L’entrée dans l’automne climatologique 2022 est marquée en Belgique par une activité orageuse enfin digne de ce nom, après deux mois très calmes (juillet et août). Les dégradations opérant les 5, 6, 7 et 8 septembre s’inscrivent parmi les plus actives de la saison orageuse, néanmoins peu mouvementée en général, y générant ainsi un pic d’activité assez tardif, après une première phase toutefois plus molle observée en mai-juin.
À noter, pour être rigoureux, que de premiers orages éclataient déjà les 2 et 3 septembre mais présentaient un caractère généralement faible à modéré. Très localement, ils ont été plus intenses, comme dans la région d’Andenne en province de Namur durant le début de soirée du 3 ou encore près de Lille, dans le département du Nord en France, le 2.
Courant descendant vigoureux et pied-de-pluie associé sous un orage actif éclatant sur la région d’Andenne en province de Namur durant le début de soirée du 3 septembre 2022.
La situation atmosphérique, typique des orages de fin de printemps et d’été, ne s’était jusqu’à présent que peu présentée cette année. La plongée d’une goutte froide au large de l’Irlande les 2 et 3 septembre redressait progressivement un flux maritime d’origine tropicale vers nos régions. Ce n’est cependant qu’en fin de journée du 5 septembre que la dynamique associée intéresse la Belgique, le pays se retrouvant en sortie gauche d’une branche de Jet-stream opérant sur la France, dans un contexte bien divergent en altitude. Ces forçages s’opèrent sur une masse d’air devenue bien instable – cependant assez loin de niveaux exceptionnels – et présentant ainsi un phasage qui n’avait été que peu observé ces derniers mois.
Analyse de surface du 5 septembre 2022 à 20h00. Source : KNMI
En journée, les températures sont encore bien chaudes, et dépassent les 30°C en plaine, avec par exemple 30,6°C à Cointe (Liège), 30,9°C à Uccle (Bruxelles) et 31,6°C à Retie en province de Limbourg. En outre, la station de Cointe (Liège) connaît sa quatrième vague de chaleur de l’été (du 28 août au 7 septembre).
Dans ce contexte, un premier orage multicellulaire se développe en seconde partie de l’après-midi du 5 septembre entre le Hainaut et le Brabant wallon. Il se renforce vers 16h30 sur la région de Genappe en province du Brabant wallon en gagnant ensuite la Capitale et le Brabant Flamand, avant de se dissiper vers 19h00 en région anversoise, au moment où d’autres cellules se développent tout en se décalant sur les Pays-Bas. L’activité électrique associée est intense par moments, mais toutefois presque exclusivement intranuageuse. Les fortes précipitations, très localisées et parfois accompagnées de grêle, provoquent toutefois quelques embarras sur le ring de Bruxelles, concerné en pleine heure de pointe.
À Bruxelles justement, il tombe 21 mm de précipitation à Woluwe-Saint-Pierre et 16,5 mm à Auderghem, tandis qu’Uccle enregistre 0 mm… Cependant, on y mesure des rafales de vent de 86 km/h.
En parallèle, des orages sévissent dans le nord de la France, et l’un d’entre eux sur le département de l’Aisne présente des caractéristiques supercellulaires. Il se délite cependant avant d’atteindre la frontière belge en début de soirée. Les autres orages français poursuivent cependant leur progression et atteignent l’ouest du Hainaut et de la Flandre à partir de 19h30. D’autres cellules se développent directement en Belgique un peu à leur avant, sur un axe Gand – nord Hainaut. Tout l’ensemble se dirige vers le nord de la Belgique, en concernant à nouveau la région bruxelloise au passage (il tombe 10,8 mm de précipitations à Uccle).
Éclairs internuageux au-dessus de l’aéroport de Zaventem, en province de Brabant Flamand, le 5 septembre 2022.
En Wallonie picarde, un orage attire notamment l’attention car il adopte un comportement supercellulaire. Un membre de notre équipe présent sur place confirme cette évolution supercellulaire. Cet orage prend ensuite la direction de la région gantoise en province de Flandre Orientale, en gardant un caractère plus virulent que ses comparses. À Evergem par exemple, on enregistre une rafale de vent de 87 km/h tandis qu’il tombe 30,6 mm de pluie.
Orage supercellulaire dans la région d’Ollignies, en province de Hainaut, le 5 septembre 2022.
En retrait, une seconde zone d’orages sur l’Île-de-France remonte aussi vers la Belgique, en visant plutôt l’est du Hainaut, tandis que plus à l’est, des orages transitent en Champagne-Ardennes en direction de la province de Namur. Cette seconde zone traverse la Thiérache à partir de 22h30 où elle se montre par moments très active (un éclair toutes les deux à trois secondes), mais tend à évoluer en un paquet pluvio-orageux en approchant de la frontière belge, ce qui provoque son atténuation. La troisième zone orageuse, plus restreinte mais bien active, se retrouve du côté de Charleville-Mézières également autour de 23h00. Entre ces deux zones, plusieurs cellules se forment rapidement sur le plateau de Rocroi, les joignant et formant ainsi un système orageux vaguement linéaire qui traverse rapidement l’Entre-Sambre-et-Meuse. L’une des cellules présente temporairement une forte activité électrique à l’ouest de Dinant, tandis qu’une autre cellule isolée au-devant de la ligne est active entre la vallée de la Sambre et Gembloux.
Coup de foudre ramifié dans la région de Frasnes-lez-Gosselies, en province de Hainaut, le 5 septembre 2022.
Passé minuit, l’ensemble des orages tend cependant à décliner, alors que la zone progresse vers l’est de la Belgique en direction de l’Allemagne et des Pays-Bas. Ainsi, bien que ces orages soient restés généralement peu violents, ils apportent la première réelle dégradation depuis plus de deux mois, avec des pluies bienfaitrices en cette période de sécheresse. Bien que ces précipitations soient très hétérogènes, peu de régions seront épargnées par les épisodes des jours suivants.