Le dimanche 20 octobre 2013, une dizaine de tornades sont signalées en France, en Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Cet épisode peut être considéré comme majeur.
Parmi ces tornades, deux frappent la Belgique. La première, née vers 19h15 en France, parcours plus de 9 kilomètres entre la ferme du Bois de Bailleul (France) et le sud-est de Dranouter (province de Flandre Occidentale). La seconde se forme un peu plus tard à Gits, toujours en province de Flandre Occidentale. Des vitres explosent et plusieurs toitures sont endommagées à des degrés divers.
Mais avant de procéder à la description complète de l’épisode en question, donnons d’abord un petit aperçu des conditions météorologiques qui règnent sur la Belgique à ce moment-là.
Depuis le vendredi 18 octobre, le patron atmosphérique est typique de l’automne, avec des hautes pressions sur le continent et des basses pressions sur l’Océan, qui créent chez nous un corridor d’air très doux en provenance du sud. Cette période de douceur automnale atteindra son apogée le 22 octobre où, grâce à de belles éclaircies, la température frisera les 25°C à Liège. Mais en attendant, les conditions sont perturbées et les températures, quoique très douces pour la saison, n’atteignent pas de tels extrêmes.
Le 19 octobre 2013, notre pays se retrouve dans le secteur chaud d’une perturbation, avec un ciel voilé puis couvert, et des pluies parfois abondantes qui nous arrivent de l’ouest. Malgré cela, les températures se situent entre 16°C et 21°C, sauf au littoral où il fait moins doux (14°C sous les nimbostratus, avec 11 mm recueillis à Middelkerke durant l’après-midi). Plus vers l’intérieur, les pluies qui arrivent en fin de journée sont plutôt de nature instable.
Le 20 octobre, nous nous retrouvons à l’arrière du front, dans de l’air maritime dont l’origine polaire est très indirecte, et dont les températures sont à peine inférieures à celles du secteur chaud. En effet, les maxima atteignent 15°C à 20°C, ce qui bien souvent ne représente que la perte d’un petit degré. L’ouest du pays, enfin débarrassé des nimbostratus, connaît même une hausse des températures par rapport à la veille, avec 18°C en moyenne.
Toutefois, l’humidité laissée par les précipitations de la veille n’est peut-être pas étrangère à la violence des phénomènes qui se produiront ce jour car, en plus de la zone côtière, c’est tout l’ouest qui a été bien arrosé.
La circulation générale est de sud-ouest, mais les vents de surface proviennent de sud. Le temps est généralement nuageux avec des cirrus spissatus parfois épais et des bancs d’altocumulus. En dessous, on observe des stratocumulus isolés qui se transforment par la suite en cumulus discrets, dont le développement est limité par une inversion.
Webcam d’Uccle.
Des lignes de discontinuité post-frontales permettent cependant des forçages, avec occasionnellement de petites averses, se formant ici sur une ligne.
Radar des précipitations. Source : IRM
Le soir, une autre ligne post-frontale, beaucoup plus virulente, est responsable des deux tornades qui séviront en Belgique. Au sein de cette ligne, notamment, un orage naît vers 17h30 sur la Baie de Somme, puis se dirige vers le nord-est en se développant, puis en se résorbant temporairement. Ensuite, l’activité orageuse renaît aux abords de la frontière franco-belge peu après 19h00.
Ci-dessous, les couleurs permettent de visualiser l’historique de l’orage.
Impacts de foudre entre 17h20 et 19h20. Source : Meteo60
Par après, la trajectoire de l’orage va dévier vers la droite, ce qui conforte l’hypothèse qu’il s’agit bien d’une supercellule.
Nous allons à présent analyser les dégâts. Comme dit précédemment, la première tornade naît en France vers 19h15 et parcourt 9 kilomètres entre la ferme du Bois de Bailleul (France) et le sud-est de Dranouter (province de Flandre Occidentale).
Du côté français, deux fermes sont assez sévèrement endommagées avec une intensité F2. Un corps de ferme est même détruit. D’autres habitations voient des baies vitrées soufflées, des pans de toitures enlevés, des vitres brisées, et nombreux arbres adultes de grande dimension déracinés dans les jardins. (Source : Kéraunos).
Dans une autre ferme, des ballots de 350 kg sont traînés, voire soulevés et projetés à 50 mètres de distance.
Le centre commercial du Nouveau Monde connait quelques dommages et des caravanes stationnées aux abords sont déplacées ou retournées.
Rue de Lille, les habitations et la végétation ont quelque peu souffert. Un abri de jardin a même été retourné.
Par après, à Ravensberg, des arbres sont ébranchés et quelques dégâts sont observés sur des toitures. L’intensité a baissé d’un cran entre-temps. Ensuite, la tornade arrive sur la frontière belge où deux fermes subissent quelques dommages. Des dégâts sont encore observés sur la végétation au sud-est de Dranouter (province de Flandre Occidentale) avant que le tourbillon ne se dissipe.
La deuxième tornade, celle qui s’est formée un peu plus tard à Gits (toujours en province de Flandre Occidentale), fait exploser des vitres et plusieurs toitures sont endommagées à des degrés divers. Des arbres sont aussi déracinés ou brisés. L’intensité est estimée au niveau F1. Selon les témoins, le phénomène a eu une durée de vie très brève. En outre, les dégâts rapportés sont très délimités.
Vitrines arrachées par la tornade à Gits, en province de Flandre Occidentale, le 20 octobre 2013.
Crédit photo : Stefaan Beel. Source : Het Nieuwsblad
Enfin, un troisième phénomène est observé plus loin sur le village de Drunen, aux Pays-Bas. L’origine tornadique ne fait aucun doute également. L’orage producteur de ces trois phénomènes était plus que probablement un orage supercellulaire qui a circulé du nord-ouest de la France au sud des Pays-Bas, en passant par l’ouest de la Belgique.