Résumé
Dans la soirée du samedi 7 septembre 2024, une offensive orageuse a rapidement concerné une large bande centrale de la Belgique. Bien que les phénomènes engendrés n’aient rien de particulier en-dehors de fortes précipitations locales et d’une activité électrique modérée, certaines organisations orageuses méritent que l’on s’y arrête quelque peu.
Sur la région de Charleroi par exemple, un système orageux a présenté une évolution en écho en arc. Les différentes photographies prises sur place pourraient faire penser à une phase transitoirement supercellulaire (amorce), mais aucune donnée radar ne prouve une évolution aboutie et durable, au contraire d’une autre cellule orageuse qui s’est déplacée dans la région de Gedinne et de Beauraing.
Conditions atmosphériques
Le vendredi 6 septembre, après une journée assez fraîche qui marque une transition entre deux offensives orageuses, la Belgique se retrouve à nouveau dans un secteur chaud le lendemain. Ainsi, le 7 septembre, les températures grimpent l’après-midi, après une matinée nuageuse et brumeuse. En outre, les températures les plus élevées sont observées sur une moitié orientale du pays, où les éclaircies ont été plus précoces grâce au flux de sud-est, avec jusqu’à 28°C à 29°C en Campine et 24 °C à 25°C sur le relief. Ainsi, l’instabilité atteint des valeurs modérées avec +/- 1000 J/kg sur la frontière franco-belge, alors qu’un front ondulant s’approche de ces régions par le sud.
Analyse de surface du 7 septembre 2024 à 20h00. Source : KNMI
Déroulé de l’épisode
En deuxième partie d’après-midi, le ciel montre des signes d’instabilités, avec le développement de cumulus congestus qui évoluent en averses locales. Mais c’est en début de soirée, sur la trace frontale, que les premiers orages se forment en France, entre Reims et Charleville-Mézières. Ensuite, vers 20h00, un amas orageux se crée autour d’un minimum de surface sur la frontière franco-belge autour de la vallée de la Meuse.
En parallèle, un orage multicellulaire isolé parvient à naître en région gantoise, et un deuxième une demi-heure plus tard près de Brugge. Ces orages se déplacent rapidement vers la Zélande avec une forte activité électrique et des structures nuageuses intéressantes.
Pendant ce temps, l’amas orageux remonte sur l’Entre-Sambre-et-Meuse, tandis qu’une cellule s’individualise sur son flanc est vers 20h15, non loin de Sedan au sein du département des Ardennes. Cette cellule montre des caractéristiques supercellulaires avec un inflow notch et un dipôle visible sur les images Doppler. L’orage entre ensuite en Belgique, à l’ouest de Bouillon en provinde de Luxembourg, pour toucher Gedinne en province de Namur autour de 21h00. En visuel, cet orage supercellulaire présente une organisation aboutie, avec un nuage mur bien détaché du courant descendant et des précipitations associées. L’activité électrique reste modérée, mais de multiples chutes de foudre sont observées. Par après, peu avant 21h30, la cellule se déstructure rapidement au nord de Beauraing, alors que d’autres développements viennent se greffer par le sud. Au même moment, la région de Charleroi est concernée par l’amas multicellulaire. En outre, l’activité électrique est localement soutenue, ainsi que les précipitations qui causent quelques inondations de voiries.
Double impact de foudre dans la région de Pessoux, en province de Namur, durant la soirée du 7 septembre 2024.
Par la suite, vers 21h45, une équipe de traqueurs observe une structure pouvant s’apparenter à une organisation supercellulaire dans la région de Villers-la-Ville, en province du Brabant Wallon. Cependant, il semblerait qu’il ne s’agissent que d’une amorce, car aucune donnée radar ne démontre une telle évolution. En outre, l’amas tentant à cet instant de se structurer en écho en arc, il n’est pas impossible, au vu de la localisation, que cette amorce supercellulaire soit liée à formation avortée d’un Bookend-Vortex.
Enfin, vers 22h30, l’ensemble se désagrège complètement sur le centre du pays (Brabants et Bruxelles). Néanmoins, un segment reste temporairement actif sur les régions de Jodoigne et de Tirlemont, où une forte activité électrique est observée. Toutefois, à l’arrière, un nouvel axe orageux se crée entre Charleroi et Charleville-Mézières. Cette ligne multicellulaire va ensuite rapidement coulisser sur la province de Namur, avant de concerner la province du Brabant Wallon et l’est de Bruxelles autour de 23h30. Localement, les fortes précipitations passagères engendrent des coulées de boue et quelques dégâts des eaux, notamment à Jodoigne et Beauvechain.
En parallèle, quelques orages anecdotiques concernent la Flandre Occidentale. Enfin, la province du Brabant Flamand est atteinte vers minuit, mais peu de temps après, l’axe orageux se dissipe en s’évacuant vers le nord, mettant un terme à cette offensive.
Impacts de foudre détectés lors de la journée du 7 septembre 2024. Source : Lightningmaps
Au niveau des cumuls de précipitations, aucune station n’a enregistré de valeur exceptionnelles, mais les pluies sont souvent tombées en peu de temps (quelques dizaines de minutes). On a par exemple mesuré :
- 36,4 mm à Woluwe-Saint-Pierre (Bruxelles, MB)
- 35,8 mm à Oignies-en-Thiérarche (province de Namur, BMCB) et à Woluwe-Saint-Lambert (Bruxelles, WM)
- 34,4 mm à Tarcienne-Walcourt (province de Namur, BMCB)
- 32,1 mm à Dourbes (province de Namur, IRM)
- 31,6 mm à Chatelet (province de Hainaut, SPW)
- 31,5 mm à Louvain-la-Neuve (province du Brabant Wallon, SPW)
- 30,4 mm Senzailles (province de Namur, BMCB)