Cette journée est pour le moins complexe. En effet, outre les orages, nous voyons la partie occidentale d’un front devenir un pseudo-front (car ne concernant plus que les basses couches) descendre puis remonter sur nos régions.
Dans la pratique, nous constatons cependant que le pseudo-front de la carte d’analyse ne correspond pas exactement aux observations. En plus de cela, nous avons un front de brise de mer. Ceci nous permet de subdiviser le pays en plusieurs parties : la région littorale sous l’influence de la brise de mer, la région au nord-ouest du pseudo-front et celle au sud-est.
Situation synoptique du 6 juin 2018 à 14h00. Source : KNMI
1) La région littorale
Cette région est directement concernée par la brise de mer, qui souffle assez fort, et les températures y sont plutôt basses avec des maxima de l’ordre de 16°C en bordure immédiate de l’eau et autour de 17-18°C un peu plus à l’intérieur.
Cette région ne connaît pas de convection. Le ciel est souvent bleu (pas de brume grâce à la turbulence de la forte brise de mer), avec de temps en temps quelques stratus fractus en provenance de la mer. On note aussi quelques altocumulus. Un peu plus vers l’intérieur du pays, ces stratus fractus deviennent plutôt des cumulus fractus, on note donc une toute petite convection de basses couches.
2) La zone au nord-ouest du pseudo-front
Il s’agit grosso modo de la zone au nord du sillon Sambre-et-Meuse. En matinée, on sent encore bien la fraîcheur de l’air, accentuée par le petit vent de nord-est, mais l’après-midi, les températures montent fort pour atteindre un maximum de 27 ou 28°C en toute fin d’après-midi ou début de soirée. Avec un peu d’humidité résiduelle dans l’air, la chaleur devient même un peu lourde.
En raison de l’inversion cependant, qui ne se résorbe que très partiellement avec le réchauffement en après-midi, la convection est fortement réduite. Après la dissipation des brumes et stratus matinaux, le ciel devient bleu et ce n’est qu’en milieu ou fin d’après-midi qu’on observe quelques cumulus humilis. En soirée, on note des bancs d’altocumulus.
3) La zone au sud-est du pseudo-front
Cette zone, qui comporte en gros la Haute Belgique et l’Entre-Sambre-et-Meuse, connaît un temps chaud, lourd et orageux. C’est surtout en matinée qu’on ressent la différence, avec des températures plus élevées sur les hauts plateaux qu’en plaine. Dans les vallées, les 25°C sont souvent dépassés avant midi. Ceci permet de démarrer la convection. Ensuite, la formation précoce des orages limite cependant la hausse des températures, avec quelques 27°C dans les vallées et 24-25°C sur les hauteurs.
Les premiers coup de tonnerre sont observés en tout début d’après-midi du côté de Philippeville – Givet – Beauraing – Rochefort, puis de nombreuses cellules naissent en cours d’après-midi, principalement le long d’une ligne Maubeuge – Rochefort – Manhay. Cette ligne se scinde ensuite en milieu/fin d’après-midi avec de l’activité orageuse d’une part sur le sud du Hainaut (frontière française) et d’autre part sur le nord du massif ardennais.
Coups de foudre détectés durant la journée du 6 juin 2018. Source : Blitzortung
Le temps dans cette région : des bancs d’altocumulus, dont des castellanus le matin, puis une convection, souvent explosive, dès le tout début de l’après-midi. À Florennes par exemple, on observe de l’orage dès 14 heures, avec 6 mm de précipitations. À Humain, c’est aussi en début d’après-midi que les orages éclatent, mais là de façon plus violente avec des rafales de vent, une baisse substantielle de la température et 27 mm de précipitations, dont 19 mm en 1 heure (entre 14 et 15h).
La nuit du 6 au 7, la situation ne se simplifie pas. On perd la trace du pseudo-front, mais d’importantes discontinuités sont présentes dans la masse d’air, dont plusieurs lignes de convergences orientées ESE/WNW, qui deviennent de véritables rails à orages.
C’est en deuxième partie de nuit que nous avons une vague orageuse assez active qui longe toute la frontière belgo-française depuis la Gaume jusqu’à la Flandre Occidentale. Ces orages laissent par exemple 15 mm d’eau à Dourbes. À la station privée de Hestrud (très près de la frontière belgo-française), cet orage à lui seul donne 21 mm d’eau. Une station privée, un peu au sud-ouest de Tournai, aurait mesuré 33 mm entre 1h30 et 2h30, donc 22 mm en moins d’un quart d’heure.
Des inondations sont observées dans plusieurs localités en province de Hainaut, notamment à Angre, Angreau, Audregnies, Honnelles et Blaugies. En outre, des chutes de grêlons jusqu’à 2 cm de diamètre sont signalées à Walcourt.
Et voici, pour finir, les données totales de précipitations (sur 24 heures) :
- Hestrud (FR) : 28 mm
- Sivry : 27 mm
- Agimont : 27 mm
- Aublain : 22 mm
- Florennes : 19 mm
- Chiny (Pin) : 18 mm