En ce 12 novembre, une violente tempête sévit en Belgique, avec de fortes rafales dans tout le pays (122 km/h à Beauvechain par exemple). En outre, la nouvelle lune, qui a lieu le 11 novembre cette année-là, est responsable de fortes marées qui se manifestent le 12 novembre (maximum de marée le 13 novembre à la côte belge en raison de l’« âge de la marée », c’est-à-dire le retard de la marée, par inertie, par rapport aux positions de la Lune et du Soleil (2 jours après la syzygie pour la marée de vive-eau, 2 jours après la quadrature pour la marée de morte-eau)).
La marée de tempête, qui se superpose à la marée de (presque) vive-eau, est responsable d’inondations et de rupture de digue.
La tempête elle-même a déjà une longue histoire avant d’arriver chez nous. Le 11 novembre, des vents très violents sont déjà observés sur les Îles Britanniques lors du passage du front froid orageux. À Liverpool, on observe des rafales de 169 km/h tandis qu’un peu au nord de cette ville, le littoral de la Fylde subit d’importants dégâts liés à des inondations côtières. De nombreux petits bateaux sont détruits.
En effet, le front froid, associé à une profonde dépression située le soir du 11 au nord de l’Écosse, aborde à ce moment le nord-ouest du Pays de Galles. Pendant ce temps chez nous, un vieux front traîne encore sur le sud de la Belgique. Celui-ci sépare un air très doux présent sur la France et l’Allemagne d’un air à peine moins doux qui concerne la majeure partie de la Belgique. Les températures nocturnes sont franchement élevées pour une mi-novembre, avec aux petites heures du 12 novembre des valeurs de 16°C à Coxyde et entre 14 et 15°C sur toute la plaine allant des polders à la Campine.
Pendant ce temps, la dépression (près de 965 hPa) s’est déjà déplacée vers l’Océan Arctique et l’extrême nord de la Mer du Nord tandis que le front froid se trouve à présent sur l’extrême sud-est de l’Angleterre.
Source : Met Office (Daily Weather Report) ; 12 November 1977, 00h GMT
Le matin, la dépression se creuse encore davantage, avec une pression de près de 960 hPa en son noyau, désormais situé à l’ouest de la Norvège. Le front froid traverse la Belgique avec un premier pic de la tempête. À Middelkerke, les rafales montent à 87 km/h, mais à quelques centaines de mètres au large, le vent est encore beaucoup plus fort. C’est ainsi que la station météo située à l’époque au bout de l’estacade du port d’Ostende enregistre des rafales de 128 km/h pour un vent moyen qui reste supérieur à 90 km/h pendant plusieurs heures d’affilée !
À l’intérieur des terres, les vents sont plus irréguliers, mais parfois avec de très fortes rafales, comme les 122 km/h déjà mentionnés à Beauvechain.
En journée, nous nous retrouvons dans une traîne active, avec cumulus et cumulonimbus générant des averses parfois orageuses, mais aussi pas mal de stratocumulus, ce qui fait que les éclaircies ne sont pas très nombreuses.
De fortes rafales sont à nouveaux observées sous ces averses, atteignant parfois 100 km/h.
Mais le vent cornant novembre n’a pas encore dit son dernier mot. Une perturbation post-frontale quitte l’Angleterre en après-midi pour atteindre notre littoral en soirée. Les orages qui s’y sont formés présentent de très fortes rafales, en partie convectives, avec à nouveau 98 km/h tant à Middelkerke qu’à Coxyde. Mais sur l’estacade d’Ostende, on atteint 139 km/h !!
Ce vent, qui souffle à présent d’ouest-nord-ouest en mer et qui s’oriente graduellement au nord-ouest, détermine un grand fetch (= distance sur laquelle les vagues de la mer peuvent se former et se développer), surtout sur l’est de la côte belge, ce qui fait que la mer est démontée. Ceci, combiné à la forte marée, est responsable des dégâts évoqués ci-dessus (inondations, principalement liées à des ruptures de digues).
Notons enfin que les hauteurs d’eau resteront critiques dans l’Escaut jusqu’au 16 novembre.