La fin du mois d’août 2015 est marquée par la présence d’un dôme de chaleur sur l’Europe continentale, tandis que les bas géopotentiels dépressionnaires opèrent entre les Iles britanniques, l’Islande et la Norvège. La Belgique se retrouve au contact de ces deux influences, séparées par un front chaud très marqué qui va de la Bretagne à la Pologne via notre pays (nuit du 29 au 30 août 2015), en remontant ensuite lentement vers la mer du Nord et le nord de l’Allemagne (nuit du 30 au 31 août 2015). On note aussi, sous l’effet du contraste de températures marqué en altitude, la présence d’un rapide courant Jet ondulant de l’Angleterre à la Russie via le sud de la Scandinavie. Ainsi, l’instabilité et la dynamique se retrouvent associées pour favoriser le risque orageux.
L’après-midi du 29 août – et malgré le fait que le soleil soit moins haut dans le ciel qu’en juillet – voit les températures dépasser les 30°C dans le nord de la France. En Belgique, le front chaud n’opère seulement que sa traversée, faisant en sorte que les températures ne sont réellement élevées qu’en Gaume (29-30°C). Le reste du pays est soumis à un anticyclone pelliculaire, d’origine thermique, contenant de l’air maritime dans les basses couches. Cet air se réchauffe quelque peu sur les terres (jusqu’à 24-25°C), mais ce n’est pas suffisant pour résorber l’inversion. L’instabilité des basses couches permet cependant la formation de quelques cumulus, dont le développement est rapidement bloqué par l’inversion précitée.
Au-dessus de l’inversion, un intense apport d’air chaud dans les couches moyennes en soirée génère de l’instabilité aussi, avec la formation de nombreux altocumulus castellanus, principalement au-dessus de l’ouest et du centre du pays.
La nuits suivante, sur une bande allant des Hauts-de-France à la Flandre, les cisaillements de vent sont parfois marqués et c’est là que les orages les plus intenses se produisent. Plusieurs d’entre eux prennent des caractéristiques supercellulaires et s’accompagnent de très fortes rafales de vent et de chutes de grêle conséquentes. Ces orages se succèdent sur ces mêmes régions pendant une bonne partie de la nuit. Un peu à l’écart, une autre supercellule évolue de Arras à Wavre et fait tomber des grêlons de plusieurs centimètres de diamètre sur le nord de la province de Hainaut et l’ouest du Brabant wallon.
Le 30 août, le front chaud s’étant à présent au nord de nos régions et la chaleur se fait pleinement ressentir. Les maximales atteignent 30°C à 32°C sur la Wallonie, ce qui est remarquable pour une fin août. Plus remarquable encore : les points de rosée qui à 15 heures, en bien des endroits du pays, dépassent les 20°C. On retiendra notamment la valeur de 22,3°C relevée à Diepenbeek, où la température est de 30,3°C à ce moment-là. Cette humidité donne évidemment un ressenti très lourd, ce que trahit d’ailleurs le ciel blanchâtre, voilé de cirrus et de cirrostratus évoluant en altostratus translucidus. En dessous, il se forme de vagues cumulus aux contours flous. En soirée, des altocumulus castellanus se développent également en dessous de cet altostratus.
La nuit suivante, c’est un scénario similaire à la veille qui se répète, avec plusieurs orages défilant sur les Hauts-de-France et l’ouest de la Flandre. Certains foyers sont à nouveau très actifs et présentent des caractéristiques supercellulaires.
La journée du 31 août, le front chaud présent juste au nord de nos régions commence à rebrousser chemin sur la Manche, donnant à présent un front froid se dirigeant vers la France et chassant l’air chaud à son avant. Dans un premier temps, il fait encore beau avec quelques cirrus et quelques altocumulus Mais ensuite, de puissants orages s’organisent sur une convergence préfrontale qui concerne la région lilloise (des inondations sont signalées) puis l’ouest du Hainaut et une région centrale de la Flandre. Ils provoquent localement quelques dégâts.
Enfin, pour clore l’épisode, quelques orages éclatent sur l’est de la Wallonie au matin du 1er septembre 2015.