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16-17/08/2022 – Chaleur, sécheresse…et orages locaux

    L’été 2022 est dans la continuité des années précédentes, avec des conditions plus chaudes et sèches, liées à des blocages anticycloniques. Seul 2021 fait exception au niveau pluviométrique, mais la synoptique globale est similaire : le flux d’ouest maritime et perturbé qui caractérisait notre climat se raréfie. Ainsi, la sécheresse frappe à nouveau la Belgique, avec les mêmes conséquences : cultures et prairies desséchées, cours d’eau à sec, arbres en souffrance et départs multiples d’incendies dans la nature.

    Incendie de champs suite à la chaleur et la sécheresse le 19 juillet 2022 à Incourt (province du Brabant Wallon).Incendie de champs suite à la chaleur et la sécheresse, le 19 juillet 2022 à Incourt (province du Brabant Wallon).

    On entend souvent que 1976 était pire, sauf que 2018 a fait pareil depuis. Suivi dans une moindre mesure par 2019, 2020, 2022… Il faut dire aussi qu’en 1976, nous étions beaucoup moins préparés à ce genre d’épisodes, de nos jours le réseau de distribution d’eau est beaucoup plus développé et nombre d’agriculteurs possèdent des forages pour puiser l’eau. Les conséquences humaines sont dès lors moindres de nos jours (à l’échelle globale), mais les conséquences sur l’environnement sont identiques, voire pires puisque nous avons une successions d’évènements similaires et la nature n’a pas le temps de se rétablir.

    En effet, il y a déjà eu de forts épisodes chauds et de sécheresse dans le passé (1911 par exemple), mais ce qui nous inquiète de nos jours, c’est que ce genre d’évènement se produise plus régulièrement à l’avenir.

    Cependant, cette année, grâce à un mois de juin proche des normales (toutefois plus ensoleillé, plus chaud et… plus orageux !), notre pays s’en sort mieux par rapport à nos voisins où la situation est bien plus critique, notamment en France, en Allemagne et en Angleterre. De plus, nous restons souvent en marge de l’air le plus torride, protégés par un flux de nord-ouest à nord-est, contrairement à la France. En résumé, cela aurait pu être pire, mais ce pire est sans doute à venir lors d’un prochain été.

    La Loire en France, à un niveau historiquement bas, le 17 août 2022. Source : Meteo Contact

    Ainsi, après un printemps déjà assez sec, juillet et août enfoncent le clou de la sécheresse. Il ne tombe par exemple que 9,2 mm de pluie à Uccle entre le 1er juillet et le 14 août. Le mois de juillet bat plusieurs records : pression atmosphérique élevée, vitesse moyenne du vent déficitaire et nombre de jours d’orages très faible (3, égalisant le record de 2020). Le mois d’août bat également d’autres records : basse humidité relative, température moyenne élevée, température moyenne maximale élevée. Le nombre de jours d’orages, quant à lui, est de 7.

    Parmi les dates marquantes, nous retenons le 19 juillet, où les 40°C sont atteints pour la deuxième fois de notre histoire, bien que plus ponctuellement. On note aussi le 4 août, qui voit quelques orages localisés se produire. Ensuite viennent les 16 et 17 août avec des orages pluvieux, mais très locaux.

    Orages transitant sur la région de Fillières (France, Département Meurthe et Moselle) le 4 août 2022 vers 22h40. Orages transitant sur la région de Fillières au sein du département
    de la Meurthe et Moselle en France, le 4 août 2022 vers 22h40.

    En effet, dès le 14 août, une perturbation remonte de France à la faveur d’une baisse du champ de pression. La ligne de convergence pré-frontale, qui nous concerne la soirée du 14, ne donne que des pluies localisées, aucun orage ne parvenant à se former à cause de la trop grande sécheresse de l’air. Idem en cours de nuit au passage du front.

    Ensuite, durant la journée du 15, une ligne post-frontale génère enfin suffisamment d’instabilité, avec quelques averses orageuses localisées au sein de la masse nuageuse, mais qui ne donnent que peu de pluie, avec un maximum de 20 mm à Bierset en province de Liège. De plus, sur l’ouest du pays, le temps reste beau et chaud, avec jusqu’à 29°C.

    16 août

    Le lendemain, le 16 août, nous voyons désormais une masse d’air plus humide sur notre pays, suite aux dernières précipitations, mais toujours bien chaude. Les températures atteignent 28 à 30°C en plaine, avec comme maxima 30,8°C à Koersel en province de Limbourg. L’après midi, à la faveur d’une ligne de convergence sur l’ouest du pays, une activité orageuse plus prononcée se développe. Ces orages ne donnent cependant pas grand chose en terme de précipitations, sauf très localement, avec par exemple 40 mm à Moorslede et 32 mm à Beselare en province de Flandre Occidentale, avec quelques inondations de voiries et de caves à la clef.

    On remarque surtout de fortes baisses de température au passage de ces cellules orageuses, avec quelques bonnes rafales de vent. À Beitem en province de Flandre Occidentale, on mesure par exemple des rafales jusqu’à 68 km/h. Une autre activité orageuse, d’un tout autre calibre, affecte en fin d’après-midi Paris et l’Île-de-France, où l’on assiste à un véritable déluge qui inonde le métro. À Paris-Montsouris, on observe 47,0 mm de pluie.

    Ensuite, les restants de cet amas orageux atteignent la frontière belge peu après 22h00. Une station de particulier près de Mouscron en province de Hainaut reçoit 15 mm d’eau dans le cadre de cet orage, entre 22h30 et 23h10, alors qu’il s’effondre complètement.

    17 août

    Le matin du 17 août est souvent gris, avec des brumes, bruines et averses. En journée, on observe des éclaircies et la température remonte entre 22 et 26°C, avec comme maxima 26,4°C à Cointe (Liège). Du coup, l’instabilité engendre la formation de quelques orages peu mobiles, par exemple au nord-ouest de Gand, où un particulier recueille 56,1 mm de pluie. De nombreuses rues se retrouvent sous eaux dans le secteur, et des maisons sont inondées.

    En outre, un tuba est observé au dessus de Wavre en province du Brabant Wallon tandis qu’un autre, particulièrement développé, est filmé près de Torhout en province de Flandre Occidentale. Il est possible que ce dernier ait eu un contact avec le sol, mais comme aucun dommage n’a été signalé, il nous est impossible de le certifier. La vidéo est disponible via le lien suivant : windhoos in Plaisirbos.

    Toutefois, ces orages et ces fortes précipitations restent très localisés, et la sécheresse perdure en de nombreuses régions. En outre, la première vague de chaleur officielle de cette année 2022 se termine en ce 17 août à Uccle (Bruxelles, station de référence pour la Belgique). Cependant, si nous prenons l’exemple de la station de Cointe (Liège), au climat davantage continental et urbain, celle-ci enregistre sa troisième vague de chaleur de l’été fin août. Ainsi, nous pouvons mieux nous rendre compte de la situation exceptionnelle que nous vivons.

    Indice de sécheresse le 26 août 2022. Source : IRMIndice de sécheresse le 26 août 2022. Source : IRM

    D’ailleurs, la chaleur et la sécheresse perdurent ensuite pour le reste du mois d’août, et le début du mois de septembre. Il faudra sûrement attendre l’automne pour que cette dernière puisse réellement se résorber, avec le retour des perturbations atlantiques, qui mettront fin au règne des anticyclones européens. Du moins, on l’espère…En outre, au niveau européen, cet été 2022 est le plus chaud observé.

    La Hoëgne à Theux (province de Liège) presque à sec ce 17 août 2022. Crédit : Gédéon PhotosLa Hoëgne à Theux en province de Liège
    presque à sec en ce 17 août 2022.
    Crédit photo : Gédéon Photos

    Au niveau des orages, cette saison 2022 est, par conséquent, la pire depuis la création de Belgorage en  2010. Hormis quelques territoires un peu plus concernés, cette année ne connaît que peu d’orages, et presque aucune cellule convective intéressante ou esthétique. Même si juin a davantage été orageux, les dégradations ont surtout circulé en dehors de nos frontières, débordant occasionnellement sur notre territoire, en ne présentant que rarement un caractère virulent.