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23/04/2025 – Tornade sur la région de Chaumont-Gistoux

    Ce mercredi 23 avril 2025, entre 18h20 et 18h30, une tornade a pu être observée par de nombreux témoins sur un secteur restreint du Brabant wallon, entre Wavre et Chaumont-Gistoux. Le phénomène, très peu mobile, s’est maintenu pendant de longues minutes, heureusement sans faire de dégâts vu sa faible intensité. Le tourbillon s’est développé sous une cellule convective non orageuse ayant connu, à ce moment, une intensification notable. Enfin, on notera que deux jours plus tôt, le lundi 21 avril, un tuba a déjà été observé dans la région d’Eeklo, en province de Flandre Orientale.

    La situation atmosphérique de ce 23 avril 2025 ne se prêtait, a priori, qu’assez peu à de telles manifestations. Néanmoins, la Belgique se trouvait influencée, dans l’après-midi, par un petit minimum dépressionnaire positionné dans le nord de la France, sur la région de Reims. Cette méso-dépression a pu renforcer la convergence et le cisaillement des vents, le tout, aidé par des conditions locales. Ces phénomènes tornadiques de faible intensité ne requièrent, en effet, que peu d’énergie, et c’est surtout l’état de l’atmosphère dans les basses couches au niveau local qui détermine leur formation. En effet, à l’heure de la survenue du phénomène, la cellule l’ayant engendré connaissait un renforcement assez net. On note qu’une convergence des vents de surface était sur le secteur et, à plus large échelle, sur le centre du pays. Les cisaillements sont par ailleurs assez notables au moment de la survenue de la tornade avec un flux de nord au nord de l’axe de convergence et un flux de sud-est au sud de cet axe. Comme aucun indice de la présence d’un mésocyclone n’a été détecté, la tornade est donc de type landspout.

    Bien qu’ayant eu une durée de vie assez remarquable (sept à huit minutes), la tornade est restée de très faible intensité (F0 sur l’échelle de Fujita et T0 sur l’échelle de Torro, soit des vents estimés entre 60 km/h et 90 km/h) et, par ailleurs, ne s’est déplacée que très lentement. Le fait qu’elle ait été à l’écart du noyau de précipitations de la cellule l’a rendu bien visible, parfois d’assez loin. Le phénomène fut en soi davantage spectaculaire qu’intense.

    Tornade observée depuis Corroy-le-Grand en province du Brabant Wallon, le 23 avril 2025. Crédit photo : Didier BottinTornade observée depuis Corroy-le-Grand, en province du Brabant Wallon, le 23 avril 2025.
    Crédit photo : Didier Bottin
    Tornade observée depuis Louvrange en province du Brabant Wallon, le 23 avril 2025. Crédit photo : Freud Smithi.Tornade observée depuis Louvrange, en province du Brabant Wallon, le 23 avril 2025.
    Crédit photo : Freud Smithi

    Une enquête de terrain menée le lendemain de l’événement par Belgorage a pu mettre en évidence le parcours au sol assez court et intermittent de cette tornade. Preuve de sa très faible intensité, elle s’est approchée très près de certaines habitations sans que certains de leurs occupants n’aient remarqué sa présence.

    Résultats de l’enquête de terrain

    Carte illustrant l'enquête de terrain de la tornade de Chaumont-Gistoux du 23 avril 2025. Fond de carte : Google Maps.Carte illustrant l’enquête de terrain de la tornade de Chaumont-Gistoux du 23 avril 2025.
    Fond de carte : Google Maps

    Les premiers dommages constatés se situent Rue de la Commone et Taille Thérèse (1), à Dion-le-Mont. Il s’agit de quelques petites branches fraîchement brisées sur un arbre, de deux arbres morts déracinés et d’une tuile tombée de la toiture d’un bâtiment. Ces dégâts étant ponctuels et très faibles, nous ne pouvons pas les attribuer directement au phénomène, bien qu’ils correspondent parfaitement à l’axe de dommages constatés par la suite.

    Après, plus rien n’est visible avant d’atteindre la rue de l’Épine (2). À cet endroit, une prairie de fauche montre des hautes herbes couchées dans un mouvement cyclonique, avec une convergence bien marquée sur 50 mètres de largeur environ. À cet endroit, il semble donc qu’un phénomène tourbillonnaire se soit formé. Les habitations n’ont subi aucun dommage, montrant que le tourbillon avait une intensité très faible, au niveau F0-T0. Juste après, un champ labouré ne peut rien nous apprendre.

    Toutefois, les mêmes traces sont ensuite découvertes dans une série de parcelles de céréales et de prairies de fauche (4). À ce niveau, les mouvements assez anarchiques présents dans la végétation montreraient que la tornade y ait adopté un comportement stationnaire, faisant divers allers-retours. On notera aussi qu’en bordure, des serres-tunnels (3) constituées d’une structure légère d’arches en métal et de bâches semblent avoir subi quelques dommages dans leurs parties exposées en direction du phénomène. Toutefois, les dégâts sont trop limités pour pouvoir avoir la certitude qu’ils ont un lien avec le tourbillon.

    Traces laissées par la tornade dans la végétation herbacée à proximité de la rue du Taillis à Dion-le-Mont.Traces laissées par le passage de la tornade dans la végétation herbacée à proximité de la Rue du Taillis, à Louvrange.

    Plus loin, nous arrivons Rue du Taillis, à Louvrange (5), où des traces sont toujours visibles dans la végétation herbacée. Cependant, une convergence des vents n’y est plus clairement identifiable, l’intensité ayant, semble-t-il, encore diminué. Au niveau de la Rue du Brocsous (6), quelques traces sont encore marquées dans la végétation herbacée ainsi que quelques petites branches brisées à certains arbres. Mais les dommages sont trop faibles pour pouvoir les relier d’une manière certaine à la tornade.

    Enfin, plus rien n’est retrouvé avant l’Avenue de la Dame (7), où quelques petites branches sont cassées sur un pin. Une personne témoigne également : « J’étais à l’étage quand, brusquement, j’ai entendu le bruit du vent. Par la fenêtre, j’ai remarqué que les arbres bougeaient dans tous les sens. Je suis alors descendu au rez-de-chaussée pour voir ce qu’il se passait, mais, le temps d’y arriver, c’était déjà terminé. Je n’ai rien remarqué d’autre, si ce n’est une ambiance bizarre dehors. Il faisait très sombre. Pourtant, le ciel était bien dégagé au loin, car je voyais le ciel bleu.« .

    Par après, aucune trace n’est retrouvée.

    Il est utile de signaler que si la tornade n’avait pas été observée par les nombreux témoins et précisément localisée dans ce secteur, il aurait été impossible de déterminer sur base de ces seules traces relevées lors de l’enquête, la survenue d’un phénomène tourbillonnaire. Nous avons en effet eu la « chance » que la tornade ait été abondamment photographiée et filmée. Une étude de cette documentation, grâce aux nombreuses personnes qui nous ont contactés, permet de valider ce cas de tornade, car les observations du phénomène correspondent exactement à la localisation des dégâts retrouvés.

    Ainsi, un axe de convergence est tout de même identifié sur une longueur de 500 mètres, alors que la piste des dégâts court sur une longueur totale de 1,85 kilomètre. Il est aussi à noter qu’en dehors des dommages décrits, absolument rien n’est trouvé ailleurs. Par exemple, d’autres parcelles de céréales et de prairies de fauche n’ont pas une seule touffe de plantes couchée, même à proximité immédiate des endroits précédemment décrits, ce qui démontre un phénomène très localisé.

    Carte illustrant l'observation de la tornade par des témoins, avec leurs positions et leurs angles de vue. Fond de carte : Google Maps.Carte illustrant l’observation de la tornade par des témoins, avec leurs positions et leurs angles de vue.
    Fond de carte : Google Maps

    Sur la carte ci-dessus, le tracé de la tornade est identifié par la ligne rouge. Le tourbillon a été observé entre 18h22 et 18h30, et les différents angles de vue semblent nous montrer que tous les dégâts retrouvés sont bien attribuables à la tornade. Par exemple, sur la photo prise à 18h29, au moment où le vortex faiblit et se dissipe, il semble se situer au niveau du lotissement de l’Avenue de la Dame, où les derniers dommages sont potentiellement retrouvés. Maintenant, si on s’attarde sur les témoins les plus proches du phénomène, le constat écarte encore davantage les doutes, comme le montre la carte suivante :

    Carte montrant les différentes observations de la tornade. Fond de carte : Google Maps.Carte montrant les différentes observations de la tornade.
    Fond de carte : Google Maps

    Bien que la corrélation observation de la tornade/dégâts constatés est parfaite, on peut remarquer quelques légers décalages. Au-delà de possibles légers écarts dans les horaires mentionnés et nos reconstitutions des angles de vue, l’hypothèse pouvant être formulée est que le tourbillon avait un caractère sinueux. Ainsi, le contact au sol peut être légèrement décalé par rapport au tuba.

    Dès lors, sur base de toute ces constatations, nous sommes en mesure de valider ce cas de tornade, au minimum sur le parcours qui montre des signes nets de convergence au sol. Nous en profitons aussi pour remercier grandement toutes les personnes qui nous ont contactés pour nous transmettre leurs images et leurs témoignages, qui ont été d’une grande importance dans la réalisation de cette enquête.