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23/07/1902 – Trombes marines

    Le 23 juillet 1902 était une journée d’été « normalement » fraîche sur la Belgique, avec une vingtaine de degrés et des courants maritimes commandés par une dépression située sur le sud de la Norvège, secondée par une petite dépression positionnée sur l’Écosse.

    Bien que la frontologie ne soit pas encore représentée sur les cartes de l’époque, le dessin des isobares laissent deviner le passage d’un front froid en matinée, avec un flux de sud-ouest s’orientant au nord-ouest. Ce front a généré une instabilité suffisante, sur l’ouest et le nord de la Belgique pour produire quelques orages, et surtout les trombes marines en question.

    Carte des isobares du 23 juillet 1902. Source : Met OfficeCarte des isobares du 23 juillet 1902. Source : Met Office

    Un correspondant de l’Observatoire d’Uccle nous décrit les trombes : « Ce matin, vers 10h30, deux trombes ont passé au large de Heyst, paraissant se suivre à environ 200 mètres de distance. On aurait dit deux colonnes de fumées verticales, s’évasant par le haut et par le bas : le mouvement giratoire était à peine perceptible à l’œil, mais le mouvement de translation était fort rapide.
    La direction suivie par les deux météores était sensiblement celle du sud-ouest au nord-est : ils semblaient venir du chantier des travaux de Zeebrugge et s’éloigner de la côte.

    Une personne qui se trouvait aux écluses de Heyst m’assure que les trombes semblaient passer tout près des estacades du double chenal de ces écluses, et qu’elles allaient vers le feu flottant du Wielingen.

    Un petit voilier se trouvait sur le chemin des deux colonnes mouvantes, mais, par une brusque manœuvre, il a réussi à s’écarter de leur route, assez vite pour éviter tout danger. Les trombes se sont affaissées et ont disparu, bien avant d’atteindre le phare de Westcappelle, à la pointe de l’île de Walcheren.

    Toute la mer, jusque l’horizon, présentait une agitation singulière et moutonnait en petites vagues, bordées d’écumes ; le ciel était gris et une pluie torrentielle, mêlée de gros grêlons, accompagnait le phénomène. Quelques minutes plus tard, on a entendu plusieurs coups de tonnerre ; le ciel s’est rasséréné ensuite. »

    Un autre correspondant complète et rectifie : « au lieu de deux trombes, il y en avait trois (la troisième à l’horizon). La direction était bien, devant Heyst, du SO au NE, mais les trombes venaient du large ; elles ont fait un brusque crochet à hauteur des écluses de Heyst, où elles ont approché de très près la côte.

    La distance les séparant était supérieure à 200 mètres. Le chef électricien de Heyst évalue cette distance à 1 kilomètre. Il compare les trombes à des cornes d’abondance dont le pavillon touchait les nuages, il voyait distinctement les entonnoirs creusés dans la mer et, tout autour, une couronne de gouttelettes. Les météores ont disparu dans le rideau formé par les vapeurs et par l’averse diluvienne. »