Le 10 juin 1977, un petit complexe dépressionnaire, avec un noyau sur le sud-ouest de l’Angleterre et un noyau sur la Belgique, est responsable d’une rencontre entre de l’air humide et assez doux d’origine continentale et de l’air beaucoup plus frais d’origine maritime. La limite de ces masses d’air est matérialisée par un front quasi-stationnaire, qui finira par avancer vers le nord-est en après-midi sous la forme d’un front froid.
Source de la carte : Met Office (Daily Weather Report) ; 10 June 1977
En altitude par contre, le vent souffle du sud et se renforce au fur et à mesure que l’on monte. À l’est du front, nous avons donc des « cisaillements tournants », favorables aux phénomènes rotatifs.
À cela s’ajoute une inversion couvercle vers 1000-1100 mètres d’altitude, qui dans un premier temps retient la convection.
Dans l’air continental très humide, le ciel est très nuageux avec principalement des stratocumulus et des altocumulus distillant parfois un peu de pluie. L’un ou l’autre cumulus parvient en outre à se former en dessous de l’inversion.
Malgré la piètre insolation, les températures parviennent quand même à monter jusqu’à 21-22°C dans l’air continental, ce qui rend les basses couches instables. Mais cela ne suffit pas pour vaincre l’inversion.
De l’autre côté du front, dans l’air maritime, il fait froid pour la saison avec des températures de 12 à 14°C et un ciel couvert, parfois pluvieux.
C’est la lente avancée de cet air frais qui créera le forçage nécessaire pour tout faire exploser.
De nombreux orages se forment et s’accompagnent de puissantes rafales. À Spa, les rafales atteignent 70 km/h et la température chute de 20 à 15°C sous l’orage, pour descendre même à 11°C lors de l’arrivée de l’air maritime froid. À Charleroi, la chute est plus brutale : on passe d’un coup de 21 à 13°C, sous des rafales d’orage de 67 km/h. Non loin de nos frontières, à Aix-la-Chapelle, les rafales convectives atteignent même 104 km/h.
Mais le phénomène le plus violent est sans conteste la tornade qui s’est formée à Kinrooi, au Limbourg à la frontière belgo-néerlandaise, qui a provoqué pas mal de dégâts et qui a surtout défrayé à l’époque les chroniques locales.
Notons enfin que les orages une fois formés, et poussés par les flux directeurs en altitude, dépassent parfois la zone chaude et survivent un temps dans la zone froide. C’est ainsi que les régions de Gand et de Chièvres connaissent des orages avec des rafales significatives sans n’avoir jamais bénéficié de l’air chaud avant ces orages.