Le vent de NO a prédominé d’une manière jamais vue en avril 1903 sur la Belgique. Le mois a également été pluvieux en plaine et neigeux en Ardenne. On arriva à des relevés mensuels compris entre 100 mm et 150 mm en de nombreux endroits, voire localement davantage (167 mm à Spa, en province de Liège). Des inondations ont été constatées, notamment dans la vallée de la Meuse suite aux fortes précipitations du 21 au 25 avril 1903.
Cependant, le froid et les gelées fréquentes ont causés des dommages considérables à la végétation, d’autant plus que le temps chaud du mois de mars avait favorisé son essor. Ainsi, des nombreux arbres ont eu leurs feuilles et leurs jeunes rameaux détruits par le gel. Les jeunes pousses des cultures ainsi que les fruits ont été complètements grillés. De plus, les fortes chutes de neige ont provoqué la chute de nombreux arbres en Ardenne. Le sol était jonché de branches cassées sous le poids de la neige.
On dénombre également de très nombreuses hirondelles qui sont mortes de froid et de faim, victimes de leur retour précipité.
La neige a été très fréquente durant ce mois. Le 25 avril, presque tout le pays était concerné, avec jusqu’à 45 cm à Saint-Hubert. Uccle compte 9 jours de neige, Libramont et Sart-lez-Spa 18 jours !
C’est justement au cours de cet épisode de froid printanier, par ailleurs l’un des plus froids que notre pays n’ait jamais connus à cette saison, qu’une curieuse tornade toucha Jesseren, au nord-ouest de Tongres, en province de Limbourg, le 24 mars 1903.
Revenons sur les conditions qui régnaient lors de sa formation. Dans une importante masse d’air polaire maritime stagnant plus ou moins sur nos régions, une petite dépression, à l’origine, une excroissance d’une dépression sur la Scandinavie, se creuse sur la France, se déplace vers l’Allemagne en passant au-dessus du sud de la Belgique, puis remonte vers le Danemark. Cette dépression, contenant de l’air très froid, est probablement liée à une goutte froide en altitude, contenant quant à elle de l’air plus froid encore (relativement), ce qui permet une certaine instabilité en dépit des températures basses près du sol.
Le 23 avril notamment, le maximum ne dépasse guère les 3°C à Uccle, sous d’abondantes giboulées, tandis que le 24 avril, la température remonte timidement jusqu’à 7°C sous des précipitations orageuses plus importantes encore, donnant un total de 36,6 mm. En ce jour où la tornade a lieu, les précipitations sont supérieures à 30 mm presque partout dans le pays, avec un maximum de 48 mm à Lierre, près d’Anvers. La nuit d’après, avec les températures baissant à nouveau, des chutes de neige extraordinaires (si tard dans la saison) se produisent en Ardenne, avec 45 cm dans la forêt de Saint-Hubert, 40 cm à Hestreux, 30 cm à Libramont, 20 cm à Arlon et encore 2 à 4 cm en bien des endroits en Basse et Moyenne Belgique. Pas un temps de tornade, donc, si on peut s’exprimer ainsi…