Le 27 juin 2021 s’inscrit dans une période particulièrement sombre. Si les 20 premiers jours de juin ont encore été raisonnablement bien ensoleillés (encore que, ce n’est plus tellement vrai à partir du 17), les 10 derniers jours de juin, avec même pas 10 heures de soleil en tout à Uccle (9h45 pour être précis), constituent l’une des périodes estivales les moins ensoleillées de l’histoire belge. Il faut remonter à 1977 pour trouver quelque chose d’équivalent.
Le 27 juin s’inscrit parfaitement dans cette tendance, avec 1h47 de soleil à Uccle. En Ardenne, ce n’est guère différent. Par une température de 21 à 25°C, selon l’altitude, le temps est moite sous un ciel voilé. Le matin, on y observe quelques stratocumulus sous un voile de cirrostratus, accompagné de quelques altocumulus, parfois floccus. Plus tard apparaissent des bancs étendus d’altocumulus et les cirrostratus évoluent graduellement en altostratus translucidus.
L’après-midi, les altocumulus se dispersent, des cumulus se forment et le voile s’épaissit encore, en altostratus opacus. Temporairement, les cumulus se résorbent à nouveau en grande partie et se font accompagner de quelques stratocumulus, toujours sous l’altostratus. Ce dernier, finalement, s’effiloche en fin d’après-midi et la convection, brusquement, explose avec cumulus congestus bientôt suivis de cumulonimbus pouvant aller jusqu’à la supercellule, avec fortes averses orageuses.
Nous nous trouvons en effet à l’intérieur d’un secteur chaud instable, plus particulièrement en soirée, avec un afflux d’air relativement chaud dans les basses couches pendant que l’air reste froid dans les hautes couches en raison de la proximité d’une goutte froide. Cela génère pas mal d’instabilité, à laquelle s’ajoutent des cisaillements assez prononcés, plus particulièrement dans la moyenne troposphère.
Ainsi, l’orage responsable de la tornade s’est formé, lui aussi, très rapidement à la frontière belgo-luxembourgeoise, peu avant 19h00. Une dizaine de minutes plus tard, il présente déjà de nettes caractéristiques supercellulaires, ce qui constitue une évolution remarquablement rapide. La tornade se développe très vite sur Bernistap, après être née juste au sud-ouest de Buret. Nous nous trouvons là au sud-est d’Houffalize.
Tornade d’intensité F2 – F3 sévissant dans la région de Houffalize vers Bernistap en province de Liège. Crédit photo : T. Calderoni
La tornade s’attaque particulièrement à une ferme à Bernistap : la « ferme-château en carré, emblématique du lieu ».
« Les toits ont été emportés, des murs se sont écroulés, des tôles se sont envolées à plus de 400 mètres… C’était la désolation. Une vision de guerre, comme sur les photos d’Houffalize après les bombardements », témoigne le bourgmestre Marc Caprasse, interrogé par la RTBF.
Ce seul bâtiment nous renseigne sur la puissance du phénomène : une intensité à la charnière entre F2 et F3, ce qui fait de cette tornade un événement majeur pour la Belgique.
La suite du parcours de la tornade se fait dans un ensemble boisé, avec une largeur atteignant jusqu’à 100 mètres. Transitoirement, il semble même que plusieurs vortex aient été actifs. La tornade arrive ensuite sur le village de Cetturu, où elle passe de justesse entre les habitations, avec une intensité allant en diminuant. Si les dégâts correspondent à un niveau F1 au sud du village, ils ne sont plus que de F0 au nord où une seule maison est touchée, avec des dégâts portés au bâti peu importants.
On peut vraiment parler de chance. Une telle tornade dans un milieu densément habité aurait fait des ravages !