Durant l’après-midi, une tornade provoque d’importants dégâts en Famenne, notamment sur les communes de Hotton, Melreux et Bîron, toutes situées en province du Luxembourg. Cette tornade parcourt environ 7 kilomètres en atteigant une intensité maximale estimée au niveau F2 sur l’échelle de Fujita.
Carte satellite reprenant le trajet de la tornade. Source de la carte : Google Earth
Tous les témoignages ont un point commun : la rapidité du phénomène, les débris tourbillonnant dans les airs et un bruit sourd ou sifflement parfois comparé à un moteur d’avion.
On retient plus particulièrement le témoignage d’un propriétaire de ferme à Melreux et de son fils : << Il régnait une atmosphère très spéciale qui annonçait la venue du phénomène. Cela se résumait par une noirceur, des débris s’envolant au loin, un tourbillon et un bruit se rapprochant. >>
À l’arrivée de la tornade, les deux témoins se sont réfugiés dans une annexe jointe à l’étable de leurs vaches. Le bruit se faisait toujours plus grand, celui-ci s’accompagnant d’un fracas de débris. Une fois le tourbillon sur place, le fils s’est réfugié sous les tables. Cela a duré, en tout, une fraction de seconde…
Quand ils estimèrent la situation comme étant sécurisée, ils ouvrirent la porte et constatèrent des dégâts pour le moins incroyables. Murs effondrés, ballots de près de 500 kilos déplacés, serres détruites… Ils constatèrent la mort de l’une de leurs vaches, écrasée par un ballot s’étant soulevé de l’entrepôt voisin pour retomber sur la malheureuse.
En outre, des témoins indirects ont raconté qu’une vache d’un pré voisin fut soulevée, cette dernière se fracturant les pattes en retombant. Celle-ci dû malheureusement être abattue. En poursuivant avec les animaux, d’autres témoins indirects n’ont jamais retrouvé leurs poules.
Et pourtant, contrairement au 5 juin de la même année, aucune chaleur lourde n’a précédé ces phénomènes violents. Déjà la veille soit le 15 septembre 2015, le temps a pu être qualifié de médiocre avec, certes, quelques éclaircies mais surtout de longues périodes de temps gris, accompagnés en plus de fortes précipitations sur le sud du pays.
Le 16 septembre 2019 n’a guère été meilleur avec de petites pluies et bruines le matin, suivies d’une accalmie avec ciel voilé avant que ne se forment des averses l’après-midi, toujours au sein d’un ciel très nuageux de telle sorte que l’on puisse sans peine affirmer qu’il s’agissait là de cumulonimbus enclavés (embedded Cb’s en anglais). Au sud-est de la ligne Reims (France) – Ciney (Province de Namur) – Awans (Province de Liège) – Maastricht (Pays-Bas), les averses ont pris un caractère orageux sous un ciel parfois très tourmenté.
Les températures, avec 19-20°C dans les plaines et vallées, étaient parfaitement de saison. On remarque toutefois une humidité inhabituellement élevée, en partie liée aux fortes précipitations de la veille. En outre, la situation atmosphérique générale s’est complexifiée par la présence de l’ex-tempête tropical Henri et par la présence d’un jet-stream particulièrement puissant pour la saison avec une position en sortie gauche du jet-streak pour la région de Melreux où s’est produite la tornade.
Une analyse fine des conditions météorologiques locales indique que la température avant la tornade a été de quelques 18°C pour un point de rosée de 16-17°C (très humide donc) avec un vent de surface de sud, s’orientant progressivement au sud-ouest en altitude en se renforçant. Le cisaillement de vitesse a été en effet très marqué mais le cisaillement directionnel est resté plutôt modeste.
Cela montre bien qu’une équation du type « A + B + C = T où A, B et C seraient les différents paramètres et T, la tornade » n’est pas encore prête à être développée demain.
Des études très récentes montrent l’importance que peut avoir le relief dans la formation, le renforcement ou l’affaiblissement d’une tornade. Dans le cas qui nous préoccupe, c’est bien le relief qui a pu apporter la touche finale permettant à la tornade d’atteindre le niveau F2. S’il est vrai que les conditions étaient « bonnes », elles n’étaient pas vraiment exceptionnelles pour autant. Il manquait un petit quelque chose pour pouvoir expliquer le phénomène et ce petit quelque chose, c’est peut-être bien dans le relief qu’il réside.
Un dossier sur ce phénomène remarquable a été réalisé par notre collectif. Nous vous invitons à le consulter via le lien suivant : Tornade F2 du 16 septembre 2015 à Melreux.
Enfin, pour être complets, on note que la tornade en question n’a pas été le seul phénomène violent de ce 16 septembre 2015. Une puissante micro-rafale en Gaume, à l’ouest de Virton, a également été responsable de nombreux dégâts apportés à la végétation.