Bruxelles, hameau du Bois du Renard, une vingtaine de noyers plantés le long de la route sur le territoire d’Ath et de Meslin-l’Evêque, ont été également brisés ou déracinés.
Un tombereau qui se trouvait sur la chaussée, à Meslin-l’Evêque, a été renversé, écrasant 14 poules qui s’étaient réfugiées sous le véhicule.
Un gamin, qui longeait ladite chaussée, pour se préserver du tourbillon se coucha dans un fossé : après le passage du tourbillon, qui a duré trois minutes, il se trouva enseveli sous une quantité de branches ; heureusement il n’a pas été blessé. » (Le Courrier de l’Escaut 5 août 1900)
Un correspondant de l’IRM décrit une autre tornade : « Le 3 août, à 18 heures, une trombe a été observée à Linsmeau (au nord-est de Jodoigne). Le météore marchait dans une direction SO à NE. À Marilles, Noduwez, Libertange, Linsmeau, les dégâts ont été très importants. La zone dévastée était, heureusement, peu large : 300 à 400 mètres. À Linsmeau, neuf arbres ont été déracinés dans une seule prairie, et trois ormes sur la route de Tirlemont-Hannut. En outre, il y a eu une foule d’arbres décapités, des toits enlevés, etc.
Le mouvement giratoire s’effectuait de l’E vers le N, comme le montre le fait suivant : contre une route qui va du S au N se trouve du côté E un arbre dont la tête a été enlevée et jetée du côté opposé de la chaussée à plus de 30 pas ; le mouvement a donc été de l’E à l’O, ce qui ne concorde pas avec le mouvement général de la nuée. »
« Une trombe dévastatrice. Comme nous l’avons dit, la trombe dévastatrice qui a sévi sur la région à Acosse, Burdinne, Braives, Tourinnes, Omal, Lignez, Hollogne, Gand-Axhe et Waremme a causé des pertes énormes un peu à tout le monde ; dans les jardins, on remarque une quantité d’arbres à fruits à noyaux qui sont cassés, brisés, arrachés. Dans les vergers, dont les arbres étaient chargés de fruits, il y en a énormément de tombés ; dans les bosquets, et les bois, c’est un désastre ; on ne voit que des arbres tout déchiquetés ; les uns ont la tête emportée complètement, d’autres sont brisés et tordus à deux ou trois mètres du sol ; enfin, on rencontre des branches transportées à plusieurs centaines de mètres ; bien des maisons ont eu une partie de leur toit emportée. » (Journal de Bruxelles 5/08/1900)