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18/08/2011 – Orages intenses et rafales descendantes

    Après les forts orages du 28 juin 2011, l’activité orageuse est retombée pour ne se manifester qu’à de rares occasions durant le mois et demi qui a suivi. Le temps fut humide, avec le régulier passage de perturbations sous des températures parfois bien fraîches. Les périodes de beau temps furent ainsi peu durables.

    Après un coup de semonce assez modéré le 6 août, la saison des orages connait un nouveau maximum d’activité débutant ce 18 août 2011 et se prolongeant jusqu’au 10 septembre.

    Tous les éléments étaient rassemblés pour créer des orages dignes de ce nom le 18 août. On notait en basse couche un air chaud et bien chargé en humidité, rendant l’atmosphère lourde sur une bonne partie de la Belgique dans l’après-midi. On note des températures tournant autour de 25°C. En altitude, le flux est au sud-ouest, tandis qu’il s’oriente plus franchement à l’est dans les basses couches, à l’avant d’une petite dépression se déplaçant de l’ouest de la France au nord de l’Allemagne. En altitude, on note une circulation d’air froid associée à un talweg dynamique, générant une instabilité assez forte (MUCAPE estimé autour de 2500 J/kg par le modèle WRF).

    Analyse de surface du 18 août 2011 à 14h00. Source : KNMIAnalyse de surface du 18 août 2011 à 14h00. Source : KNMI

    Cela dit, les orages qui se sont produits dans une large moitié nord auraient du principalement se produire dans une moitié sud-est du pays. La cause de ce ce décalage est un déplacement d’une centaine de kilomètres de la méso-dépression de surface vers l’ouest par rapport à ce qui était prévu. Cela n’a rien représenté comme changement pour la dépression mais a fait toute la différence pour un petit pays comme la Belgique.

    Cieux orageux dans la région de Redu en province de Luxembourg. Crédit photo : Michael BaillieCieux orageux vers Redu en province de Luxembourg.
    Crédit photo : Michael Baillie

    Dès lors, les régions du nord qui ne devaient pas s’attendre à essuyer des orages sévères, du moins pas aussi nombreux, ont récolté quasiment toute l’intensité de l’offensive. On retiendra sans aucun doute les tristes événements qui se sont produits au festival Pukkelpop (5 morts et une centaine de blessés) tout en sachant que ce genre d’événement n’a rien d’exceptionnel contrairement à ce que le quidam peut penser. En effet, l’orage qui s’y est produit était de forte intensité mais de nature standard pour notre pays. Cependant, lorsque celui-ci s’active sur un terrain dégagé composé de tentes et de chapiteaux, il n’est pas étonnant d’observer les nombreux dégâts que l’on a déploré sur le site.

    Voici le témoignage de Michiel Roelandts qui était présent sur le site en question :
    « Le 18 août 2011, le festival de musique Pukkelpop (Hasselt) en est à sa 26e édition, sous le soleil et avec des températures élevées. Vers six heures du soir toutefois, le temps change complètement. En quelques minutes, l’obscurité tombe sur la prairie du festival comme si c’était la nuit, et le ciel devient même vert.
    Au début, les premières gouttes de pluie sont un rafraîchissement agréable pour de nombreux festivaliers, mais bientôt ils se rendent compte de la gravité des intempéries.
    Moi-même, alors âgé de 17 ans et fan de la musique, je me retrouve tout devant dans la grande tente de la « Boiler Room » et, tout à coup, je remarque qu’il fait un peu plus frais. Juste après, je regarde dehors et je vois la pluie passer presque horizontalement, accompagnée d’une masse de grêlons. Après de courtes mais puissantes rafales, je quitte la tente et constate que la tente adjacente s’est effondrée.
    Les services d’urgence ne savent plus où donner de la tête et très vite, on me donne un petit sac poubelle pour y mettre mes chaussures et je m’avance avec peine dans la prairie inondée, souvent avec de la boue jusqu’aux genoux.
    Avec mon GSM « non-smartphone » de l’époque, je n’arrive à joindre personne et je me décide alors de revenir à notre emplacement sur le camping du festival. Bien que je ne me rende pas encore vraiment compte de la gravité de la situation, je vois déjà que les ravages sont énormes : arbres tombés, tentes et structures de soutien effondrées. Par chance, je retrouve rapidement mon groupe d’amis sur le camping.
    À ma grande surprise, ma tente n’a pas été emportée et, à ma plus grande surprise encore, elle est encore tout à fait sèche à l’intérieur.
    Petit à petit, il redevient possible de téléphoner, ainsi que d’envoyer et recevoir des SMS. Je peux enfin faire savoir à ma famille que je vais bien. Je demande également à mes parents qu’ils viennent me chercher plus tard dans la soirée. J’emporte toutes mes affaires chez moi, mais je décide de laisser ma tente (malheureusement, on me la volera dans la nuit du 19 au 20 août).
    Vers deux heures du matin, la majorité des 60 000 festivaliers sont rentrés chez eux. Malheureusement, trois personnes ont déjà perdu la vie. Plus tard dans la nuit, une autre victime décède à l’hôpital. Les organisateurs, en concertation avec le bourgmestre, décident d’annuler toutes les activités du festival pour le reste du week-end. Quelques jours plus tard, une cinquième victime décède des suites de ses blessures.
    Au cours des mois qui suivent, personne ne sait s’il y aura ou non une prochaine édition du Pukkelpop, mais en novembre de la même année, il est décidé que le festival continuera. En attendant, je suis prêt pour ma 10e édition cette année. »
    Coup de foudre descendant négatif frappant non loin de Redu. Crédit photo : Michael BaillieCoup de foudre descendant négatif frappant non loin de Redu.
    Crédit photo : Michael Baillie

    Ailleurs dans le pays, les régions de Mons et de Charleroi ont également souffert de ces orages tout comme les provinces du Brabant Flamand et d’Anvers où on a récolté 56 mm de pluie à Malines. Les régions liégeoise et bruxelloise ont connu de nombreuses inondations tout comme l’est du Brabant Wallon. La province de Liège qui se situait dans la suite logique de la trajectoire de ces orages fut également soumise à des dégâts divers comme des inondations locales. En revanche, les provinces du sud du pays qui devaient normalement essuyer une intensité maximale furent globalement épargnées, en lien avec le décalage de la méso-dépression.

    Fortes précipitations dans la région de Genval. Crédit photo : Samina VerhoevenFortes précipitations dans la région de Genval.
    Crédit photo : Samina Verhoeven

    En ce qui concerne les phénomènes destructeurs, ceux-ci furent surtout composés par les fortes précipitations de pluies et parfois de grêle mais également par les vents forts qui accompagnaient certains orages. On suspecte d’ailleurs la survenue de l’une ou l’autre rafale descendante dans certaines régions dont celle du site du festival Pukkelpop. A quelques kilomètres de là, la station météo de Ransberg a enregistré une rafale de 111 km/h. Du côté des inondations, la région de Tournai ne fut pas épargnée, ce fut d’ailleurs l’une des premières localités à être touchée par des orages costauds.

    Coup de foudre descendant négatif au sein de précipitations. Crédit photo : Michael BaillieCoup de foudre descendant négatif au sein de précipitations.
    Crédit photo : Michael Baillie

    Enfin, on releva une activité électrique très présente dans la plupart des cellules mais les éclairs furent couramment masqués par les intenses précipitations que les orages développaient.

    Voici plusieurs liens médiatiques pour avoir d’avantages d’informations sur ces événements :

    Un dossier reprenant l’ensemble des conditions météorologiques qui a régné avant, pendant et après ces orages a été élaboré et est disponible via le lien suivant : Les orages violents du 18 août 2011