Après une première quinzaine de juillet plutôt normale, l’espoir était permis de revoir un été « à la belge » et de regarder la sécheresse s’éloigner. Cependant, le flux dépressionnaire reste assez mou et les hauts géopotentiels stagnent en embuscade sur le sud de la France et l’Espagne, qui ne connaissent pas de répit sur le front de la chaleur. En Belgique, malgré des températures légèrement inférieures aux moyennes de saison et des précipitations proches des normales (à Uccle), le taux d’humidité de l’air reste plus bas qu’escompté, preuve que malgré la pluie, les effets de la sécheresse continuent à avoir un impact sur notre météo.
Par après, la situation se détériore pendant la deuxième quinzaine de juillet. Le flux dépressionnaire est remplacé à nouveau par un anticyclone, et le temps redevient sec et chaud. De plus en plus chaud d’ailleurs, avec un paroxysme le dernier jour du mois. Quant à la sécheresse, elle redevient rapidement sensible en de nombreuses régions du pays.
Ainsi, le 31 juillet 2020, un vaste complexe anticyclonique concerne encore la Belgique, s’étendant de la Scandinavie à l’Afrique du Nord, tandis qu’une dépression située au sud de l’Islande, aidée par des dépressions thermiques sur l’Espagne et le sud-ouest de la France, advecte de l’air tropical très chaud et sec vers nos régions.
Situation synoptique du 31 juillet 2020 à 8h00. Source : KNMI
Dès lors, malgré des températures minimales comprises entre 8°C et 13°C, la chaleur devient très vite accablante sur la Belgique, qui connait l’une des journées les plus chaudes de son histoire, surtout sur les régions proches de la frontière française. Certaines stations battent même leur ancien record, détrôné depuis par l’incroyable 25 juillet 2019. On relève notamment :
- 38,2 °C à Hérinnes (province de Hainaut)
- 37,1°C à Chièvres (province de Hainaut)
- 36,9°C à Beitem (province de Flandre Occidentale)
- 36,5°C à Zaventem (province de Brabant Flamand)
- 36,5°C à Uccle (Bruxelles)
- 36,4°C à Deurne (province d’Anvers)
- 36,3°C à Beauvechain (province de Brabant Wallon)
- 35,9°C à Middelkerke (province de Flandre Occidentale)
De plus, comme l’année 2019, on relève des taux d’humidité extrêmement bas pour notre pays, inférieurs à 20% en certains endroits.
Autant dire que la sécheresse s’aggrave fortement. Des signes de dépérissement apparaissent sur la végétation sur une seule journée, à l’instar du 25 juillet 2019. Par exemple, on observe des brûlures sur les feuilles de certaines plantes, le jaunissement et la chute du feuillage des arbres ou encore la chute prématurée des fruits tels que les pommes. Et la situation n’est pas prête de s’améliorer. En effet, cette journée n’est qu’un avant goût de ce qui nous attend dans les semaines suivantes…
En fin d’après-midi, une ligne de convergence remontant de France atteint notre pays. Le ciel devient alors pré-orageux à partir de la frontière française avec l’arrivée de voiles de cirrus et de bancs de cirrocumulus accompagnés de quelques altocumulus. Cependant, la grande sécheresse de l’air inhibe fortement la convection à tous les étages.
Toutefois, à partir de 21h00, ladite convection se renforce sur une autre ligne de convergence située alors sur le nord de la France, entre Dunkerque et Valenciennes, juste avant d’aborder la Belgique. Un noyau plus actif, bien que restant d’activité contenue, se déplace de Pérulwez (province de Hainaut) à Ronse (province de Flandre Orientale) où il décline vers 22h15. En raison de la sécheresse des basses couches, les bases orageuses sont élevées, ce qui permet une observation parfaite des coups de foudre, bien que l’activité électrique reste modérée.
Coup de foudre observé dans la région de Ollignies en province de Hainaut, le 31 juillet 2020 vers 22h30.
Ensuite, à partir de 23h00, quelques cellules sévissent dans la région de Gand (province de Flandre Orientale) avant de s’évacuer vers les Pays-Bas. Après minuit, c’est un complexe multicellulaire qui se forme entre Bruxelles et Gand pour toucher Anvers autour d’1h00 du matin en faiblissant.
Chutes de foudre observées sous un orage à base élevée sévissant à l’ouest de Bruxelles,
depuis Ottignies en province de Brabant Wallon, le 1er août vers 00h30.
Pour finir, la convection s’enclenche en cours de nuit sur le sud de la Belgique où des orages faibles parviennent à se former temporairement et isolément sur les provinces de Namur et de Luxembourg. Au petit matin, seule la Gaume et les régions situées près des frontières allemandes sont encore concernées par des averses.
Coups de foudre détectés durant la journée du 31 juillet 2020 et la nuit suivante. Source : Blitzortung
Ainsi, ce mois de juillet 2020 se conclut sur une troisième journée orageuse seulement, un record ! En effet, jamais un mois de juillet n’avait été si peu orageux en Belgique, depuis les cinq jours observés en 1998. D’ailleurs, nous remarquons depuis une dizaine d’années que le mois de juillet n’est plus aussi propice aux développements orageux que mai, juin et août. Ainsi, le septième mois de l’année semble souvent marquer une trêve dans la saison orageuse.