Une cellule orageuse intense accompagnée de fortes précipitations et des chutes de grêle a principalement touché la province de Limbourg en fin d’après-midi et en soirée. Les radars ont estimé l’intensité de ces précipitations à plus de 100 mm/heure. Des inondations ont été signalées dans la province du Limbourg. Voici un lien pour plus d’informations : Zware regenval in west Limburg
Carte satellite de la Belgique durant l’après-midi du 22/05/2012.
Source : Sat24
Les facteurs météorologiques ayant permis le développement de la cellule orageuse vigoureuse qui a touché la province de Limbourg ont été nombreux mais nous en retenons principalement deux.
Le premier a été la présence d’une couche d’inversion aux environs de 1500 à 2000 mètres d’altitude (selon le radiosondage d’Essen). Celle-ci aura permis l’accumulation d’une énergie potentielle marquée.
En dessous de cette inversion, le réchauffement des basses couches aura été important avec des températures de surface observées de l’ordre de 28 degrés (observation délivrée par la station de Kleine Brogel).
Au dessus de cette inversion, de l’air nettement plus froid circulait (température de -2°C à 3800 mètres). Dès lors, une situation potentiellement « explosive » se mettait en place en cours d’après-midi sur notre pays.
Le second facteur a été une hauteur de la tropopause importante (de l’ordre de 10 km). Une telle situation permet aux orages qui se développent d’atteindre une hauteur verticale très importante et donc, de présenter un potentiel sévère plus important.
Carte des coups de foudre durant la mi-journée du 22/05/2012.
Source : Blids
Les prévisions réalisées en matinée sur le site Belgorage faisaient état d’un risque de développement de cellules convectives vigoureuses sur l’est et le nord-est du pays. Dans le courant de l’après-midi, les conditions météorologiques ont été ré-analysées. Celles-ci ont permis de confirmer le potentiel orageux important qui se dessinait sur le nord-est et l’est du pays.
De ce fait, une réévaluation des prévisions a été effectuée sur le site aux environs de 16h30. Celles-ci mettant surtout l’accent sur une forte probabilité de développement de cellules orageuses sévères (délivrance du niveau orange pour risque de fortes chutes de grêle et pour risque de très fortes chutes de pluie).
Pour détailler le déroulement de l’orage, nous avons eu, durant la fin d’après-midi, une percée dans la couche d’inversion sur le nord de la province de Limbourg. Dès lors, toute l’énergie accumulée a pu se libérer et a produit de puissantes colonnes ascendantes. De ce fait, une cellule orageuse vigoureuse s’est développée proche de la frontière néerlandaise et a atteint une très grande taille.
Carte radar des précipitations.
Source : Buienradar
Celle-ci a pu délivrer d’importantes chutes de grêle et des fortes précipitations. Ces fortes pluies ont été provoquées essentiellement par le caractère relativement stationnaire de la cellule (qui ne se déplaça que très lentement vers l’ouest). Notons que l’orage aura persisté durant près de trois heures ce qui est assez remarquable. L’activité électrique de celui-ci a été également notable. Concernant l’analyse de la cellule orageuse incriminée, notre collectif l’a catalogué en tant qu’orage monocellulaire à pulsation.
Ce type d’orage est reconnu pour délivrer des phénomènes intenses tels que de fortes chutes de grêle et des pluies très importantes. Cette classification a été confortée d’une part par la présence d’un sommet pénétrant bien visible sur les images radar et d’autre part, par l’absence relative de vents marqués sur toute la hauteur de la troposphère.
Un doute subsiste cependant quand à nature exacte de l’orage à pulsation car la durée de vie de celui-ci était anormalement longue pour un orage de ce type. De ce fait, il n’est pas exclu que cet orage ait acquis le stade d’orage à pulsation de type «cyclique».
Ce type d’orages est caractérisé par un regain d’activité continuel ce qui lui permet de persister plus longtemps qu’un orage à pulsation «classique». Les orages à pulsation ne sont pas des phénomènes rares en Belgique (le dernier cas recensé remonte au 4 juin 2011). Cependant, ceux-ci sont souvent craints pour les phénomènes qu’ils engendrent sur leur passage.
L’orage du 04 juin 2011 a été immortalisé par notre équipe audiovisuelle et peut être visionné sur Youtube dont voici le lien : Vidéo sur Youtube