Durant la fin de l’après-midi et la soirée du mardi 06 mai 2014, des orages localement forts ont touché certaines régions du pays en apportant des phénomènes associés dont l’intensité pouvait varier d’une cellule à l’autre voire d’un système convectif à l’autre.
Ainsi, ce sont plusieurs offensives convectives qui ont transités par la Belgique, chacune apportant des éléments différents. Premièrement, un système convectif peu électrique mais très pluvieux traversa le centre et le nord-est du pays entre 16h30 et 18 heures. Dans ce cas-ci, ce sont surtout de fortes pluies qui accompagnèrent les cellules associées à la ligne en question. Quant à l’activité électrique, elle fut pour le moins, médiocre.
Ensuite, entre 17h00 et 18h30, une cellule unique transita de la région de Tournai jusqu’à la région bruxelloise. Arrivée dans la région de Ghislenghien en province de Hainaut, celle-ci présenta certaines caractéristiques supercellulaires avec le développement d’un nuage mur rotatif, net et assez bien structuré. Ces caractéristiques ont été confortées par l’analyse des images radars faites à postériori. Ainsi, cette structure est classée comme orage supercellulaire de type LT (pour « low topped » soit à basse tropopause). Précisons que les supercellules LT sont d’une taille et d’une durée de vie plus modestes que les supercellules dites classiques. En outre, au même moment, d’autres cellules abordaient le sud du pays.
Base du courant ascendant d’une supercellule LT.
Crédit photo : Jean-Yves Frique
Enfin, une nouvelle salve orageuse traversa conjointement le centre et le sud du pays entre 19 heures et 23 heures. Sur les Ardennes, une structure en ligne vigoureuse apporta par endroits de violentes rafales de vent et une activité électrique soutenue. Des recherches complémentaires sont actuellement en cours concernant cette structure.
Activité électrique correspondant aux orages qui ont
traversé la Belgique en cours de soirée.
Source : Blids
Pour en venir au contexte météorologique qui a prévalu durant cette journée, celui-ci fut caractérisé par la présence conjointe d’une instabilité et d’une puissante dynamique d’altitude (courant jet entre 100 et 120 km/h selon les radiosondages de Beauvechain de midi et de minuit en heure UTC). C’est cette association qui a permis aux orages de se structurer en systèmes multicellulaires.
Par ailleurs, la présence d’un front chaud d’une étendue limitée situé juste à l’avant d’un front froid, et qui concerna les régions s’étirant de la région lilloise en France jusqu’à la province de Limbourg en Belgique, apporta une énergie potentielle nécessaire au développement orageux ainsi que des cisaillements suffisants pour permettre le développement de cellules passablement rotatives, dont la supercellule LT de Ghislenghien.
Carte représentant la position des différents fronts en Europe Occidentale.
Source : KNMI
Peu de temps après, au passage du front froid proprement dit, les forçages étant plus marqués, les orages se sont structurés d’autant que la dynamique d’altitude augmentait également ce qui permit une évolution en ligne de grains.
Ainsi, cette journée du 06 mai 2014 permis une éclosion de cellules convectives structurellement différentes les unes des autres ce qui fut un très beau champ de recherches pour comprendre les différents orages qui peuvent se développer en Belgique dans un tel contexte atmosphérique. Nous sommes d’ailleurs convaincus que ces exemples pourront nous servir à l’avenir afin d’améliorer les prévisions convectives propres à nos contrées.