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03/08/2020 – Trombes marines

    Après la journée caniculaire du 31 juillet 2020, la Belgique reste temporairement dans de l’air post-frontal moins chaud ce 3 août 2020. Ainsi, les températures restent comprises entre 18°C et 26°C, les minimas étant observés sur le relief et la côte, tandis que la Hesbaye bénéficie d’une journée d’été. En outre, la formation d’une petite dépression sur la Mer du Nord permet le développement d’une ligne de convergence qui s’approche du littoral belge et hollandais en matinée. Cette dernière génère des averses localement orageuses, à priori anodines.

    Analyse de surface du 3 août 2020 à 14h00. Source : KNMIAnalyse de surface du 3 août 2020 à 14h00. Source : KNMI

    Sauf que, au moment d’aborder la côte, plusieurs trombes marines sont signalées en divers endroits, immortalisées par de nombreux vacanciers. Elles sont d’abord observées sur la partie sud de notre littoral vers 11h45, puis vers le centre autour de 12h30 et ensuite vers le nord à 13h00.

    D’après les témoignages, les photographies et les vidéos disponibles, nous avons pu identifier et recréer le déroulement de l’épisode. À noter qu’au passage de la ligne, les personnes présentes décrivent un ciel très sombre et un brusque coup de vent. Effectivement, le vent faible d’ouest-nord-ouest tourne brusquement au nord-nord-est en se renforçant au passage de la ligne orageuse.

    La première trombe est signalée au large de Coxyde vers 11h45. Elle est visible depuis La Panne jusque Nieuwpoort grâce à un ciel dégagé de toute précipitation. Après une durée de vie de 8 à 10 minutes environs, elle se dissipe. Mais, très vite une nouvelle trombe se forme un peu plus près de la côte, visible depuis Coxyde et Oostduinkerke. Elle fini par disparaître également après une durée de vie comprise entre 3 et 5 minutes.

    Trombe marine observée depuis Oostduinkerke le 3 août 2020 en fin de matinée. Crédit photo : Gérard CusseTrombe marine observée depuis Oostduinkerke, le 3 août 2020 en fin de matinée. Crédit photo : Gérard Cusse
    Trombe marine sévissant au large de Coxyde le 3 août 2020 peu avant midi. Crédit photo : Elodie CotarTrombe marine sévissant au large de Coxyde, le 3 août 2020 peu avant midi. Crédit photo : Elodie Cotar

    Ensuite, une autre trombe se forme aux alentours de 12h30 à Blankenberge. D’une durée de vie comprise entre 5 et 7 minutes, elle est même temporairement accompagnée par un deuxième tourbillon plus bref. Cependant, ils sont moins visibles que les précédents car quelques précipitations les accompagnent.

    L'une des deux trombes marines observées depuis Blankenbergue le 3 août 2020 vers 12h30. Crédit photo : Henri VanrothemL’une des deux trombes marines observées depuis Blankenberge
    le 3 août 2020 vers 12h30. Crédit photo : Henri Vanrothem

    Par après, une nouvelle trombe est observée à Duinbergen et Heist-aan-zee vers 13h00. Moins esthétique que les précédentes, elle ne dure que 2 à 3 minutes environ.

    Trombe marine sévissant près de Duinbergen le 3 août 2020 vers 13h00. Crédit photo : Tina DrossaertTrombe marine sévissant près de Duinbergen, le 3 août 2020 vers 13h00. Crédit photo : Tina Drossaert

    Ainsi, ce sont 5 cas de trombes marines qui sont identifiés en Belgique. En outre, 7 cas se sont produits aux Pays-Bas (à Den Helder et Julianadorp) et 1 en France (à Bray-Dunes) qui a possiblement affecté le territoire belge. Pourtant, l’instabilité paraissait faible et rien ne semblait indiquer la survenue de ces phénomènes. Sauf que, les jours précédents et surtout la journée caniculaire du 31 juillet sont venus ajouter leur grain de sel.

    En effet, il est communément décrit dans la littérature que pour se former, une trombe marine a besoin d’une différence de température de 15°C à 18°C entre celle de l’eau et celle mesurée à 850 hPa. En ce 3 août, nous avons sur nos côtes une valeur de 6°C à 850 hPa tandis que l’eau de mer est d’environ 17°C, soit une différence de 11°C, ce qui est normalement trop peu pour la formation des tourbillons.

    Mais, les chaudes journées précédentes ont surchauffé l’eau près des plages, qui atteint jusque 21°C, soit 15°C d’écart avec l’altitude. Le seuil est donc atteint pour que l’instabilité soit suffisante pour la formation d’une trombe proche des côtes. D’autant plus que la convergence des vents apporte des cisaillements en basses couches, générant des zones de rotations propices à leur genèse.

    Par la suite, la zone d’averses se propage vers l’intérieur des terres. Il est à noter qu’une cellule plus active engendre des inondations à Wiers (province de Hainaut) où des particuliers enregistrent des cumuls de précipitations compris entre 35 mm et 44 mm sur une heure. Ainsi, plusieurs habitations, caves et voiries se retrouvent sous eau.

    De plus, deux tornades de faible intensité se produisent sur le nord de la France à proximité de la frontière belge, plus précisément à Caëstre et Frévent. Finalement, la ligne s’affaiblit en abordant un axe Anvers-Bruxelles-Charleroi, avant de se réactiver quelque peu en fin de journée en abordant le sud du relief ardennais sur les provinces de Namur et de Luxembourg, avec quelques averses orageuses de faible intensité.