Il s’agit de l’une des journées les plus « épouvantables » que notre pays n’ait jamais connues. D’abord la chaleur. À sept heures du matin, il faisait déjà 23°C, voire 24°C en de nombreux endroits et, à 10 heures, les 30°C étaient déjà dépassés presque partout au centre du pays. L’après-midi, il fait souvent entre 32 et 35°C, et même 36°C en Gaume.
Puis, arrivent l’humidité et la lourdeur du temps ! On subit des seuils d’inconfort rarement atteints dans nos régions. À Uccle par exemple, un premier orage, qui éclate vers midi, livre 7 mm de précipitations avant que la température ne remonte jusqu’à 33°C ! Inutile de décrire l’ambiance de piscine surchauffée qui règnait. Puis s’enviennent les orages du soir. Et quels orages… Mais revenons d’abord au fil des événements, tout au long de la journée.
En matinée, le ciel était d’abord peu nuageux, mais tout ce qui existait comme nuage bourgeonnait. Altocumulus castellanus avec déjà des cumulonimbus au loin. Les températures oscillaient autour des 32-33°C en fin de matinée, puis une première vague orageuse est arrivée mais elle n’apporta que de la fraîcheur très temporairement. Aux premières éclaircies, la température remonta en flèche. Quelques cumulus congestus bourgeonnaient avec la présence des altocumulus castellanus. Sinon, le grand soleil brille. Puis, en fin d’après-midi, tout s’obscurcit. Pire ! Il fit noir comme en pleine nuit alors que le coucher du soleil était encore loin. Il semblerait qu’au-dessus de Bruxelles, le ciel ait été d’un noir d’encre avec des traces jaunâtres dans les « mammatus ». À l’horizon, un coin du ciel était tout rouge et l’autre, bleu turquoise… En tout cas, l’IRM a noté une rafale de 133 km/h.
Voici un témoignage de l’évènement :
« Je crois bien me souvenir de cet orage de l’été 1964, j’avais presque 5 ans ! C’était l’après-midi et on était avec mes parents à la Magnanerie (les terrains de tennis à Forest en bas de l’altitude 100). Je me souviens que les parents ont parlé d’une tornade… Peut-être pour décrire l’intensité du phénomène. On était sur la terrasse à siroter nos consommations, quand, tout à coup, ils ont vu arriver « quelque chose ». Ils étaient impressionnés et admiratifs. Les gens quittaient l’endroit précipitamment et le ciel est devenu tout noir. L’intensité de la lumière a fort baissé et je crois même qu’il y a eu une tempête de sable (ou de poussières) avant la pluie.
Je sais qu’on n’y voyait plus rien et que cette baisse lumineuse s’est produite très très vite. Je ne me souviens pas d’avoir été mouillée par la pluie et donc je pense que nous sommes allés nous réfugier dans l’auto. Je crois qu’on est resté là à attendre que cela passe. Pour rouler, les voitures ont dû allumer leurs phares. Je me souviens aussi qu’il y a eu beaucoup d’arbres déracinés et des branches cassées par cette tempête. Les égoûts ne suivaient pas et les trottoirs qui étaient faits de graviers et de terre (couleur chamois) « coulaient » sur la rue. Je ne me souviens pas des éclairs ou du tonnerre.
Les deux images qui me restent sont les suivantes :
- Les parents qui disent « Mon Dieu, tu as vu ce qui arrive ? » et le soleil (ou la lumière) qui baisse de manière incroyable et aussi la couleur jaune orangée que tu décris comme un brouillard qui aurait été jaune orangé.
- L’avenue Victor Rousseau qui est inondée, on ne distingue plus rien sauf les phares des voitures, on ne peut pas rouler et les trottoirs « emportés par la pluie » se creusent. »
Cette ligne orageuse a parcouru une longue distance et de nombreux commentaires ont également été émis aux Pays-Bas.
Voici quelques-uns de ces commentaires :
Le 18 juillet 1964, il a fait 36,6°C à Venlo. La réaction à cette chaleur ne s’est pas fait attendre, de graves intempéries se sont manifestées avec des orages violents et de très fortes rafales. Ce qui restera à jamais gravé dans les mémoires, c’est l’arcus localement énorme et particulièrement angoissant, un nuage qui « roulait » littéralement à 80 km/h, principalement sur l’ouest des Pays-Bas.
Herman Wessels du KNMI écrivit :
Un phénomène impressionnant fut cet arcus qui accompagnait l’orage et qui accompagnait les premières rafales de vent qui concernaient principalement l’ouest et le centre des Pays-Bas.
Le Capitaine J. H. Boer, chef de Meteo Woensdrecht, en dit ceci :
À 18 h 55, un énorme arcus, comme je n’en ai encore jamais vu, nous arriva du sud-ouest. Sans lampe, il n’était plus possible de lire quoi que ce soit même à l’extérieur.
L’observateur B. J. Kemner, à Rotterdam dit ceci :
Vers 19 h 30, des bandes nuageuses s’approchèrent à partir du sud et du sud-ouest, trois couches l’une au-dessus de l’autre, derrière lesquelles le ciel était d’un noir d’encre. Puis, soudain, de fortes rafales se produisirent avec des averses torrentielles accompagnées de grêle.
Auteur du premier témoignage à Bruxelles : Zum
Source des commentaires des Pays-Bas : MeteoLink