La grande absente de notre fête nationale belge du 21 juillet 2018 est notre célèbre « drache nationale ». La pluie se fait d’ailleurs rare depuis plus d’un mois maintenant, tout comme les orages. Cependant, tout le pays n’est pas logé à la même enseigne. Ainsi, certaines régions ne souffrent pas trop du manque de pluie alors que d’autres subissent une sévère sécheresse.
D’ailleurs, cette sécheresse s’étend de plus en plus. En effet, en l’absence de perturbations majeures, la sécheresse commence à s’auto-entretenir dans de nombreuses régions. Cela se ressent aux taux d’humidité de l’air extrêmement bas certains jours, tombant parfois à 20%. Ceci empêche la formation d’orages de masse d’air (car pas assez d’humidité pour former les nuages) et inhibe fortement les orages formés sur des lignes de convergences et autres discontinuités.
C’est ainsi que des zones orageuses organisées se sont complètement dissipées en arrivant dans la zone sèche avec juste quelques cellules qui ont plus ou moins réussi à survivre. Mais la plupart des localités du nord et du centre du pays ont peu ou pas reçu de précipitations, tout au plus quelques coups de vent et un brin de fraîcheur temporaire avec des cumulonimbus en fin de vie.
Cependant, les orages ont apportés des pluies salvatrices en certains endroits, comme le 4 et le 16 juillet 2018 par exemple, mais ils sont restés très localisés et se sont rapidement effondrés. C’est ainsi que le 4 juillet, Uccle (Bruxelles) a reçu 15,9 mm et Lasne (province du Brabant Wallon) 38 mm. Le 16 juillet, Deurne (province d’Anvers) a récolté 17,0 mm.
Si les plaines flamandes et en partie le centre du pays sont au sec depuis la fin du mois de mai, d’autres régions comme la Campine et la Hesbaye n’ont plus connu de précipitations dignes de ce nom depuis le MCS du 1er juin 2018 qui a, pour rappel, causé d’importantes inondations dans l’est. Ce qui fait que le cercle vicieux de la sécheresse qui s’auto-entretient y a commencé plus tard mais est désormais bien présent là aussi comme le montre la pluviosité minime depuis le 1er juin 2018.
Par conséquents, les sols extrêmement secs se font ressentir sur la végétation. En effet, la vision de prairies et de cultures desséchées ainsi que des arbres dépérissant sont les signes d’une situation exceptionnelle. D’ailleurs de nombreux feux de champs et de broussailles se déclarent quasi-quotidiennement depuis une semaine.
Champ de blé en feu à Suarlée en province de Namur, le 16 juillet 2018. Source : RTBF. Auteur non communiqué.
En cause, l’anticyclone des Açores nous envoyant des crêtes successives qui provoquent une situation dite de « blocage » sur nos régions. Ce blocage a pour conséquence d’empêcher les perturbations océaniques de nous atteindre (elles sont donc bloquées). Outre la Belgique, le sud de l’Angleterre, les Pays-Bas, le quart nord-ouest de la France et la Scandinavie connaissent également une sécheresse préoccupante.
La région belge la plus durement touchée reste l’ouest du pays avec, localement, des valeurs tout à fait hors normes. Ainsi, depuis le 1er juin 2018 (50 jours), il n’est tombé que :
- 0,6 mm à Middelkerke (province de Flandre Occidentale)
- 0,8 mm à Passendaele (province de Flandre Occidentale)
- 3,9 mm à Beitem (province de Flandre Occidentale)
Si l’on prend les 31 derniers jours (du 18/06/2018 au 19/07/2018), on a enregistré :
- 0,2 mm à Middelkerke (province de Flandre Occidentale)
- 0,3 mm à Passendaele (province de Flandre Occidentale)
- 0,9 mm à Genk (province de Limbourg)
- 1,2 mm à Florennes (province de Namur)
- 1,3 mm à Beitem (province de Flandre Occidentale)
- 1,3 mm à Koersel (province de Limbourg)
- 2,3 mm à Stree (province de Liège)
- 2,4 mm à Zaventem (province du Brabant Flamand)
Le 20 juillet 2018, une perturbation pluvieuse arrive à la frontière française depuis le sud mais se dissipe peu à peu en traversant le pays en apportant que de faibles précipitations qui n’influencent presque en rien les chiffres précédents. Par ailleurs, certaines régions ne connaissent que quelques gouttes anecdotiques.
Carte de l’indice de sécheresse en Belgique. Source : IRM.
Par contre, en Ardenne et dans la partie sud du pays (sud du sillon Sambre-et-Meuse), la situation est différente. Là, le mois de juin 2018 a été bien plus généreux voire excédentaire en précipitations. Outre le MCS du 1er juin, ces régions ont connu régulièrement des orages, cela grâce notamment au forçage apporté par le relief ainsi que l’humidité des forêts. Mais certaines localités sont tout de même souvent passées entre les gouttes et ressentent aussi le manque d’eau.
Ainsi, la région de Sivry (province du Hainaut) a totalisé 100,1 mm de précipitations en juin (environ 130% du total normal), la région de Mont-Rigi (province de Liège) a totalisé 80,2 mm (environ 80% du total normal) et la région de Dourbes (province de Namur) a totalisé 72,0 mm (environ 95% du total normal). On retient notamment les fortes pluies (mais locales) du 6 juin, 7 juin et 11 juin tout comme on épingle, entre autres, les 52,7 mm du 7 juin à Sivry dans le cadre d’averses orageuses très irrégulières.
Il en résulte des terres plus humides, ce qui a permis la persistance, dans ces régions, d’orages de masse d’air tandis que les orages organisés y ont nettement mieux survécu. Cependant, petit à petit, une forte tendance sèche s’installe là aussi. Dourbes (province de Hainaut) par exemple, a reçu 28,5 mm de pluies orageuses le 13 juillet mais n’a totalisé que 29,1 mm sur les 30 derniers jours, ce qui fait que la quasi-totalité des précipitations proviennent de cet orage. Florennes (province de Namur) n’a pratiquement pas profité de cet orage (0,7 mm) et n’a de ce fait que 1,2 mm sur 30 jours. Hastière (province de Namur) a reçu 7,8 mm le 13 juillet et 8,0 mm sur 30 jours.
En résumé, le nord de la Belgique subit une forte sécheresse presque partout tandis que le sud du pays est très irrégulier en terme de précipitations avec des poches sèches et des poches (encore) humides grâce aux orages. Mais si la situation atmosphérique structurelle persiste, la sécheresse ne tardera pas à s’étendre à tout le pays avec le risque de connaître une sécheresse égale à celle qui fut historique de 1976. D’ailleurs, les prévisions de la semaine à venir sont préoccupantes avec des températures maximales qui vont rester au-dessus de 30°C sur pratiquement tout le pays et ce sans offensive orageuse sérieuse à l’horizon…
Par ailleurs, c’est toute l’Europe qui risque de connaitre des températures très élevées à l’image des 30,2°C enregistrés à Inari le 20 juillet 2018, localité se situant pourtant en Laponie soit au nord de la Finlande !