Le 19 mars 2013, des orages éclatent dès le matin mais après, plus rien ! Pourtant, tous les paramètres indiquaient une nouvelle offensive de grande envergure pour le soir.
Que s’est-il passé ?
Lors d’une interview donnée au journal Le Soir dans le cadre de ce flop orageux, Michael Baillie évoquait déjà la difficulté qu’ont les modèles de cerner les basses couches de l’atmosphère (le 1er kilomètre d’altitude). « En fait, disait-il, à cause des reliefs et des influences maritime ou continentale, les modèles ont beaucoup de mal à dire où les orages vont naître et quelles seront leurs caractéristiques. »
En ce 19 juin 2013, c’est encore plus vrai que les autres jours.
La nuit et tôt le matin, une langue d’air extrêmement chaud passe (principalement) au-dessus de l’est de la Belgique. Aux petites heures, la température à l’air libre atteint quelques 28°C à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol et se situe encore à 26°C à 1000 mètres d’altitude.
En surface, les répercussions sont très diverses. Certaines cuvettes remplies d’air frais n’y réagissent presque pas tandis que les pentes et plateaux exposés connaissent une augmentation de la température nocturne avec du temps déjà lourd. À Mont-Rigi, le thermomètre affiche 23,7°C à 3h00 et 23,9°C à Spa à 4h00.
À d’autres stations, ce sont les premiers rayons du soleil qui font fortement grimper les températures. L’air des basses couches, désormais rendu turbulent par le réchauffement du sol, se mélange en plus avec l’air déjà chaud en altitude. À 9h00, Buzenol enregistre déjà 24,6°C tandis que le Grand Duché de Luxembourg (et sans doute aussi Virton et Aubange) atteint 27°C !
Quand on sait qu’au-dessus de cela, la décroissance thermique des couches moyennes est de 0,85°C par 100 mètres (gradient rarement atteint à ce niveau en Europe de l’ouest), on devine à quel point la situation est explosive.
Et le matin est prometteur. La convection démarre au quart de tour, des orages éclatent et pas seulement à l’est du pays. Ils sont parfois accompagnés de forts coups de vents comme par exemple à Florennes (76 km/h) et à Dourbes (72 km/h). La pluie laissée par ces orages et le soleil qui revient sur l’est du pays (parmi les cirrus et altocumulus castellanus) créent là des conditions exceptionnelles pour une seconde offensive. En effet, après un fléchissement temporaire, les températures remontent très haut pour atteindre 32,8°C à Ciney ; 31,0 à Aubange ; 29,5°C à Elsenborn (!) et 28,7°C à Saint-Hubert (!).
Dans ce contexte, selon certains modèles, la MUCAPE n’est pas loin de 5000 J/kg. Toutefois, il manque quand même un petit quelque chose. Les orages du matin ont malgré tout ralenti la marche de la température et l’inversion couvercle vers 1300 mètres s’avère insurmontable. Pourtant, 1 ou 2°C de plus auraient peut-être suffit pour tout faire « exploser ».
Sur l’ouest et le centre du pays par contre, c’est même toute l’instabilité qui s’effondre en raison d’un ciel qui reste voilé de cirrus épais voire d’altostratus issus des enclumes des orages matinaux. En l’absence de soleil, la température peine parfois à dépasser les 25°C en dépit de la masse d’air chaud et la convection, à quelques cumulus près, ne parvient plus à se mettre en place.
Comme quoi, des orages grondant par surprise avant l’arrivée de l’offensive prévue ne sont pas toujours bon signe.
Enfin, pour la petite histoire, le lendemain est particulièrement bien servis en pluies avec, par exemple, 56 mm à Elsenborn, 51 mm à Chièvres et 38 mm à Aubange. Ces pluies sont en outre, en partie tout au moins, associées à plusieurs vagues orageuses.