Durant la journée du mardi 29 juillet 2014, une dépression située vers l’Europe Centrale a permis à de l’air chaud présent en Allemagne et aux Pays-Bas de revenir vers notre pays via de faibles courants provenant du secteur nord. Ce genre de situation fut donc propice au développement d’orages puisqu’une instabilité de l’air s’est développée sur base de cette descente d’air chaud depuis le nord, l’air en altitude étant « devenu » bien plus froid par rapport à cette intrusion.
Par contre, aucun échange de masse d’air n’était d’actualité et ce n’était donc que des orages de masse d’air qui pouvaient se développer dans ce contexte atmosphérique. Ce type d’atmosphère étant souvent peu dynamique, celui-ci est propice pour voir naître des orages particulièrement lents. Qui plus est, si ce même contexte s’avère très humide, ceux-ci peuvent devenir franchement pluvieux et apporter dès lors des quantités de précipitations importantes dans certaines régions.
Radar de précipitations vers 17h05, le 29 juillet 2014.
Source : Buienradar
Source : Blids
Comme si cela ne suffisait pas, une particularité s’est produite durant cette journée avec la présence de lignes de convergences qui se sont déplacées longitudinalement plutôt que latéralement comme c’est plus régulièrement le cas. Ce genre de situation a donc amené les orages à se déplacer le long de ces axes et à toucher ainsi les mêmes régions à répétition.
Image satellite des systèmes orageux vers 17h15, le 29 juillet 2014.
Source : Sat24
Activité électrique nuage-sol entre 15h00,et 17h00, le 29 juillet 2014.
Source : Blids
Suite à cette situation et en rajoutant certains aspects de la topographie joints à l’aménagement du territoire, on comprend nettement mieux pourquoi certaines entités ont connu des inondations considérables comme cela fut le cas à Ittre en province de Brabant Wallon par exemple. Dans cette région, certains endroits furent recouverts par 1 mètre et demi d’eau sans compter les points bas qui avaient littéralement disparu sous 3 mètres d’eau. Le plus terrible est certainement la présence de maisons dans ces lieux. Une situation qui fait que certaines bâtisses ont purement et simplement vu une partie de leur toiture plongée sous l’eau. Par ailleurs, de nombreuses autres habitations ont été dévastées par les coulées de boue. Certaines d’entre elles sont également devenues inhabitables.
Inondations importantes sévissant dans la région de Ittre, le 29 juillet 2014.
Crédit photo : Vincent Paindaveine
Face à cette situation, nous tenons à préciser que nous sommes convaincus que d’autres facteurs que météorologiques ont aggravé la situation comme la topographie et l’urbanisation des régions touchées par exemple. En effet, si les quantités d’eau tombées sont localement importantes, elles ne peuvent expliquer à elles seules la survenue d’un tel spectacle de désolation.
Bien que la région de Ittre soit certainement la plus spectaculairement touchée en terme d’inondations, les régions concernées par la montée des eaux ont été très nombreuses. Cela fut à un point tel que l’impression laissée est que toutes les zones urbanisées touchées par les orages furent concernées.
En tout, on distingue trois grandes zones orageuses durant ce jour dont une située en provinces de Limbourg et de Liège, une autre en provinces des Brabants et de Hainaut et enfin une dernière vers la région d’Arlon en province de Luxembourg.
Radar de précipitations vers 19h05, le 29 juillet 2014.
Source : Buienradar
Sillage turbulent suite au passage d’un arcus dans la région de Herstal, le 29 juillet 2014.
Crédit photo : Roger Stas
Si l’on doit dénombrer respectivement les régions touchées par les dégâts des eaux, nous avons pour la première zone, Landen, Aarschot, Diest, Leuven, Lubbeek, Glabbeek, Hoegaarden, Boutersem, Donceel, Tienen, Huy, Hannut, Waremme.
Fortes précipitations sévissant dans la région de Boutersem
en province de Brabant Flamand, le 29 juillet 2014.
Crédit photo : Samina Verhoeven
Activité électrique nuage-sol entre 17h30
et 19h30, le 29 juillet 2014.
Source : Blids
Pour la deuxième zone, Tubize, Ittre, Clabecq et Bruxelles (dont surtout Ixelles, Evere, Anderlecht et Molenbeek). La troisième zone étant restreinte, c’est surtout la ville d’Arlon qui fut concernée par les inondations.
Développement d’une zone orageuse dans
la région de Waremme, le 29 juillet 2014.
Crédit photo : Geoffrey Maillard
Face à cette situation, de très nombreux articles et reportages vidéos furent réalisés par les médias. Ainsi, même si le contexte orageux n’était pas significatif, les nombreux dégâts des eaux les rendirent très notoires. Parmi ces réalisations médiatiques, nous en avons fait une sélection que nous vous proposons de suite :
Vidéos des inondations à Ittre :
Pour en revenir au contexte météorologique détaillé, celui-ci fut donc caractérisé par la présence de ce que l’on nomme un marais barométrique sur nos régions c’est-à-dire une zone à faible gradient barrique, tant au niveau du sol qu’en altitude. Un tel contexte se développe lorsque aucune situation atmosphérique précise ne parvient à se mettre en place. En résumé, il y a très peu d’échanges dans l’atmosphère, et donc très peu de mouvement. Ces situations sont souvent favorables à la survenue d’orages pluvieux, si les conditions d’instabilité sont présentes bien entendu comme ce fut le cas durant ce mardi 29 juillet 2014.
Carte 500 Hpa géopotentiel modélisé pour 20h00, le 09 juin 2014.
Source : Wetter3
En effet, l’instabilité était marquée avec plus de 1000 J/kg de CAPE. Ajoutons à cela que la dynamique tant en surface qu’en altitude était très peu présente d’où donc le lent déplacement des orages. Enfin, et ce n’est pas un moindre élément, la Belgique fut soumise au passage de lignes de convergences ou de restants de fronts qui ondulèrent sur certaines régions avec la survenue de forçages supplémentaires mais également une très forte humidité.
Carte de fronts modélisés pour 14h00, le 29 juillet 2014.
Source : KNMI
Ainsi, lorsque les orages se sont développés au passage de ces lignes de convergence ou de restants de fronts, ceux-ci ont bénéficié à la fois d’une très forte humidité de l’air mais également d’une instabilité à tous les niveaux d’altitude. Dès lors, ceux-ci ont pu se développer et s’intensifier assez rapidement. Le flux directeur étant très peu marqué, ces orages se sont déplacés relativement lentement avec comme conséquence la survenue de très fortes précipitations durant un laps de temps parfois long et sur des zones restreintes.
En outre, certaines régions dont celle de Ittre ont subi le passage de plusieurs cellules orageuses. Comme énoncé en début d’article, un flux parallèle aux lignes de convergence explique cette répétition des orages sur les mêmes régions.
Les plus hautes cotes pluviométriques enregistrées sont les suivantes :
- 80,7 mm à Houtem (province du Brabant Flamand)
- 77,4 mm à Bornival (province du Brabant Wallon)
- 74,8 mm à Meeuwen (province de Limbourg)
- 74,1 mm à Kuringen (province de Limbourg)
Mais il est probable qu’en certains endroits, elles ont été encore plus élevées, notamment à Ittre où le total est estimé à plus de 100 mm.